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Message Publié : 18 Août 2007 16:52 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 02 Août 2007 22:45
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Localisation : Liège
Voici quelques lignes à propos de la prostitution au moyen-âge et tout spécialement à Liège.
Extrait de :






Petite Chronique du Pays de Liège
Par Marcelle Imhauser
Robert Lemaire
Jacques Thiriar
Liliane Verspeelt

Diffusée dans Liège-Matin au cours de l’année 1980 à l’occasion du Millénaire de la Principauté de Liège.


P 103 Femmes de mauvaises vies.

On tenait fort dans cette cité épiscopale qui était aussi une ville de prêtres à sauvegarder tout au moins l’apparence de la moralité.
Ce soucis était d’ailleurs ancien : déjà Charlemagne se préoccupait des mœurs de ses serfs et de la disciplines de ses courtisans, dont il faisait inspecter de temps à autres les villas par des officiers du palais, avec ordre d’arrêter toutes les femmes de mauvaises vies qu’ils recontreraient, et d’obliger ceux qui les entretiendraient à les porter sur la place publique pour être fouettées ; en cas de refus, c’était eux qui étaient fouettés.

A Liège aussi, on tentait de préserver la morale. Ainsi, comme nous l’apprend une loi de 1287, si les bourgeois s’apercevaient de l’installation près de chez eux d’une maison de jeux ou de mauvais renom, ils pouvaient porter plainte auprès du mayeur qui avait alors à sévir. La peine était discriminatoire : les hommes étaient bannis ; quant aux femmes, on ne faisait que leur couper une oreille, ce qui compromettait rarement leur industrie. Un peu plus tard, on bannissait tout le monde, hommes ou femmes.

L’accès des tavernes était sévèrement défendu aux femmes moeurs légères, comme on ne disait pas (les termes étaient généralement plus vigoureux au Moyen-Âge ). Quant aux tenanciers de maisons de jeux, ils encouraient des peines plus grandes encore. Hélas ! Le cochon qui sommeille en chacun d’entre nous avait la vie dure, et rien n’y faisait : au XIV ème siécle, la débauche et le stupre s’étendaient dans les rues, au grand scandale de la population présumée honnête. Les étuves étant devenus des lupanars, il n’y avait plus qu’un seul moyen de contrôler le vice : la concentration, le monopole. C’est d’ailleurs une étuve qui reçut ce monopole, moyennant ( car l’argent n’a pas d’odeur ) une redevance annuelle de 30 florins, prélevée d’ailleurs sur les profits des gagneuses. C’était l’étuve appelée Matruilhart, d’où est venu le nom de la rue Matrognard. On l’appelait aussi, en 1378, la maison Clausse ( sic ! ), vue que c’était un certain monsieur Clausse qui la gérait alors. Ca ne s’invente pas. Ce monsieur au nom prédestiné devait jouir seul, si j’ose m’exprimer ainsi, du triste privilège d’exploiter la seule maison de débauche légale, reconnue et patentée de la Cité, et, pour dissuader les concurrents éventuels, on chargea le « rois des ribauds « de briser ou de détruire tous les autres « bordeaux « qui seraient installés et d’en vider les mauvaises femmes. Le roi des ribauds était un officier qui avait juridiction sur les jeux et les filles publiques. La police des mœurs, en somme.

A Liège, le premier roi des ribauds dont on connaisse le nom – ceci vers 1330 – porte lui aussi un nom prédestiné : il s’appelle Poulet. ( je vous jure que je n’invente rien ). Ces flics d’un genre particulier étaient d’ailleurs d’une moralité plus que douteuse. Certains tenaient même des « étuves « clandestines. En 1414, le prince Jean de Bavière – un homme qui ne plaisante pas – défendit à nouveau et sévèrement tout commerce « déshonnestre « dans la Cité, menaçant d’un bannissement de 5 ans les mauvaises femmes et leurs « huriers « , c’est-à-dire leurs souteneurs. Cependant leur industrie était tolérée dans de nombreux endroits, d’ailleurs pas très éloignés, mais hors des murs !

Ainsi, comme le dit complaisamment la paix de Saint-Jacques, en 1487 ( un bon guide, ma foi, pour le touriste en goguette ) : à Florimont, en Royaul ( l’actuelle rue des Anglais ), en Pichevache ( au-dessus de la place Notger ) , sur l’Isleau-Hochet ( place du XX août ), rue Sur-La-Fontaine,etc. Comme de surcroît les prostituées furent bientôt tenues d’arborer l’insigne de leur profession – un signe distinctif sur leur robe -, on ne peut pas dire que les Liégeois célibataires furent abandonnés à leur misère sexuelle. Quant aux hommes mariés …


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 Sujet du message : prostitution
Message Publié : 12 Jan 2008 19:34 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 11 Jan 2008 1:24
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Il est vrai que l'on parle de la prostitution féminine, mais n'y a t'il pas exister une prostitution masculine. Il me semble qu'aucun ouvrage en fasse réference? Ne peut t'on pas considérer qu'elle est aussi eu lieu?


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Message Publié : 13 Jan 2008 18:10 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Jan 2008 16:29
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Localisation : France
Moditus a écrit :
En revanche, et là je retourne à Rome, il faut voir les espèces de réduits qui servent de bordel à Pompéi, avec les fresques trés suggestives... là on est vraiment dans la prostitution de bas de gamme !


Il faut voir en effet un bordel à Pompéï. Petite maison avec de toutes petites pièces (des réduits), deux entrées sur deux rues différentes, des couchettes taillées à même la pierre, minuscules (taille pygmée).
La décoration, les coussins n'y sont plus, mais ça ne donne pas le sentiment d'un endroit raffiné... Plutôt une maison de passe.


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 Sujet du message : Re: prostitution
Message Publié : 14 Jan 2008 13:37 
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Jules Michelet
Jules Michelet
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Inscription : 29 Déc 2003 23:28
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Alikea a écrit :
Il est vrai que l'on parle de la prostitution féminine, mais n'y a t'il pas exister une prostitution masculine. Il me semble qu'aucun ouvrage en fasse réference? Ne peut t'on pas considérer qu'elle est aussi eu lieu?


En tout cas on trouve des prostitués masculins aussi tôt qu'en Mésopotamie ancienne, pour l'Egypte je n'en sais rien. Mais évidemment c'est la prostitution féminine qui est la plus importante sur le plan numérique. D'ailleurs je ne me souviens plus si ces prostitués pratiquent des rapports homosexuels et/ou hétérosexuels.


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 Sujet du message : Re: prostitution
Message Publié : 15 Jan 2008 20:07 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 02 Août 2007 22:45
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Localisation : Liège
Zunkir a écrit :
Alikea a écrit :
Il est vrai que l'on parle de la prostitution féminine, mais n'y a t'il pas exister une prostitution masculine. Il me semble qu'aucun ouvrage en fasse réference? Ne peut t'on pas considérer qu'elle est aussi eu lieu?


En tout cas on trouve des prostitués masculins aussi tôt qu'en Mésopotamie ancienne, pour l'Egypte je n'en sais rien. Mais évidemment c'est la prostitution féminine qui est la plus importante sur le plan numérique. D'ailleurs je ne me souviens plus si ces prostitués pratiquent des rapports homosexuels et/ou hétérosexuels.


Je suis en train de lire : " La prostitution en Grèce et à Rome " de Violaine Vanoyeke - éditions Realia, isbn 2-251-33810-1

Je vous en ferai un petit résumé.
Prostitution aussi bien féminine que masculine.


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Message Publié : 15 Jan 2008 20:37 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
Message(s) : 3549
Localisation : Lorrain en exil à Paris
J'ai lu rapidement dans un ouvrage paru récemment sur les noirs en France au XVIIIe (et dont l'auteur m'échappe...), que les Noirs affranchis qui vivaient en métropole servait parfois de prostitués pour les gens attirés par ces moeurs, et qu'ils véhiculaient - déjà - nombre de fantasmes sur leur extrème virilité supposée...

_________________
"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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 Sujet du message : Re: prostitution
Message Publié : 18 Jan 2008 20:25 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 02 Août 2007 22:45
Message(s) : 38
Localisation : Liège
Catinus a écrit :

Je suis en train de lire : " La prostitution en Grèce et à Rome " de Violaine Vanoyeke - éditions Realia, isbn 2-251-33810-1

Je vous en ferai un petit résumé.
Prostitution aussi bien féminine que masculine.



En Grèce :

- La prostitution masculine est considérée comme une profession. Elle est réglementée, est soumise à l'impôt

- La prostitution féminine
Elle touche les laissés pour contre. On recrute chez les esclaves, les enfants vendus ou abandonnés, les déchus, ...
Un auteur nous les présentent comme des rebuts maigres, sales, qui se tiennent presque nues devant leur cellule crasseuse.
Ensuite les hétaîres, courtisanes de hauts rangs. Elles sont aussi danseuses et musiciennes . Elles sont parfois " indépendantes " . Elles peuvent escorter des hommes politiques, de riches marchands, des artistes et assister à des banquets mais elles n'ont pas le droit à la parole.
Certaines participent aux cultes et sont vénérées comme des déesses.

Amusant : " Les prostituées envoient au port leurs esclaves ou leurs jeunes servantes. Si un bateau étranger entre dans le port, elles se renseignent sur le pays d'où il vient et sur le nom du propriétaire. Elles abordent aussitôt le propriétaire du bateau, se collent à lui et s'il tombe dans leurs filets, il rentre chez lui complètement ruiné. " ( Plaude )

Nettement moins à Babylone :

" Toutes les femmes doivent s'unir au moins une fois dans leur vie à un étranger, dans le temple d'Aphrodite - coutume honteuse ! -. ( ... ) Elles attendent, assises, qu'un étranger leur jette de l'argent sur les genoux puis qu'il s'unisse à elles dans le temple. (...) elle doit suivre le premier qui lance de l'argent. Quand elle s'est unie à l'étranger, elle a accompli son devoir à l'égard de la déesse et elle peut retourner chez elle. Celles qui sont belles et élancées peuvent rapidement revenir chez elles ; celles qui sont laides sont obligées d'attendre longtemps. Certaines attendent trois ou quatre ans. " ( Hérodote )

On compta jusqu'à mille prostituées à Corinthe .



A Rome


De nouveau des filles ravalées au rang d'objet, issues des déchus de l'époque ( esclaves, enfants vendues dès leur plus jeune âge, répudiés, ruinés, ... )
Puis les prostituées de luxe qui possèdent tous les charmes et toutes les grâces mais elles n'ont peut-être pas autant de libertés qu'en Grèce.
Comme les Grecs, les Latins considèrent la prostitution comme une nécessité, un remède pour la sécurité de leurs épouses. Même Caton, le plus moraliste vieillard de son temps félicite un jeune garçon d'aller visiter les " professionnelles " pour laisser en paix les femmes mariées.
Il existe de nombreux quartiers chauds à Rome, souvent associés à la débauche, aux meurtres, mais fréquentés par toutes les tranches de la société. Le leno et la lena sont des marchands de filles et exercent le métier d'entrepreneur.
Sous l'Empire, la dépravation des moeurs fut telle que même les impératrices se livraient à la prostitution. Messaline et tant d'autres ...


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