Nous sommes actuellement le 27 Avr 2024 15:30

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 9 message(s) ] 
Auteur Message
Message Publié : 12 Fév 2013 21:24 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque

Inscription : 04 Jan 2013 23:22
Message(s) : 172
Localisation : Nanterres
j' aimerais que vous me conseilleiez quelques documentaires sur l' évolution du rapport des francais au suicide depuis le debut du moyen age ?


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 16 Fév 2013 11:32 
Hors-ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Sep 2007 9:29
Message(s) : 333
Il existe un article de Schmitt un peu daté (1976) : http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 1_1_293698

_________________
"Si ton labeur est dur et que tes résultats sont maigres, n'oublie pas qu'un jour le chêne a été un gland"


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 16 Fév 2013 11:46 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 05 Oct 2005 20:39
Message(s) : 2064
Localisation : Lyon-Vénissieux
Il faut lire le grand livre du sociologue Emile Durckheim, intitulé "le sucide" et publié en 1897.
Il fait le point sur la question à l'époque et propose des explications
Voir http://www.amazon.fr/suicide-Etude-soci ... 497&sr=1-3

_________________
Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
Proverbe Albanais


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 16 Fév 2013 13:56 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9062
Il y a une évolution à signaler concernant le suicide dans les sociétés occidentales : depuis qu'il existe des statistiques sur le sujet, on constatait que le taux de suicide dans la population générale augmentait avec l'âge. Au point que les sociologues et les médecins avaient fini par considérer cela comme une constante historique. Or à partir des années 80 on constate que la courbe commence à s'inverser, et ce sont les jeunes de 15 à 30 ans qui connaissent désormais le taux de suicide le plus élevé. (on a une courbe en U avec l'âge, là où il y avait autrefois une courbe régulièrement ascendante.)

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 16 Fév 2013 14:19 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 05 Oct 2005 20:39
Message(s) : 2064
Localisation : Lyon-Vénissieux
Auriez-vous des sources pour confirmer ce que vous disez ?

_________________
Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
Proverbe Albanais


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 16 Fév 2013 14:37 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur

Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15844
Localisation : Alsace, Zillisheim
Insee a écrit :
La réduction du nombre de suicide est un enjeu de santé publique important qui s'inscrit dans l'objectif plus large de réduction de la mortalité prématurée (mortalité survenant avant l'âge de 65 ans). Un objectif spécifique de réduction de 20 % du nombre de suicide à un horizon quinquennal est inscrit dans la loi relative à la politique de santé publique du 9 août 2004.

Analyse

En 2010, 10 334 décès par suicide ont été enregistrés en France métropolitaine. Au sein de l'Europe, la France se situe dans le groupe des pays à fréquence élevée de suicide avec un taux standardisé global de 14,7 pour 100 000 habitants, soit nettement au-dessus de la moyenne de l'Union européenne (10,2 pour 100 000 habitants). Les comparaisons internationales posent toutefois des difficultés du fait de différences éventuelles dans la qualité et l'exhaustivité des déclarations.

Le taux de suicide a baissé de près de 10 % depuis 2000 et de 21 % depuis 1990, mais il a diminué trois fois moins vite que l'ensemble des morts violentes. Cette diminution concerne davantage les populations âgées que les jeunes.

La population masculine est la plus touchée par le suicide (environ 75 %). Le taux de suicide augmente avec l'âge, plus fortement pour les hommes que pour les femmes. Les taux de décès par suicide les plus élevés sont le fait des veufs et des divorcés.

Sur l'ensemble des suicides, 10 % surviennent entre 25 et 34 ans. À cet âge, les suicides constituent la première cause de mortalité pour les hommes (24 % des décès), et la deuxième pour les femmes (16 % des décès), derrière les tumeurs.

Les disparités régionales de mortalité par suicide sont marquées : les régions de l'Ouest et du Nord sont très nettement au-dessus de la moyenne nationale.


http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/default.asp?page=dossiers_web/dev_durable/taux_deces_suicide.htm

En fait, le taux de suicides des jeunes augmente effectivement. Mais, il n'a pas encore atteint celui des vieux. Mais la courbe des vieux change par rapport de celle du passé. En fait, une bonne partie des retraités vit confortablement et on se suicide plus quand les conditions de vie sont difficiles et qu'on ne voit pas d'issue à sa situation. C'est ce qui explique que le taux de suicide est élevé dans les zones très touchées par la crise. Sans accompagnement social, il est possible que le taux soit plus élevé.

