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Message Publié : 23 Nov 2012 12:44 
L'esclavage est apparu avec le développement des systèmes étatiques. Le poids respectif des différents types d'exploitation, esclavage, servage1 , salariat, variait suivant le contexte politique, militaire, social, économique. Ils faisaient partie des formes de hiérarchie sociale  voire des modalités de traitement des étrangers , au même titre que le système des castes en Inde. En Occident l'esclavage est apparu à Sumer, au Vème millénaire avant JC. Chez les Grecs et les Romains, il s'est développé jusqu'à constituer une large part de l'assise productive2 .

Ni l'Ancien Testament, ni le Nouveau3 , ni le Talmud 4, ni le Coran n'ont dénoncé l'esclavage. La théorie de l’esclavage selon Saint Paul et la légende de Cham5 constitueront la doctrine officielle de l’Église catholique romaine jusqu'au XIXème siècle. Tant Saint Augustin que Saint Thomas d’Aquin défendront l’esclavage comme étant institué par Dieu en punition du péché6 . Pour tirer profit de la traite, les papes autoriseront et approuveront l’esclavage des sarrasins par les Portugais7 , puis la traite des Noirs, dont ils furent complices et bénéficiaires. Ni Calvin ni Luther ne dénonceront l'esclavage. En 1688 Bossuet déclarera : "Condamner cet état, […] ce serait condamner le Saint-Esprit, qui ordonne aux esclaves, par la bouche de saint Paul, de demeurer en leur état, et n'oblige point leurs maîtres à les affranchir."8 Sous réserve de pouvoir les baptiser lors de leur embarquement, les missionnaires ne s'opposeront pas à la mise en esclavage des Africains. Le Congrès de Vienne prononcera en 1815 la condamnation internationale de la traite des Noirs, mais le Vatican ne s'y rallia qu'en 18399 , sans que cela empêche d'ailleurs Pie IX de déclarer en 1866: "L'esclavage, en lui-même, n'est dans sa nature essentielle pas du tout contraire au droit naturel et divin, et il peut y avoir plusieurs raisons justes d'esclavage." 10

Si le mode de production esclavagiste  dans lequel les esclaves constituent le plus grande part de la force productrice , a disparu avec l'effondrement de l'Empire romain  son maintien supposait un état fort , l'esclavage se maintint longtemps en terre chrétienne : jusqu'au XIIIème siècle en Angleterre, au XIVème dans le Nord de la France et en Allemagne, au XVIème dans le Sud de la France, au XVIIIème en Prusse et en Russie11 . En Italie et en Espagne, l'apogée de l'esclavage se situe au XVème siècle. Les esclaves sont pour l'essentiel d'origine Maure ou Slave, ou des enfants abandonnés ; les Noirs n'apparaissent qu'à partir du XVème siècle. La traite des Noirs par les Européens aurait touché 11 millions de personnes, par les Arabes 17 millions 12. Hors d'Europe, l'esclavage perdura jusqu'au XIXème siècle, avec la tolérance voire la complicité de l'Eglise. Il persiste de nos jours dans certains pays musulmans13 .

Les premières tentatives abolitionnistes datent du VIème siècle av. JC, avec Solon à Athènes, Zoroastre en Perse, Cyrus à Babylone15 . Dans le monde hébraïque les Esséniens (IIème et Ier siècles av. JC.) condamnaient l'esclavage. Sénèque, sans pour autant condamner l'esclavage, développera l'idée selon laquelle aucun homme n'est esclave "par nature". Malgré quelques décrets royaux15 ou ecclésiastiques 16 , l'esclavage se maintint dans l'Europe chrétienne jusqu'au XVIIIème siècle. Dans les colonies le Code Noir, publié sous Louis XIV dans le but explicite "de maintenir la discipline de l’église catholique, apostolique et romaine", réglait la vie des esclaves, prescrivait leur baptême, ordonnait l'expulsion des Juifs. Il ne fut abrogé qu'en 1848. Il ne suscita l'opposition ni des théologiens ni des philosophes. L'apogée de la traite des Noirs eut lieu au siècle Voltaire , Rousseau, D'Alembert, qui restèrent d'une grande discrétion sur la question.

