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Message Publié : 18 Oct 2007 4:49 
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Marc Bloch
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N'avez vous pas entendu parler de "mariage à l'essai" ? A savoir que le mariage n'était conclu que quand la fille était enceinte donnant ainsi une preuve de sa fécondité. Ainsi la lignée était préservée . J'ai lu que ça a existé dans certaines régions de France et d'Europe, mais mes souvenirs sont imprécis. Si quelqu'un a des renseignements complémentaires....

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Message Publié : 20 Oct 2007 18:29 
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Polybe
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La virginité reste aussi un moyen de consacrer le péché de chair (si il y a relation sexuelle avant le mariqge, c'est donc qu'il n y avait pas cette volonté de procréer d'où le péché et l'interdiction).


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Message Publié : 20 Oct 2007 19:35 
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Fustel de Coulanges
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La virginité reste aussi un moyen de consacrer le péché de chair (si il y a relation sexuelle avant le mariage, c'est donc qu'il n y avait pas cette volonté de procréer d'où le péché et l'interdiction).

Le mariage religieux n'a été officialisé en France qu'en 1215... Jusque-là, on entérinait l'état que formaient les couples. Je vois difficilement comment articuler sur ces pratiques les remarques citées sur les "relations sexuelles avant le mariage", la "volonté de procréer", le "péché" et l' "interdiction" qui me paraissent jongler avec les anachronismes!

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Message Publié : 20 Oct 2007 19:58 
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Georges Duby
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Faget a écrit :
N'avez vous pas entendu parler de "mariage à l'essai" ? A savoir que le mariage n'était conclu que quand la fille était enceinte donnant ainsi une preuve de sa fécondité. Ainsi la lignée était préservée . J'ai lu que ça a existé dans certaines régions de France et d'Europe, mais mes souvenirs sont imprécis. Si quelqu'un a des renseignements complémentaires....


Ai lu quelque chose de ce genre. L' étonnant Restif de la Bretonne raconte qu'en milieu rural à son époque, le 18è, il était fréquent que la famille laisse les jeunes filles se mettre au lit avec un garçon du village.
Observateur de son temps et romancier licencieux, Restif n'en dit pas plus!
Il devait bien se passer quelque chose. Les parents laissaient faire pourtant .... il y a plus de 200 ans!!
Sagesse populaire probablement, très loin du curé. Probablement une manière pragmatique de régler un problème bien connu des parents, dans la maison, et un essai aussi permettant de vérifier que tout fonctionne, bien car dans l'agriculture, les enfants étaient précieux. Avec l'assurance du mariage en plus.
Etonnant 18è siècle. Si prés de nous à beaucoup d'égards! Au 19è, tout change!

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 20 Oct 2007 21:39 
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Marc Bloch
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Ce à quoi vous faites allusion est ce qu'on appelait dans l'ouest "le maraichinage" qui étaient des flirts collectifs poussés, mais sans défloration et avec le consentement des parents. Dans les Alpes, il y avait "l'albergage" ou "albergement" un garçon pouvait coucher avec la fille sous le toit familial,sans la déflorer . C'est au Pays basque où il y a cohabitation des fiancés pour voir si la future est féconde.
Référence : Jean-Louis FLANDRIN dans "Notre Histoire" de septembre 1999.

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Message Publié : 21 Oct 2007 7:32 
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Polybe
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Inscription : 11 Fév 2007 15:36
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C'est pourquoi, je ne m attarde pas sur le mariage, dont "l'institution" officielle ne doit pas occulter ces préceptes religieux. Saint BRUNO, bien avant cette institutionalisation, prédit l'impossibilité de rachat du péché de chair (alors que tous les autres se "monnayaient" contre des indulgences et autres pélerinages).
Voir un anachronisme dans l'évocation du "péché de chair", de "virginité" reviendrait à croire que l'Eglise ne s'est interressé à ces questions qu'avec l'apparition du mariage, qui n'est que corollaire de ces questions mais en rien une conséquence ou une cause.