Il y a régulièrement des études globales. La dernière que j'ai trouvé date de 2006 : http://www.drees.sante.gouv.fr/la-mortalite-par-suicide-en-france-en-2006,4208.html

Ce qui frappe chez les jeunes, c'est que c'est devenu la première cause de mortalité. Cela est du à la baisse des autres causes, mais aussi à une certaine forme de désespérance face à un avenir qu'on décèle bouché par le spectre du chômage. Surtout que les parents ont tendance à pousser leurs enfants pour que ceux-ci réussissent leurs études en leur disant que c'est seulement comme cela qu'ils s'en sortiront. En cas d'échec dans les études, le jeune peut se sentir fragilisé, son avenir ne sera pas radieux et c'est de sa faute parce qu'il n'a pas été capable de réaliser les espoirs qu'on avait mis en lui.

Citer :
Le suicide est la première cause de décès des hommes entre 25 et 34 ans
Globalement, la part du suicide dans la mortalité générale est faible.
Pour les hommes comme pour les femmes, celle-ci varie très fortement
avec l’âge. Inférieure à 1 % avant 15 ans, elle atteint son maximum entre 25 et 34 ans (23 % chez les hommes, 18 % chez les femmes) puis chute brutalement jusqu’à 3 % entre 55 et 64 ans. Á partir de 65 ans, la part des décès par suicide décroît régulièrement et, au-delà de 84 ans, les suicides ne représentent plus que 0,3 % de la mortalité toutes causes confondues.
Si le nombre absolu de suicides est le plus important pour les hommes de 45-54 ans, c’est pour la classe d’âge des 25-34 ans que l’importance des décès par suicide, relativement aux autres causes de mortalité, est la plus forte (tableau 2). Dans cette tranche d’âge des 25-34 ans, le suicide constitue la première cause de décès des hommes (près d’un sur quatre). Avec 16 % des décès, il se situe en deuxième position derrière les accidents de transport pour les 15-24 ans, et derrière les tumeurs pour les 35-44 ans, avec 18 % des décès. Pour les hommes de 45 à 54 ans, le suicide est la quatrième cause de décès après les tumeurs, les maladies cardiovasculaires et les maladies de l’appareil digestif. Pour les femmes, le suicide apparaît comme la deuxième cause de décès entre 25 et 44 ans derrière les tumeurs. Dans les classes d’âge de 15-24 ans et de 45-54 ans, il se situe en troisième position, précédé des accidents de transport et des tumeurs chez les 15-24 ans et des tumeurs et des maladies cardiovasculaires chez les 25-44 ans.


Donc, le taux augmente avec l'age, atteint un premier maximum des 25-34 ans, puis décroit et remonte. Mais, puisque la mortalité générale augmente avec l'age, la proportion de suicides parait plus faible chez les vieux puisque le suicide n'est plus que la 4ème cause de décès.

Mais, si vous trouvez un suicidé, il y a plus de chances que ce soit un homme seul (veuf ou divorcé) de plus de 54 ans. Si ce n'est pas le cas, effectivement, il y a des chances que ce soit un jeune homme de 25-34 ans.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 16 Fév 2013 14:55 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Avr 2004 17:38
Message(s) : 10668
Localisation : Région Parisienne
Revenons à l'histoire, et par ce que je connais le mieux, le Moyen-Age.

Le suicide est très mal vu, un individu ne peut supprimer de lui-même la vie que Dieu lui a donné. Un suicidé est donc exclu de la communauté, sa dépouille n'a pas le droit d'être inhumée en terre consacrée. Si le suicide est connu après l'enterrement, un procès est fait au mort, son cadavre est exhumé, traîné sur une claie et banni du cimetière, dans certaines régions, il est enfermé dans un tonneau et jeté à la rivière.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 16 Fév 2013 17:28 
Hors-ligne
Modérateur Général
Modérateur Général
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Fév 2009 0:12
Message(s) : 9062
Pouzet a écrit :
Auriez-vous des sources pour confirmer ce que vous disez ?

