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Message Publié : 12 Nov 2011 11:01 
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Hérodote
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Inscription : 26 Mars 2011 23:57
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Déjà, il faut changer le titre. On ne peut dire la libération de LA femme.
Les revendications féministes qui ont eu le plus de porté au XXe siècle étaient celles qui se battaient contre toute forme d'essentialisme. A savoir, LA femme, à proprement parler, n 'existe pas. Etre femme en société n 'est pas l'expression d'une nature pré-existant la culture. La condition des femmes est une pure fabrique sociale et politique et qui se décline de tant de façons différentes ( être femmes riches, blanches, hétéros ou femmes ouvrières, lesbiennes, noires ( black feminism) ) et par conséquent il n 'existe pas de féminité, de genre féminin avant toute condition sociale. Ce sont les conditions économiques, politiques qui façonnent le devenir féminin de façons multiples et dessinent des enjeux différents pour les femmes en fonction de leur situation.

Ensuite, oui, énormément de sociétés ont asservi la sexualité des femmes, mais il n'en résulte aucunement d'une nature. Les théoriciennes féministes des années soixante dix, dites féministes matérialistes, d'inspiration marxiste, se sont réapproprié Beauvoir pour comprendre qu'au final, l'hétérosexualité, la différence des sexes, étaient des régimes politiques. ( Monique Wittig ) qui fabriquent des personnes définies par leur sexe comme s'il s'agissait là d'un trait physique irréductible; alors que, d'une part, il y a d'autres traits physiques, d'autres différences que le système hétérosexuel ( " la pensée straight" ) ne souligne pas. Il n'y a donc aucune raison, pour ces féministes, de classer les gens en fonction de leur sexe, si ce n 'est pour servir l'économie hétérosexuelle ( contrainte à la reproduction, confiscation de cette reproduction considérée comme travail ) de laquelle il faut se défaire.

L'une des revendications de l'époque est donc d'abolir la catégorie de sexe. Vous voyez, Méabh, qu'il n 'est nullement question de ressembler à des hommes ou pas. En effet, pour des féministes comme Delphy, le but est d'abolir la domination sexuelle, si les hommes sont les dominants et qu'ils sont voués à ne plus l'être, alors personne ne leur ressemblera, puisqu'ils ne seront plus (politiquement parlant, cela va sans dire ).

Au sujet de la sexualité, vous avez des textes et des travaux très intéressants pour comprendre son mécanisme rédigés par des féministes américaines. La féministe juriste , Catharine MacKinnon voit dans la sexualité la façon par laquelle les hommes n'ont de cesse de rappeler aux femmes qu’elles sont subordonnées. En fait, par l'acte sexuel, on rappelle la soumission et la place que doit prendre une femme dans la société. Elle suggère donc aux féministes de se libérer DE la sexualité et d'en faire un véritable objet d'étude du féminisme. " la sexualité est au féminisme ce que le travail est au marxisme, la seule chose qui vous est propres et qui, pourtant, vous est le plus dépossédée. "

C'est donc qu'il y a un lien presque irréductible à penser le genre (système de bi catégorisation en fonction du sexe ) et la sexualité).


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Message Publié : 12 Nov 2011 11:37 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
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La féministe juriste , Catharine MacKinnon


A lire aussi sur ces questions, les livres d'Andrea Dworkin.


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Message Publié : 12 Nov 2011 14:36 
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Georges Duby
Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Localisation : Montrouge
Dans les 3 ouvrages cités, deux parlent essentiellement du sexe, un 3è, celui de Beauvoir, traite d'une manière beaucoup plus large de la condition féminine et préconise le controle des naissances et le travail des femmes comme priorités, aucunement le sexe débridé. Le sexe est pour Beauvoir un petit aspect du statut de la femme et probablement pas le remède à son problème "existentiel".
Le débat s'ouvre donc sur la garçonne, le sexe comme moyen de venger la dignité d'une femme qui découvre qu'elle est trompée, un petit aspect du grand débat féministe de l'époque, pour s'élargir avec Beauvoir qui livre une analyse exhaustive (voir sur wiki) de la condition féminine, et enfin revenir d'une manière plutot décevante au sexe banalisé dont Millet croit qu'il affranchit en abolissant la distinction homme-femme. On revient à la garçonne, l'amour libre. Il est vrai que le controle des naissances s'est entretemps imposé, tout comme le travail des femmes. Il reste pourtant du chemin à faire dans les esprits pour la condition de la femme, mais Millet n'appartient pas à ce débat, elle n'en est en aucun cas la conclusion.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 12 Nov 2011 20:06 
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Jean Mabillon
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Inscription : 16 Jan 2010 19:18
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Certaines avaient déjà pensé à la vengeance contre la société masculine après l'hécatombe de 1914/18...Des mères dans ma famille paternelle ont élevé leurs filles dans le refus du mariage, leur disant :pas d'obligations de relations de couple;des amants :oui autant que vous pouvez ou voulez.....des maris ,des enfants :non car même si vos relations sont bonnes l'état vous les enlèvera....Ayez des carrières,gagnez votre vie...comme des hommes....Les filles ont suivi les conseils....certaines avaient beaucoup de succès masculins car fort jolies,d'autres se sont tournées vers des filles................mais le résultat a été à la mesure de leurs espérances : ma famille paternelle a été anéantie :je suis le dernier à porter le nom tombé en déshérence.....


