Tonnerre a écrit :
(le livre de Marie-France Hirigoyen qui a fait date et ouvert la voie a une abondante littérature sur ce thème date de 98)
On peut considérer que ce livre va mettre sur la place publique quelque chose qui restait souvent confiné dans la sphère privée. Les gens souffraient en silence et n'osaient se plaindre. Même les syndicats avaient tendance à ne pas prendre en compte cette souffrance qui même souvent vers des dépressions, voire des suicides.
Voici l'avis du Conseil Économique et Social en 2000 sur le projet de loi :
http://www.conseil-economique-et-social.fr/presidence/publication/PU01-042.pdfCES a écrit :
Le harcèlement moral constitue une atteinte intolérable à la dignité et aux
droits individuels de la personne au travail.
Le travailleur peut se retrouver démissionnaire ou licencié et privé de ses revenus.
Son état de santé peut être gravement altéré et son avenir professionnel être compromis.
Seules, des dispositions législatives peuvent, compte tenu de la situation de subordination dans laquelle se trouvent les salariés dans l’exercice de leur activité professionnelle, permettre de prévenir et de sanctionner les situations de harcèlement moral.
Mais, dans les faits, très vite il est apparu que la loi ne résolvait pas grand chose. Elle permet d'intervenir dans les cas flagrants. Mais, comme je l'avais signalé plus haut, il s'agit souvent d'un sentiment, on se sent harcelé et le niveau de réaction est propre au vécu de chacun. Ainsi, dans la même situation, 2 travailleurs vont réagir différemment et ce sont ceux qui vont réagir le plus positivement (en changeant de métier parfois ou en donnant une nouvelle orientation à leurs carrières) qui s'en sortent le mieux.
Plusieurs livres, écrits par des chercheurs ou des médecins du travail pointent les limites de la loi. Tel que celui-ci :
Citer :
Malgré le succès du thème du harcèlement moral, nous constatons que, dans la plupart des cas, les victimes perdent leur travail, présentent des séquelles traumatiques et n’obtiennent pas réparation devant les tribunaux. Nous sommes ainsi conduits à mettre en question ce modèle interprétatif. Parce qu’il fait l’impasse sur les dilemmes et conflits de l’organisation du travail. Parce qu’il oriente le débat social dans l’entreprise vers des formes dégradées en y introduisant une catégorie – celle de pervers narcissique – dont la légitimité se limite au champ de la clinique psychiatrique. Parce qu’il propose à la victime une interprétation qui la coupe de son histoire et de sa communauté.
http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=TRAV_011_0083Mais, si on reste dans un cadre historique, on peut se poser la question de la raison pour laquelle il a fallu tellement de temps pour que la question soit posée sur la place publique. Car, comme on la signalé, les situations décrites correspondent à des situations qui ont existé de tous temps. De plus, dans la plupart des affaires qui arrivent devant les tribunaux, s'il y a souvent un grand harceleur en chef, il est souvent secondé par tout ou une partie importante de son service ou de son atelier qui le suit dans ses agissements. Or, souvent, ces harceleurs en second ont le pouvoir de faire cesser les vexations, simplement en refusant d'y participer.