J'avais eu l'occasion en 2002 de participer à une étude sur la santé des médecins, qui incluait des comparaisons avec la population générale. Nous avions analysé plusieurs études sur le sujet. (Le suicide fait partie des gros risques de santé chez les médecins, avec un facteur de 1,3 par rapport à la population générale (+30%). En particulier les femmes médecins ont un taux de suicide comparable à leurs homologues masculins, alors que les femmes en général se suicident 3 fois moins que les hommes, ce qui semblait être aussi une constante historique, mais qui a commencé à bouger dans la population des femmes diplômées qui travaillent.)
Mais les résultats que j'indique pour les jeunes sont clairement contredits par les études produites par Narduccio. Soit les choses ont évolué depuis 2002 - la baisse générale de 10% ne serait pas identique selon les âges, mais ça me paraît tiré par les cheveux : ce ne serait qu'une évolution à la marge - soit j'avais gardé un souvenir exagéré du phénomène. On a donc bien une courbe en U, mais où le taux des jeunes ne dépasse pas celui des "vieux".

Pour revenir à l'histoire, je me demande quel était le taux de suicide au cours du 19ème siècle et jusqu'en 1945, à l'époque ou ni la maladie ni la vieillesse n'étaient couverts. Je pense que le taux de suicide dans la population ouvrière, en particulier, devait être très élevé. Quelqu'un peut-il le confirmer ?

Pour le Moyen-Age, j'imagine que les familles devaient tout faire pour camoufler les suicides en décès normaux. (Au 18ème siècle c'est en voulant cacher le suicide par pendaison de son fils que Calas est tombé dans l'affaire où Voltaire l'a fait réhabiliter. A cette époque encore, comme au Moyen-Age, le corps du suicidé était traîné nu dans les rues, avant de subir une exécution symbolique - j'ai oublié laquelle - et d'être jeté à la fosse publique.)

En somme le suicide était un tabou, j'imagine donc qu'on n'a aucun chiffre à cette époque.

_________________
Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Message Publié : 16 Fév 2013 19:46 
Hors-ligne
Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
Quelques pensées napoléoniennes sur le suicide :



"Un soldat doit savoir vaincre la douleur et la mélancolie des passions ; [...] il y a autant de vrai courage à souffrir avec constance les peines de l'âme qu'à rester fixe sous la mitraille d'une batterie.
S'abandonner au chagrin sans résister, se tuer pour s'y soustraire, c'est abandonner le champ de bataille avant d'avoir vaincu."

(Ordre du jour du 12 mai 1802)


"Ç'a toujours été ma maxime, qu'un homme montre plus de vraie bravoure en supportant les calamités et en résistant aux malheurs qui lui arrivent, qu'en se débarrassant de la vie. C'est l'action d'un joueur qui a tout perdu, ou celle d'un prodigue ruiné, et cela ne prouve qu'un manque de courage. Votre gouvernement se trompe s'il s'imagine qu'en cherchant tous les moyens de m'accabler, tels que de m'exiler ici, de me priver de toute communication avec mes parents les plus proches et les plus chers, au point que j'ignore s'il existe encore une personne de mon sang en m'isolant du monde et en m'imposant des restrictions inutiles et vexatoires, qui deviennent plus rigoureuses de jour en jour ; en envoyant la lie des hommes pour me servir de geôlier ; il se trompe, s'il croit fatiguer ma patience et me pousser à commettre un suicide. Si jamais j'avais eu un semblable dessein, l'idée seule du plaisir que cela lui procurerait m'eût empêché de l'accomplir."
(O'Meara, Napoléon en exil à Sainte-Hélène)


"Les premiers principes de la morale chrétienne, et ce grand devoir imposé à l'homme de suivre sa destinée, quelle qu'elle soit, peuvent l'empêcher de mettre lui-même un terme à une si horrible existence ; l'Empereur met de la gloire à demeurer au-dessus d'elle."
(Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène)


"Le suicide est à mes yeux le crime le plus révoltant, et rien, selon moi ne peut le justifier. Cet acte provient, certainement, de l'espèce de crainte que nous appelons poltronnerie. Car quel titre a au courage l'homme qui tremble devant les caprices de la fortune ? Le véritable héroïsme consiste à devenir supérieur aux maux de la vie, n'importe sous quelle forme ils nous appellent au combat."
(Warden, Correspondance)


"Il y a de la lâcheté à se suicider ; les Anglais se tuent souvent, c'est une maladie causée par leur climat humide. De mon temps, à Paris, il y avait chaque jour une demi-douzaine de suicides. Au retour de Marengo, plusieurs de mes grenadiers se sont suicidés pour de vrais souillons. Ils trouvaient que leur amour-propre était blessé !"
(Gourgaud, Journal de Sainte-Hélène)




La tentative de suicide de Fontainebleau ne remontait pourtant à pas bien loin...

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 9 message(s) ] 

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 25 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB