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 Sujet du message : Parentalité adoption
Message Publié : 29 Oct 2004 6:54 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
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Localisation : village des Pyrénées
dans le cadre d'une réflexion sur l'adoption et l'accueil d'enfants *, aujourd'hui et chez nous, j'aimerais avoir des points de vue historiques:

- l'adoption a-t-elle toujours été aussi controlée et encadrée par la société?
- différentes formes d'adoption: pour élever simplement des enfants, pour leur transmettre un patrimoine, un nom ?
- formes d'accueil provisoires d'enfants
- etc. toute référence de livre sur l'adoption dans l'histoire m'intéresserait.

(* tiens, le choix de cet extrait de l'épopée de Gilgamesh, comme signature, aurait-il un sens ? :) )
-----
édité pour préciser que ma signature contenait alors cette phrase:
"Regarde avec tendresse ton petit qui te tient la main"

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)


Dernière édition par Dédé le 14 Mars 2005 20:15, édité 1 fois.

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Message Publié : 05 Nov 2004 20:05 
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Thucydide
Thucydide
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Inscription : 19 Nov 2003 0:23
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Localisation : Région parisienne
En droit romain, le terme adoption recouvre deux sortes d'actes, tous deux couramment employés dans la société romaine:
- l'adoption au sens strict qui consiste à rompre tous les liens de l'adopté avec sa famille "biologique" pour le faire entrer dans une nouvelle famille. Cette adoption au sens strict ne pouvait concerner que des "alieni juris" c'est-à-dire des personnes qui n'ont pas une capacité juridique complète. L'adoption les fait passer sous la puissance d'une nouvelle personne mais ne change pas leur statut: ils restent des incapables juridiques. L'adoption au sens strict est considérée comme un acte purement privé, assez peu encadré.
- l'adrogation en revanche consiste à faire passer un "sui juris" c'est-à-dire une personne ayant sa pleine capacité juridique, sous la puissance de l'adrogeant (l'adoptant). L'adrogé perd donc ses droits, et sa capacité, et les "alieni juris" qui pouvaient dépendre de lui passent eux aussi sous la puissance de l'adrogeant. Il s'agit donc d'un acte beaucoup plus grave que l'adoption au sens strict: perte de capacité juridique, donc du patrimoine qui se trouve transmis à l'adrogeant, perte aussi du nom de famille. Du fait de l'importance de ses conséquences, l'adrogation fut un acte très formaliste et encadré.

Cordialement

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"Les passionnés soulèvent le monde, et les sceptiques le laissent retomber". (Guinon)


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Message Publié : 08 Nov 2004 17:16 
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Jules Michelet
Jules Michelet
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Inscription : 29 Déc 2003 23:28
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En Mésopotamie ancienne, l'adoption se faisait généralement pour la transmission d'héritage. Cela pouvait aussi dans certains cas servir à contourner une législation contraignante : une personne se faisait adopter, ainsi elle "héritait" d'un terrain, mais en fait il s'agissait d'un achat déguisé puisque l'adopté rétribuait l'adoptant. C'était le cas à Nuzi, en pays hurrite, où un particulier s'est ainsi fait adopter une dizaine de fois ... Il existait aussi la possibilité de constituer une "fraternité", sorte d'adoption mutuelle, cachant aussi selon toute probabilité des intérêts économiques. Mais il ne faut pas croire que les adoptions se faisaient toujours pour des raisons financières non plus : dans le cas des orphelins aussi par exemple.
De toute manière, l'adoption est toujours plus faite chez les Anciens -c'est mon humble avis ; j'espère que vous m'en direz plus quand vous serez mieux informé sur la question- par une nécessité de transmission d'un héritage matériel, d'un nom, ou un besoin économique, politique, que par le pur besoin affectif (avoir un enfant, l'élever soi-même, même si l'aspect transmission du nom est toujours très important) comme c'est le cas actuellement.


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Message Publié : 14 Mars 2005 20:25 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
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Localisation : village des Pyrénées
Citer :
L'adoption au sens strict est considérée comme un acte purement privé, assez peu encadré.


Cet encadrement - ou non - est spécialement un point qui m'intéresse: connaît-on des moments et des lieux dans l'histoire, où l'encadrement était aussi strict qu'en France aujourd'hui, avec enquète socio-culturelle, etc. (je n'émets pas ici d'opinion sur le bien fondé ou non de cet encadrement, précision pour que le débat ne parte pas en vrille sur un sujet d'actualité :) )
Et qui était chargé de cet encadrement?

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Message Publié : 15 Mars 2005 10:59 
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Jules Michelet
Jules Michelet
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Inscription : 29 Déc 2003 23:28
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dédé a écrit :
Citer :
L'adoption au sens strict est considérée comme un acte purement privé, assez peu encadré.


Cet encadrement - ou non - est spécialement un point qui m'intéresse: connaît-on des moments et des lieux dans l'histoire, où l'encadrement était aussi strict qu'en France aujourd'hui, avec enquète socio-culturelle, etc. (je n'émets pas ici d'opinion sur le bien fondé ou non de cet encadrement, précision pour que le débat ne parte pas en vrille sur un sujet d'actualité :) )
Et qui était chargé de cet encadrement?

Avant l'époque contemporaine, on se contentait généralement de régler les litiges liés autour de l'adoption (en cas de rejet de l'enfant adopté, de sa fuite, de ses rapports avec les éventuels enfants de l'adoptant, questions autour de l'héritage, etc.). Mais en gros, pour ce qui est de la procédure d'adoption, il n'y avait pas tant de complications qu'aujourd'hui (du moins pour les adoptions en France même, vu que dans certains pays, c'est de l'achat d'enfants pur et simple).
Pour le reste, il serait intéressant de savoir quand exactement la législation actuelle a été mise en place, et dans quelles conditions, dans quel contexte.


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 Sujet du message : Re: Parentalité adoption
Message Publié : 20 Oct 2010 8:20 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
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Localisation : village des Pyrénées
j'ai sous les yeux l'autobiographie du gabonais Will Mael Nyamat , qui remercie en introduction ses deux mamans : celle qui l'a mis au monde très jeune et celle qui l'a élevé (de fait adopté, sans aucune formalité).
Selon lui (je le connais un peu) c'est une pratique courante dans les villages de son pays : une mère de substitution adopte l'enfant dans les premières minutes de la naissance si on (qui ?) juge que la maman biologique n'est pas en état de l'élever. Mais cette maman biologique reste toujours connue et s'intéresse (de plus ou moins loin) à l'enfant.

_________________
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 Sujet du message : Re:
Message Publié : 20 Oct 2010 20:46 
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Plutarque
Plutarque
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Inscription : 29 Mai 2009 20:03
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Zunkir a écrit :
Pour le reste, il serait intéressant de savoir quand exactement la législation actuelle a été mise en place, et dans quelles conditions, dans quel contexte.


Le code civil de 1804 a recréé l'adoption issue du droit romain, mais cela ne concerne essentiellement que les majeurs, pour les mineurs, on installe de simples tutelles.
En 1923, on pense à l'adoption des mineurs orphelins.
On finit par créé la légitimation adoptive, il fallait ne pas avoir d'enfant.
En 1966, on ouvre l'adoption aux personnes seules.
En 76, on peut adopter même si l'on a déjà des enfants.
En 2001, il y a une loi sur le régime de l'adoption internationale (article 370-3 du code civil et suivant).
La loi du 4 juillet 2005 modifie la procédure d'adoption.

Pour la lecture des textes officiels je conseille le site legifrance.


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 Sujet du message : Re: Re:
Message Publié : 01 Nov 2010 20:46 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 12 Nov 2009 21:20
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Mishima a écrit :
Zunkir a écrit :
Pour le reste, il serait intéressant de savoir quand exactement la législation actuelle a été mise en place, et dans quelles conditions, dans quel contexte.


Le code civil de 1804 a recréé l'adoption issue du droit romain, mais cela ne concerne essentiellement que les majeurs, pour les mineurs, on installe de simples tutelles.
En 1923, on pense à l'adoption des mineurs orphelins.


pour napoleon l'adoption est une facon de transmettre un patrimoine en l'absence d'heritiers naturels - la procedure n'a rien de "familial" au sens strict (meme si l'adpte peut etre un neveu ou un cousin)

apres la 1ere guerre mondiale on pense à tous les enfants dont le pere est mort au front (et peut-etre aussi aux meres celibataires dont le fiance a disparu avant d'avoir regularise) et on cree l'adoption pleniere dan s laquelle le mineur devient exactement lefils de l'adoptant.

ensuite ce dispositif concu à l'origine pour le bien des enfants (dans une vision assez catholique finalement) evolue vers la prise ne compte d'un "droit" des couples steriles à avoir des enfants .... ce qui est assez neuf (annees 60 ?).

interessante evolution des moeurs


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 Sujet du message : Re: Parentalité adoption
Message Publié : 16 Nov 2011 21:24 
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Polybe
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Inscription : 05 Juin 2010 11:26
Message(s) : 73
Localisation : Lyon
Olivier Faron dans son article sur les enfants abandonnés en France et en Italie dans le numéro 205 de l'Histoire (1996) affirme que la plupart des enfants abandonnés recueillis par des hospices au XIXème siècle et y survivant (ils étaient peu nombreux à arriver à l'adolescence) pouvaient bénéficier d'une adoption après l'arrêt de la prise en charge de l'enfant par les hospices (à douze ans en France)
L'article ne précise pas mais je m'interroge sur cela. Il peut s'agir vraisemblablement d'une adoption par la famille nourricière (l'enfant reçu dans un hospice passait en fait toute son enfance au sein d'une famille rurale qui acceptait de s'en occuper moyennant finances) ou d'une adoption par une autre famille étrangère complètement à l'enfant. Dans le premier cas il est étrange que la famille continue ce qu'elle a fait pendant douze ans en étant rémunérée malgré l'arrêt des dédomagemments, dans le deuxième cas il est étonnant de voir beaucoup de familles philantropes prendre la décision d'adopter un enfant sans nom ni fortune ni éducation alors que rien ne les oblige. Dans les deux cas je suis à la recherche de sources ou d'indications bibliographiques.

Je cite aussi au passage le réglement de l'Hopitâl de la Charité de Lyon (recueillant les enfants abandonnés) qui prévoit une "tutelle officieuse" pour les philantropes souhaitant prendre à leur charge un enfant. Si cela arrive (c'est possible mais ce doit être rare), il peut en fait s'agir plus d'une prise en charge d'un apprenti par un maître en manque de main d'oeuvre gratuite que d'une véritable adoption familiale et sentimentale.


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 Sujet du message : Re: Parentalité adoption
Message Publié : 13 Jan 2012 17:02 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
Message(s) : 15844
Localisation : Alsace, Zillisheim
A l'époque, a douze ans, on peut travailler. Donc, dans de nombreuses fermes, ces enfants devenaient des jurnaliers attachés au domaine.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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 Sujet du message : Re: Re:
Message Publié : 18 Fév 2012 15:04 
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Plutarque
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Inscription : 21 Nov 2010 23:08
Message(s) : 182
Mishima a écrit :
En 1923, on pense à l'adoption des mineurs orphelins.

Avant 1923 les orphelins ne sont pas adoptables ?

Je sais qu'en Orléanais au XVe siècle, les corporations payaient pour l'éducation des enfants de leurs collègues morts. L'adoption n'est pas réelle, c'est plus une sorte de parrainage, mais prendre en charge les besoins d'un enfant c'est déjà quelque chose.


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 Sujet du message : Re: Parentalité adoption
Message Publié : 18 Fév 2012 15:29 
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Message(s) : 10669
Localisation : Région Parisienne
Il n'y a pas d'adoption possible sous la monarchie. Le parrain et la marraine sont en effet considérés comme étant des parents qui doivent se substituer aux géniteurs en ces de disparition de ceux-ci. Mais pas d'adoption plénière dans le sens d'aujourd'hui. Il peut y avoir des affrèrements, mais la solution la plus simple est l'abandon.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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 Sujet du message : Re: Parentalité adoption
Message Publié : 03 Août 2013 14:14 
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Hérodote
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Message(s) : 2
Dorian P. a écrit :
Olivier Faron dans son article sur les enfants abandonnés en France et en Italie dans le numéro 205 de l'Histoire (1996) affirme que la plupart des enfants abandonnés recueillis par des hospices au XIXème siècle et y survivant (ils étaient peu nombreux à arriver à l'adolescence) pouvaient bénéficier d'une adoption après l'arrêt de la prise en charge de l'enfant par les hospices (à douze ans en France)
L'article ne précise pas mais je m'interroge sur cela. Il peut s'agir vraisemblablement d'une adoption par la famille nourricière (l'enfant reçu dans un hospice passait en fait toute son enfance au sein d'une famille rurale qui acceptait de s'en occuper moyennant finances) ou d'une adoption par une autre famille étrangère complètement à l'enfant. Dans le premier cas il est étrange que la famille continue ce qu'elle a fait pendant douze ans en étant rémunérée malgré l'arrêt des dédomagemments, dans le deuxième cas il est étonnant de voir beaucoup de familles philantropes prendre la décision d'adopter un enfant sans nom ni fortune ni éducation alors que rien ne les oblige. Dans les deux cas je suis à la recherche de sources ou d'indications bibliographiques.


Bonjour à tous,

Je me permets de réactiver ce "post" par une question précise, espérant vos lumières... :

Un jeune adulte (23 ans) pouvait-il être adopté, dans la Rome du XVI° siècle ?

Son histoire : enfant abandonné à la naissance, recueilli dans un orphelinat, puis élevé dans le Trastevere par un couple rétribué, mais indigne, il réussit à trouver un emploi. Son maître, veuf et sans héritier, des années plus tard, décide de l'adopter comme son fils, pour lui transmettre son patrimoine.
Etait-ce possible, et si oui, par quelle procédure ?
Avec mes remerciements empressés !


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