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Message Publié : 21 Oct 2007 7:57 
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Fustel de Coulanges
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Voir un anachronisme dans l'évocation du "péché de chair", de "virginité" reviendrait à croire que l'Eglise ne s'est interressé à ces questions qu'avec l'apparition du mariage, qui n'est que corollaire de ces questions mais en rien une conséquence ou une cause.

Vous avez raison : j'aurais dû plutôt parler d'un défaut de précision. Il faudrait peut-être sérier les thèmes (virginité/mariage : où, quand, comment, pourquoi?).
Pour des raisons intérieures et extérieures au christianisme, la sexualité en général a connu dans l'Eglise une importance disproportionnée par rapport à d'autres domaines (manquements à la charité, à la justice, à la vérité, etc.) : dans le Nouveau Testament, St Paul mis à part (et encore), Jésus lui-même évoque très rarement le sujet et, quand il le fait, il manifeste beaucoup de mansuétude...

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Message Publié : 21 Oct 2007 13:00 
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Georges Duby
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Si les religions ont souvent fait une fixation sur la virginité de la femme, il faut aussi préciser qu'il y a d'autres sources de cette exigence et notamment un code d'honneur des familles qui s'estiment diminuées si une fille perd sa virginité. Elle perd de sa valeur pour le mariage dans les temps anciens et peut être répudiée, la honte pour le chef de famille devant tout le clan ou le village.
Il y a aussi, la susceptibilité aigüe des maris, acquéreurs d'une épouse qui a déjà connu l'amour. Je parle des anciennes sociétés surtout! Cette susceptibilité est encore plus forte que la religion et elle touchait aussi les athées.
Honneur et susceptibilité, égo des hommes, des sentiments probablement liés à la condition humaine, éternels à mon avis, observables dans de nombreuses sociétés.
Je manque de références pour étayer cette thèse.
Quand on voit des familles, turques rurales, par exemple, faire tuer aujourd'hui la jeune fille qui a, pour elles, failli, je ne crois pas que la religion soit la vraie source du ressentiment tellement il a l'air insurpassable, fondamental!

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Message Publié : 21 Oct 2007 13:14 
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ERICNANCY54180 a écrit :
La virginité reste aussi un moyen de consacrer le péché de chair (si il y a relation sexuelle avant le mariage, c'est donc qu'il n y avait pas cette volonté de procréer d'où le péché et l'interdiction).


Comme le rappelle D.Y-M avant 1215, le mariage religieux n'était pas synonyme de péché de chair.

Ce qui rend incontournable le mariage c'est plus une évolutions de la société. Le mariage est indispensable dans une société agricole ou la terre appartient aux personnes pour permettre la transmission de cette terre au sein d'une même famille. Ce mariage devient la reconnaissance par la société d'une union, le baptême devient la reconnaissance par la société de la naissance et du fait que le nouveau-né fait partie de cette société. L'ensemble permet de définir des règles de succession reconnue par tous et donc de limiter d'ultérieures contestations. L'église cherchant à prendre une place prépondérante dans la société il est normal qu'elle ait cherché à accaparer les cérémonies importantes pour le bon fonctionnement de la société.
En accaparant ces cérémonies, l'église devient incontournable pour la transmission des biens, mais aussi pour la transmission des titres. Ainsi c'est église qui définit qui a le droit de régner puisqu'il est évident que seuls peuvent le faire des héritiers qui répondent aux règles définies ci-dessus.


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Message Publié : 22 Oct 2007 18:51 
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Grégoire de Tours
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Alain.g a écrit :
L'obligation de la virginité avant le mariage chez les jeunes filles est un principe qui se perd en occident, d'autant que la contraception a permis de résoudre le problème de réserver la transmission du nom et du patrimoine à des héritiers conçus par le mariage. En plus il n'y a peu de mariages!
Ce principe a toujours subi les assauts de la nature et en voyant l'âge du premier rapport sexuel s'abaisser à 12 ans, on comprend maintenant mieux pourquoi on mariait depuis toujours les jeunes filles à 12 ans, voire avant, dans certaines cultures. Une précaution?