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Message Publié : 12 Nov 2011 20:54 
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Jean Mabillon
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Inscription : 16 Jan 2010 19:18
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Tombé en déshérence bien sur car les frères de mon père sont morts à la guerre,les femmes ne transmettent pas le nom...leurs enfants auraient cependant été de la famille....mais là,c'est le désert le plus total.....


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Message Publié : 12 Nov 2011 21:18 
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C'est une histoire très étonnante. Un effet inattendu de la Grande Guerre.

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Message Publié : 13 Nov 2011 9:35 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Localisation : Montrouge
Aristophane a traité la condition de la femme dans "Lysistrata" (grève du sexe pour terminer la guerre que se font les hommes) et "l'assemblée des femmes" qui décrète que toutes les femmes ont un droit à l'amour et pas seulement les plus belles, en posant le principe: "J’entends que toutes les femmes soient communes à tous les hommes, et fassent des enfants avec qui voudra."

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Message Publié : 13 Nov 2011 12:25 
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Jean Mabillon
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Inscription : 16 Jan 2010 19:18
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Oui; mais dans ce cas la fonction procréatrice avait été préservée,dans mon cas très particulier le sexe est préservé mais n'est plus procréateur ç ' est beaucoup plus radical....Je me suis d'ailleurs toujours demandé si il y avait eu concertation....au sein d'une même famille c'était fort possible : ça touchait 2 générations....


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Message Publié : 14 Nov 2011 17:36 
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Je me demande ce que recouvre cette libération sexuelle. C'est celui des femmes d'une certaine classe sociale, me semble t'il. Sous le second empire, les femmes ouvrières à Paris avaient une certaine liberté sexuelle et le concubinage était monnaie courante, ce qui était invraisemblable dans la bourgeoisie.

Alors, c'est quoi la libération sexuelle ? Celle de la bourgeoise ?

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Message Publié : 14 Nov 2011 20:21 
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Jean Mabillon
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Je me suis aussi posé la même question...je me demande si finalement cette libération ne va pas de pair avec l'indépendance ou l'autosuffisance financière...


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Message Publié : 15 Nov 2011 6:07 
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Localisation : Région Parisienne
Sir Peter a écrit :
Je me demande si finalement cette libération ne va pas de pair avec l'indépendance ou l'autosuffisance financière...



Il y a de ça, avec l'apparition de la contraception orale.

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Message Publié : 15 Nov 2011 12:41 
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Hérodote
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Les féministes marxistes ne tergiversent pas une seconde à ce sujet;
le mariage et la famille nucléaire monogamique ne sont apparus que lorsque les hommes ont voulu transmettre leur propriété privé à une descendance incontestable.

Bien que le capitalisme, si l'on peut dire, ne soit pas pour rien dans la subordination des femmes: l'état n 'existe que pour légitimer la propriété privée et la famille pour faire en sorte qu'elle ne reste qu'entre les mains d'une caste. Il n 'en demeure pas moins qu'il est très complexe d'expliquer la subordination des femmes pour des causes économiques et donc de supposer, en opposition , que l'indépendance économique constituerait leur libération.

Il existe maintes sociétés dans lesquelles il n'y a ni état ni capitalisme presque pas de famille nucléaire comme nous les connaissons chez nous et pourtant les femmes y sont subordonnées. Ou encore, des sociétés au sein desquelles il faut faire faire à son imagination une gymnastique abracadabrantesque pour y trouver une économie basée sur la propriété privée mais dans lesquelles les femmes sont collectivement violées s'il elles enfreignent des tabous .

Pour ma part, on ne peut réduire ( bien qu'il faille l 'inclure ) la subordination des femmes à l'économie. Pour ce qui est de l 'adultère, elle est monnaie courante partout, dans toutes les classes sociales, le code napoléonien n'a rien pu faire pour s'en débarrasser .


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Message Publié : 15 Nov 2011 16:49 
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Mmoui, les marxistes sont souvent simplistes. Il existait des familles monogamiques qui n'avaient rien à transmettre.

Et les Romains étaient de féroces capitalistes, comme chacun sait, et c'est pour cela qu"ils ont inventé le pater familias. La condition de la femme romaine, totalement subordonnée à son père, puis à son mari, c'est de la faute au capitalisme.

Il faudrait peut être arrêter de tout penser en terme économique et en termes binaires exploité/exploiteur, c'est faire fi des sentiments humains.

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Message Publié : 15 Nov 2011 17:30 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 16 Jan 2010 19:18
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On utilisait depuis fort longtemps aussi les vertus abortives bien connues de certaines plantes,mais ce n'était pas forcément gratuit ,tout comme certains médicaments pas plus d'ailleurs que les avortements à l'étranger ou les achats,les poses de diaphragmes et les crèmes spermicides des années 60...


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Message Publié : 31 Mai 2012 10:12 
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Hérodote
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D'après l'historien démographe Emmanuel Todd, la liberté sexuelle des femmes n'a que peu évolué depuis la fin du moyen âge en France. A noter que les comportement sont quasiment inversés suivant plusieurs axes :
géographique : le centre de la France (bassin parisien et autour) est libertaire, alors que le sud, l'est et une partie de l'ouest est plus rigide
sociale : dans ce centre parisien, les hautes classes ont (ou plutôt avait d'après moi) la même rigidité que les régions périphériques de la France.
Comme toujours chez cet auteur, cette étude est secondaire dans son oeuvre car elle ne sert qu'à appuyer sa théorie sur les structures familiales. Elle est donc assez peu détaillée. De plus elle est basée sur l'âge au mariage, le nombre de célibataires, et autres facteurs indirects plutôt.


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