Mécène a écrit :
- la pornographie contemporaine (XIXe et XXe siècles): Sa fin, l'excitation sexuelle sur le sujet qui regarde, caractérise l'œuvre pornographique qui montre les actes sexuels.
- la "pornographie ancienne": Il s'agit de montrer, de peindre le travail de la prostituée (je reprends là l'étymologie du mot), montrer sans nécessairement chercher à susciter l'envie physique et l'excitation.
Ma question se situait donc justement entre les deux puisqu'elle s'intéressait à la première définition sur des œuvres anciennes, ou autrement dit, à l'excitation sexuelle comme but, dans la pornographie ancienne.
A mon sens, vous avez une vision bizarre de la pornographie, et vous faites une distinction qui n'a pas lieu d'être. La pornographie actuelle comme celle de la période antique, est une représentation destinée à l'excitation sexuelle du client qui paye pour cela une prostituée. Qu'il s'agisse d'un film "Gros nichons" ou d'une peinture Pompeienne, les actrices sont toujours des personnes rétribuées pour avoir une activité sexuelle et donner au consommateur ce qu'il désire.
Sinon, pourquoi peindre des représentations d'actes sexuels dans un lupanar ? A Pompéï, il y en a des tas (une recherche sur google vous en montrera plusieurs), qui ne sont pas des chefs d'oeuvres de la peinture ou de la mosaïque, loin de là, mais qui ont un rôle tout à fait physique. De même pour les coupes grecques dont Lord Akhen@ton nous montre un exemple assez célèbre : elles sont utilisées lors de banquets où la présence de courtisanes voire de prostituée est une obligation, et où la sexualité peut être un objet de conversations, cf. l
e Banquet de Platon.
Mais la représentation d'un acte sexuel n'est pas forcément la meilleure manière d'éveiller au désir. Les oeuvres érotiques, qui cachent plus qu'elles ne montrent, on t exactement le même but. Quand Philippe II commande au Titien et à d'autres vénitiens un cabinet de nus féminins, ce n'est visiblement pas, si on en croit la correspondance tout au moins, pour l'admiration de la peinture... Ce n'est pas par le but que vous pouvez distinguer érotisme et pornographie.
Que toutes les représentations d'actes sexuels ne soient pas pornographiques, voire pas érotiques, c'est aussi exact pour les périodes anciennes que pour les périodes contemporaines. Alceste a cité Pasonlini, on pourrait aussi élargir à une grande partie de l'art contemporain, par exemple à Louise Bourgeois.
Le problème, c'est que le désir et la sexualité (un peu comme l'humour, d'ailleurs) sont des éléments infiniment personnels et culturels, qui évoluent beaucoup au fil du temps. L'Aphrodite de Cnide de Praxitèle, le premier nu grec féminin, a entraîné très un nombre de légendes de copulations avec la statue, alors que les copies actuellement présentées dans les musées ne semblent pas susciter un grand émoi parmi les messieurs. Juger de ce qui peut provoquer une excitation sexuelle pour un Romain du Ier s. est très difficile, voire impossible, de nos jours.