Bonsoir, voilà ce qu'on peut lire p 375 du Journal des Sçavans 1666 (disponible sur Gallica) :

"Hippocrate a parlé si diversement du terme de l'accouchement des femmes, qu'il semble se contredire en plusieurs endroits. Mais l'auteur de ce livre entreprend de concilier toutes ces contradictions apparentes, et de montrer quel est le véritable sentiment de ce grand Homme sur ce sujet. Il prétend que le terme le plus court de l'accouchement naturel, suivant le sentiment d'Hippocrate, est de 182 jours, ou de six mois entiers et complets ; que le plus long est de 280 jours ou de neuf mois entiers et dix jours, et que les enfants qui viennent devant ou après ce terme ne vivent point ou ne sont pas légitimes. Il semble que cette opinion soit contraire à loi qui déclare qu'un enfant peut naître onze mois après la mort de son père. Mais cet auteur répond que cette loi se doit entendre d'onze mois en contant la fin du premier mois et le commencement de l'onzième, et non pas d'onze mois entiers et accomplis."

Jusqu'à quand la durée du terme continue t-il de faire débat ? Je suis étonné que ce soit encore une question au XVIIème siècle.
Quelle loi est mentionnée ici ? Et y'a t-il un rapport entre la loi et la volonté de préserver la légitimité d'enfants, ou l'honneur de leur père, qui aurait été bâtards avec une perception plus court de la durée normal d'un terme ?

Merci d'avance

C'est ce qu'on appelait le délai de viduité. Jusqu'en 2004, il était interdit aux veuves et aux divorcées de se remarier avant un délai de trois cents jours, le de cujus ou le divorcé étant présumé père de l'enfant durant ce délai. Un certificat médical pouvait raccourcir ce délai.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Cette question au 17e siècle n'est pas très étonnante, car c'est une époque où les société savantes se développent, notamment dans le nord de l'Europe, et c'est une époque où des rumeurs fantaisistes circulent, alimentées par les propos de personnes faibles d'esprit ou d'escrocs..

Le sujet de la durée de la grossesse est, par exemple, étudiée par Nicolas Peiresc en 1603, et avant par Antonio Saporta, comme le rapporte son biographe Pierre Gassendi : "Dortoman lui [Peiresc] rendant certain jour visite alors qu'il était malade et se voyant demander pourquoi cette fois il venait plus tard qu'à l'accoutumée, lui répondit qu'il arrivait d'une consultation digne d'être retenue, auprès d'une femme de Beaucaire qui en était alors au vingt-troisième mois de grossesse. A nouveau mariée, après avoir, de sa première union, connu plusieurs parturitions de neuf mois ; de la suivante, trois, une de onze mois, une seconde de quatorze mois, mais une troisième de dix-huit. Du fait des dangers des accouchements antérieurs il conjecturait qu'elle courait un risque très grave d'un quatrième, et qu'elle devait consulter des médecins pour savoir si elle pouvait s'en sortir. Je me souviens d'avoir objecté ceci : il fallait vérifier si ce n'était pas la même femme dont il n'y a pas si longtemps A. Saporta et d'autres médecins, à l'occasion d'un phénomène semblable, avaient conclu qu'elle n'était pas tout à fait saine d'esprit. Il affirma que c'en était une autre, ajoutant qu'elle accoucha peu de temps après d'un enfant aux longs cheveux, pourvu de dents ; et il avait obtenu de son mari que cela ne se renouvelât plus."

Vous voulez dire en France?

Oui.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)