Une condamnation en bonne et due forme de l'esclavage ne verra le jour qu'à la fin de XVIIIème siècle chez des auteurs surtout anglo-saxons17 . La première mise hors la loi de l'esclavage interviendra dans l'état américain du Vermont en 1777. En France c'est par la Révolution que l'esclavage dans les colonies fut aboli, en 1794 ; rétabli en 1802 par Napoléon, il ne fut définitivement aboli que par la Révolution de 1848. Aux Etats-Unis, l'abolition de l'esclavage fut l'enjeu de la guerre de Sécession (1861-1865).

Dans l'Empire Romain les esclaves avaient constitué une part très importante18 de la force productive dans l'agriculture, les travaux publics, les mines. La ressource, assurée par les prisonniers de guerre, se tarira avec la fin des guerres de conquête. Durant tout le Moyen Age la raréfaction de l'offre et les difficultés de contrôle de cette main d'œuvre conduiront à son remplacement progressif par le servage : "le maître a tout à y gagner : au lieu d'avoir à nourrir tout au long de l'année une main d'œuvre dont l'utilité, liée au rythme des travaux agricoles, est surtout saisonnière, il peut abandonner à ses paysans le soin de se nourrir eux-mêmes"19 . Lorsque la chute de Constantinople (1453) et la fin de la Reconquista (1492) fermeront les principales routes d'approvisionnement en Slaves et en Maures, l'Afrique prendra progressivement la relève. A partir du XVIIIème siècle, la montée du nationalisme européen s'accommoda mal de l'esclavage à l'intérieur territoire national, car tout processus d'intégration politique et sociale s'opposait à l'asservissement des membres du groupe, considérés comme des "insiders"; en revanche elle favorisait la désignation d'un "Autre", extérieur à la communauté,  les "outsiders"  pour jouer le rôle de l'esclave. Il y eut ainsi concomitance entre la disparition de l'esclavage en Europe et son développement dans les colonies.

Le travail salarié finit par apparaître à des économistes comme Adam Smith, David Hume, Benjamin Constant, Quesnay, Condorcet "comme une solution à la fois moins coûteuse et moins compliquée à mettre en œuvre". Globalement, "la fin de l'esclavage n'est en rien due à des considérations d'ordre moral ou religieux, pas plus que le rôle de la chrétienté n'est davantage déterminant, paralysée qu'elle était par ses positions sur le sujet, mais bien à des considérations d'ordre économique et financier." 20

1. Le maître a un lien direct avec l'esclave, un droit de propriété, le serf a un lien indirect avec le seigneur, qui passe par la terre. Le seigneur possède la terre, et par là dispose de la main d'œuvre des serfs qui y sont attachés. Mais il n'a pas un droit de propriété direct sur ceux-ci et ne peut les vendre, la tenure héréditaire accordant le droit au serf et à sa descendance de vivre sur la terre qu'il travaille.
2. Cf. Aldo Schiavone, L'histoire brisée, op. cit..
3. "Esclaves, obéissez à vos maîtres d’ici-bas avec crainte et tremblement, en simplicité de cœur, comme au Christ." Paul, Epître aux Ephésiens 6,5-6. Aux Corinthiens, il recommande « que chacun demeure dans l'état où l'a trouvé l'appel du Christ. Étais-tu esclave lors de ton appel? Ne t'en soucie pas... Mets plutôt à profit ta condition d'esclave » (1 Co 7,20-21).Cf. aussi Première Epître à Timothée 6,1-2, Epître à Tite 2,9-10, Première Epître de Saint Pierre 2,18-25, etc.
4. L'esclavage selon la Bible et le Talmud, Zadoc Kahn, Louis Guérin, 1867
5. Cham ayant aperçu son père, nu et passablement éméché, se serait moqué de lui, et à son réveil, furieux, Noé aurait maudit Canaan (le fils de Cham) pour être, à l'égard de ses frères, l'esclave des esclaves. Puis les descendants de Cham, devenus noirs, se seraient dispersés et auraient peuplés l'Afrique. Il semblerait que l’idée d’assimiler les africains aux descendants maudits de Cham, condamnés à n’être que des esclaves, soit le fait de théologiens musulmans a partir de textes de la Bible, mais aucun texte coranique ne traite de la malédiction de Cham, ni de la justification de l'esclavage des noirs, fondée sur celle-ci.
6. Dans sa fougue apologétique fort peu scrupuleuse, Rodney Stark (cf. Cf. Annexe 19, Quelques auteurs attribuant au monothéisme ou au christianisme l'origine de la science moderne, p. 331) confondra "péché" et "châtiment du péché" de façon à pouvoir affirmer : "Saint-Thomas d’Aquin conclut que l'esclavage était un péché […] Se fondant sur l'immense autorité donnée à Aquin par l'Église, la position officielle était donc que l’esclavage était un péché." disponible sur <http://v.i.v.free.fr/pvkto/esclavage.html>
7. Cf. entre autres la bulle Romanus Pontifex (Nicolas V, 1455).
8. Bossuet, Avertissements aux protestants, 5e avertissement, § 50. (Œuvres complètes, t. 3, 1879, p. 610.
9. Constitution In supremo apostolatus fastigio édictée par Grégoire XVI (1831-1846).
10. Instruction du Saint-Office du 20.06.1866.
11. Cf. par exemple :
 Une histoire de l'esclavage, Christian Delacampagne, Le Livre de Poche, 2002,
 L’esclavage et la traite des noirs, Dominique & Paul Mariottini, disponible sur http://dp.mariottini.free.fr/esclavage/role-eglise/eglise-influence.htm. Voir aussi:
 L’Église et l’esclavage, Patricia Gravatt, L’Harmattan, 2003,
 Les papes et l'esclavage des Noirs - Le pardon de Jean-Paul II, Jean Mpisi, L'Harmattan, 2008,
 Du servage au salariat agricole dans l'Europe des paysans du Moyen Age, Pierre Piégay, L'Harmattan 2011,
 The Problem of Slavery in Western Culture, David Brion Davis, Oxford University Press, 1988
 <http://www.womenpriests.org/fr/teaching/slavery1.asp>,
 <http://www.herodote.net/histoire/synthese.php?ID=412>
 < http://col-r.verges.ac-reunion.fr/old_C ... /Eg158.htm>
12. D'après Guy Rachet, op. cit.
13. L'esclavage en terre d'islam, Un tabou bien gardé, Malek Chebel, Fayard, septembre 2007.
14. "J'ai libéré tous esclaves" figure en toutes lettres sur le Cylindre de Cyrus.
15. 1315 en France (Édit de Louis X le Hutin), 1526 dans l'empire des Habsbourg, sous Charles Quint.
16. 1537 : Bulle Sublimis Deus.
17. Francis Hutcheson (1755), George Wallace (1760), John Miller (1771), une communauté Quaker de Philadelphie (1759). En France l'abbé Raynal (1770), Louis Sébastien Mercier (1771), Bernardin de Saint Pierre (1773).
18. Des travailleurs manuels libres existaient également, mais en quelle proportion ? Cf. Esclavage antique et rentabilité économique, in J. Andreau et H. Bruhns, Sociologie économique et économie de l’Antiquité, A propos de Max Weber, Cahiers du Centre de Recherches Historiques, n° 34, octobre 2004.
19 Cf. Christian Delacampagne.
20 Cf. Pierre Piégay et David Brion Davis

PS: merci pour la prochaine fois de bien vouloir m'indiquer comment copier ici un texte Word avec ses notes sans avoir besoin de les coller "à la main"?


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Message Publié : 23 Nov 2012 12:52 
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Pierre de L'Estoile
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L'esclavage est apparu avec le développement des systèmes étatiques

Euh vous frappez fort d'entrée ! L'esclavage a besoin d'une structure étatique ? C'est un test du lecteur ? Je ne savais que la servitude se devait d'avoir un état. Aviez vous un état dans les tribus africaines qui pratiquaient l'esclavage ? Même question pour le indiens d'Amérique du Nord.

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Message Publié : 23 Nov 2012 14:10 
Isidore a écrit :
Citer :
L'esclavage est apparu avec le développement des systèmes étatiques

Euh vous frappez fort d'entrée ! L'esclavage a besoin d'une structure étatique ? C'est un test du lecteur ? Je ne savais que la servitude se devait d'avoir un état. Aviez vous un état dans les tribus africaines qui pratiquaient l'esclavage ? Même question pour le indiens d'Amérique du Nord.

Merci de critiquer. C'est ce que je crois avoir lu, chez Delacampagne sans doute? Il faudrait que j'y retourne. L'idée dont je me souviens est que l'esclavage nécessite un appareil puissant pour se maintenir.


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Message Publié : 23 Nov 2012 14:17 
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Eginhard
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Réponse impossible à la question de départ car encore une fois on essentialiste les religions comme s'il y avait un christianisme figé de toute éternité, avec une vérité (le christianisme est pro/anti esclavage) qu'une masse de preuves valident. Les uns opposeront saint Paul...à saint Paul. On peut aussi bien avoir Las Casas (qui n'a pas la même vision pour les Indiens que pour les Noirs) que Sépulveda. Ce n'est pas à nous de dire lequel est le plus chrétien, le plus près de la vérité religieuse. Ce n'est pas historique, c'est théologique (mais c'est souvent le défaut des adversaires de la religion : ils ont du mal à sortir des catégories de l'adversaire). Bref, un historien est incapable de dire ce que le christianisme pense de l'esclavage. Il parlera de l'attitude des chrétiens. On en trouve que leur foi transforme en abolitionniste sincère (les Quakers) d'autres qui ont moins de scrupules (les congrégations féminines des Antilles ont eu des esclaves jusqu'en 1848 par exemple).
Cela me dépasse que l'on imagine que le christianisme d'Origène, de Jeanne d'Arc, de Livingstone ou de l'abbé Pierre soit le même reflet d'une réalité inaltérable, insensible aux mutations sociales, politiques intellectuelles. C'est vraiment installer une vérité en dehors de l'histoire humaine.
Bref, tant qu'aucune période historique précise n'est associée à cette question, elle est nulle et non avenue.

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Message Publié : 23 Nov 2012 14:18 
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Jean Mabillon
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L'esclavage est apparu avec le développement des systèmes étatiques.


Pas du tout, l'esclavage existe dans des populations primitives organisées en structures tribales , peu nombreuses, fonctionnant en économie de chasse/cueuillette, et très loin de tout système étatique.
On sait que l'esclavage existait en Afrique noire avant l'arrivée des Européens, dans une variété de groupes ethniques, et chez les Indiens d'Amérique du Nord et du Sud, généralement basé sur le même fonctionnement fondamental : après un affrontement armé avec un autre groupe, les vainqueurs emmènent les vaincus et les utilisent comme esclaves.


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Message Publié : 23 Nov 2012 14:30 
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Pierre de L'Estoile
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En tout cas argument complètement rendu inopérant par les deux exemples que je vous cite.
Une tribu africaine un état ? Sincèrement...

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Message Publié : 23 Nov 2012 14:32 
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Eginhard
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Il suffit déjà de lire Le Banquet des sophistes d'Athénée de Naucratis pour comprendre également que l'esclavage recouvre des éléments très divers, ne serait-ce qu'à l'époque antique. Il monte bien tous les gradients de la dépendance qui font entrer en esclavage. C'est pourquoi avec des questions si larges, on n'arrive à rien. Il faudrait au moins limiter le sujet à l'esclavage-marchandise dont parle Aristote.

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Message Publié : 23 Nov 2012 14:39 
calade a écrit :
tant qu'aucune période historique précise n'est associée à cette question, elle est nulle et non avenue.

Bien sûr, en principe vous avez raison, mais n'est-ce pas un peu comme dire: impossible de décider que Marx s'est trompé car chaque régime communiste est un cas particulier ? La question n'est d'ailleurs pas de savoir si le christianisme est responsable de l'esclavage (ce n'est évidemment pas lui qui l'a inventé!) mais l'Eglise catholique et romaine a-t-elle été l'acteur déterminantde la fin de l'esclavage? Comme on peut attribuer la séparation de l'Eglise et de l'Etat à ... d'autres forces que l'Eglise ?


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Message Publié : 23 Nov 2012 14:43 
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Pierre de L'Estoile
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Citer :
l'Eglise catholique et romaine a-t-elle été l'acteur déterminantde la fin de l'esclavage?
Chritianisme ou catholicisme faudrait être clair...

Citer :
Comme on peut attribuer la séparation de l'Eglise et de l'Etat à ... d'autres forces que l'Eglise ?
Problématique un tant soit peu pas claire...

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Message Publié : 23 Nov 2012 14:53 
[quote="Isidore"]Il faudrait être clair...[quote]
La critique est utile, mais aisée...


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Message Publié : 23 Nov 2012 14:59 
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Pierre de L'Estoile
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JPCC a écrit :
Isidore a écrit :
Il faudrait être clair...
Citer :
La critique est utile, mais aisée...


Oui mais elle fait partie du jeu quand on publie.

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Message Publié : 23 Nov 2012 14:59 
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Eginhard
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Je suis aussi d'accord pour ne pas jeter Marx avec les démocraties populaires... Même si on se trouve ici dans un contexte beaucoup moins large historiquement que le christianisme, et une certaine proximité entre Marx et ses épigones. Mais les léninistes ne sont pas les seuls à se réclamer du marxisme : Guy mollet aussi au congrès de la SFIO de 1946 qui devait arbitrer entre lui et Blum ! Encore une fois, l'historien ne décerne pas des brevets de bon marxisme ou de bon catholicisme au vue d'une verité qu'il connaîtrait. Le débat christianisme/esclavage n'en est pas moins légitime mais il faut au moins séparer l'antiquité tardive et la période moderne pour y voir qq chose.

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Message Publié : 23 Nov 2012 17:14 
Isidore a écrit :
Oui mais elle fait partie du jeu quand on publie.

Et je la sollicite
Mais
1. Puis-je vous demander de poursuivre votre lecture critique
2 La question est : le christianisme est-il le responsable de la disparition de l'esclavage en Europe et dans ses colonies, depuis les premières mesures abolitionnistes au Moyen Age jusqu'à la fin du XIXème. La question des tribus africaines, pour légitime qu'elle soit, ma parait donc secondaire, même si mon introduction maladroite l'y a introduit
3 Par "le christianisme" j'entends soit de grands acteurs ou institutions ayant exercé un rôle déterminant dans le processus d'extinction de l'esclavage et motivés dans cette action par les valeurs et les enseignements chrétienes, soit des causes portées par des acteurs diffus mais relevant là aussi de l'impact des valeurs chrétiennes sur les mentalités
4 Par responsable j'entends que si les causes premières sont d'ordre économique et si les acteurs agissant au nom des valeurs chrétiennes sont isolés ou ne s'y joignent que tardivement, ils ne sauraient en être tenus pour responsables

PS: ci-joint une recension de Une Histoire de l'esclavage, de L'Antiquité à nos jours, (C Delacampagne n'est que philosophe à la John Hopkins University: pourra-t-il trouver grâce sur ce forum d'historiens?) http://www.scienceshumaines.com/l-escla ... _2930.html


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Message Publié : 23 Nov 2012 18:25 
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Jean Mabillon
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Je n'ai pas lu le livre de Delacampagne, et cette recension, aux forts relents de repentance masochiste et baignant dans un moralisme larmoyant, ne donne pas envie de le lire.
Tout texte général sur l'esclavage qui n'aborde que la traite occidentale, et ignore ou glisse légèrement sur la pratique de l'esclavage dans d'autres cultures, comme cela semble être le cas ici, relève d'une approche idéologique ne visant qu'à désigner --culturellement--des bons et des méchants et ne peut pas apporter d'éléments sérieux au débat historique.
Et qu'y a t'il besoin, dans le commentaire d'un texte universitaire, de répéter 36 fois, comme un mantra, que l'esclavage, c'est mal?
On le sait, personne n'en doute. Alors, quel est l'enjeu d'un tel ressassement de truismes?
La pauvreté intellectuelle de cette analyse apparait aussi dans l'étonnement douloureux de l'auteur face à la non-condamnation de l'esclavage par les penseurs des Lumières.
On a déjà signalé ici l'anachronisme d'une telle critique.
Toute personne ayant un minimum de bagage en matière d'histoire politique sait aussi que les mouvements de libération menés par telle ou telle classe ou groupe--ici, la bourgeoisie--n'ont jamais visé autre chose que la libération de la classe qui les propose et s'accommodent fort bien du maintien de l'oppression des autres catégories.
Les mouvements de libération des peuples colonisés n'ont jamais proposé que la libération de certains peuples, à l'exclusion de certains autres; une fois cette libération obtenue, les avocats de la liberté pour leur groupe arrivés au pouvoir s'emploient habituellement à opprimer les autres groupes minoritaires.
Les idéologues bourgeois des Lumières ne se sont pas non plus beaucoup préoccupés des droits des classes populaires de leurs pays respectifs. ET dans tous ces mouvements, les libertés qui étaient revendiquées au nom des droits naturels étaient réservées exclusivement aux individus de sexe masculin.
Ce qui est révélateur d'une certaine mode contemporaine de l'indignation sélective, c'est que seule la non-condamnation de l'esclavage paraisse poser problème aux yeux de l'auteur de cet article , alors que la non-condamnation par les penseurs des Lumières d'autres systèmes d'oppression en vigueur à l'époque considérée, aussi féroces et portant sur d'autres catégories de population, ne lui en pose pas.


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Message Publié : 23 Nov 2012 19:29 
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Pierre de L'Estoile
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Je pense que la querstion est mal posée
l'arrêt de l'esclavage fait suite à la chute de l'empire à l'ouest. En orient on a toujours des esclaves (les eunuques par exemple) ainsi que plus tard en terre d'islam.

C'est plutot un changement de civilisation : on passe d'une organisation en Ville et en Villae avec des esclaves contre une organisation plus fragmentée en village avec des collons puis des serfs.
La grande différence avec l'esclavage c'est qu'un serf est "libre" d'assurer sa survie en cultivant la terre sur laquelle il est fixée, qu'il a le droit de se reproduire (mariage) et surtout qu'il a une âme puisqu'il faut partie de la communauté des chrétiens.

(A partir du moment ou l'esclave devient chrétien ou musulman son statut change t'il ?)

La structure sociale se fragmente et se privatise. Les abbayes qui reprennent l'organisation des villae ne sont pas particulièrement esclavagiste. De plus les francs, les goth et les nordiques répugnent à l'utilisation domestique d'esclaves même s'il participent activement à la traite des slaves vers Byzance ou Damas (le centre de Verdun en particulier).

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Lietz her heidine man. Obar seo lidan.
Thiot urancono. Manon sundiono.
(Il permit que les païens traversassent la mer, Pour rappeler aux Francs leurs péchés)


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