L'âge du premier rapport sexuel qui s'abaisse à 12 ans ? 8O
Pas dans les pays occidentaux, en tout cas, où il s'est stabilisé pour les filles comme pour les garçons autour de 17-18 ans, d'après la dernière enquête officielle sur la sexualité des français, et qui date de l'hiver ou du printemps dernier.
De plus, on ne marie pas les filles depuis toujours à 12 ans. La pratique n'est répendue ni partout géographiquement, ni dans toutes les classes sociales. Ce qui, en occident, pouvait être valable pour des princesses ou des filles de la haute noblesse ne valait pas forcément pour des paysans ou des citadins ordinaires.
Un lien assez interéssant : http://vivre-au-moyen-age.over-blog.com/article-13177727.html Dommage que l'auteure ne donne pas sa bibliographie (en tout cas, elle s'approvisionne à Gallica)

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Message Publié : 22 Oct 2007 19:45 
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Georges Duby
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Localisation : Montrouge
Aspasie mineure a écrit :
Alain.g a écrit :
L'obligation de la virginité avant le mariage chez les jeunes filles est un principe qui se perd en occident, d'autant que la contraception a permis de résoudre le problème de réserver la transmission du nom et du patrimoine à des héritiers conçus par le mariage. En plus il n'y a peu de mariages!
Ce principe a toujours subi les assauts de la nature et en voyant l'âge du premier rapport sexuel s'abaisser à 12 ans, on comprend maintenant mieux pourquoi on mariait depuis toujours les jeunes filles à 12 ans, voire avant, dans certaines cultures. Une précaution?


L'âge du premier rapport sexuel qui s'abaisse à 12 ans ? 8O
Pas dans les pays occidentaux, en tout cas, où il s'est stabilisé pour les filles comme pour les garçons autour de 17-18 ans, d'après la dernière enquête officielle sur la sexualité des français, et qui date de l'hiver ou du printemps dernier.
De plus, on ne marie pas les filles depuis toujours à 12 ans. La pratique n'est répendue ni partout géographiquement, ni dans toutes les classes sociales. Ce qui, en occident, pouvait être valable pour des princesses ou des filles de la haute noblesse ne valait pas forcément pour des paysans ou des citadins ordinaires.


1- Sur les douze ans: j'aurais du dire: s'abaisse jusqu'à 12 ans. Voir presse et TV. sur cet abaissement récent.
2- Pour le mariage à douze ans, j'ai bien écrit: " dans certaines cultures". Je pensais à l' Inde surtout, aussi à des pays musulmans et ce que j'ai pu lire sur les mariages à 12 ans, parfois moins, dans des pays non occidentaux bien sûr!
Je pense que l'idée a été comprise!

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Message Publié : 22 Oct 2007 19:54 
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Jean Mabillon
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Inscription : 04 Juin 2006 12:47
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Je manque de références pour étayer cette thèse.
Quand on voit des familles, turques rurales, par exemple, faire tuer aujourd'hui la jeune fille qui a, pour elles, failli, je ne crois pas que la religion soit la vraie source du ressentiment tellement il a l'air insurpassable, fondamental!


Pas si fondamental que ça puisque j'ai des souvenirs de cultures où les filles devaient avoir non seulement perdu leur virginité mais avoir eu plusieurs amants pour trouver à se marier. Mais je manque de références pour étayer cette thèse. :lol:
Sans parler du cas, mentionné plus haut je crois, de cultures où une jeune fille devait donner la preuve de sa fertilité et donc tomber enceinte avant le mariage.

l'exigence de virginité paraît intrinsèquement liée aux sociétés très patriarcales--c'est le sexe fortement dominant qui peut imposer ses exigences au sexe dominé, exigences de fidélité sexuelle, de pudeur et de virginité au mariage, dont il se dispense lui-même et que les femmes ne sont pas en position de lui imposer.

Et il y a des cultures polyandres--rares--faites une recherche Google pour savoir lesquelles--dans lesquelles la virginité, en principe, ne devrait pas être tellement valorisée.


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Message Publié : 22 Oct 2007 23:20 
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Pierre de L'Estoile
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Localisation : Nanterre
Le problème quand on parle de "base religieuse", c'est qu'il est quasiment impossible de déterminer si la religion a engendré le phénomène, ou si elle s'est contenté de légiférer des usages bien établis. C'est le même genre de problème quand on parle du protestantisme anglo-saxon et du capitalisme. Quand la religion se confond avec la législation, c'est encore plus difficile.

Remarquons que le monde musulman n'a pas le monopole du crime d'honneur : Chronique d'une mort annoncée, de Gabriel Garcia Marquez, en raconte un beau, même si c'est l'amant putatif qui est visé, dans la Colombie du XIXe siècle.

Je viens de lire dans le Talmud (traité Berakhot) que les mariages Juifs étaient célébrés le mercredi (au moins à une certaine époque). Pourquoi ? Parce que le jeudi était le jour où les tribunaux étaient ouverts. Les époux déçus pouvaient donc assigner leur femme au sortir de la nuit de noce :twisted:

Parmi les fondements religieux, on peut aussi penser à la sacralisation de la femme vierge, pure, donc sans péché, proche du Paradis (ou en constituant un composant essentiel). La femme non vierge étant alors une marchandise abîmée, rattrappée par le sacré lié au mariage.

Dès lors, pour l'époux, découvrir que sa femme n'est pas vierge équivaut à une tromperie sur la marchandise, qui exige réparation.

Une explication psychologique à cet état de fait pourrait être que l'imagination populaire assimile la vierge à une jeune fille svelte et au ventre plat, et la femme non vierge à une rombière aux traits fatigués par ses grossesses annuelles.

Pour finir, le mariage des très jeunes filles n'est pas réservé au monde non occidental : c'était aussi répandu, par exemple, dans le vieux sud nord-américain jusque dans les années 50 : voyez la mésaventure arrivée au rocker pianiste Jerry Lee Lewis qui a gâché sa carrière en présentant sa femme de 13 ans lors de sa première tournée mondiale.

daddycool a écrit :
Le journialiste a fait une remarque intéressante à ce sujet: "cela prouve que les hommes tunisiens ne s'appuient pas sur l'Islam car la religion prône le respect de la virginité pour les deux sexes".
Cette règle religieuse est évidemment fausse, typique d'une reconstitution a posteriori. Dans le monde musulman, les relations illicites sont interdites, c'est-à-dire, pour un homme les relations avec une femmes libre d'une autre famille en dehors des liens du mariage. Or, pour un homme, avoir des relations avec ses esclaves est licite. Il n'a donc rigoureusement aucune raison d'arriver puceau au mariage.

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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Message Publié : 23 Oct 2007 8:31 
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Grégoire de Tours
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Localisation : Région parisienne
Nebuchadnezar a écrit :
Le problème quand on parle de "base religieuse", c'est qu'il est quasiment impossible de déterminer si la religion a engendré le phénomène, ou si elle s'est contenté de légiférer des usages bien établis. C'est le même genre de problème quand on parle du protestantisme anglo-saxon et du capitalisme. Quand la religion se confond avec la législation, c'est encore plus difficile..


Pour l'établissement du mariage légal à 12 ans pour les filles, par le concile de latran en 1215 (si je me souviens bien), ce n'est en tout cas pas une invention chrétienne, puisque c'était déjà l'âge légal dans la législation romaine, que l'Eglise a reprise, purement et simplement.
Il était même possible d'épouser une fille impubère.
Cependant, les médecins depuis l'antiquité recommandaient de ne pas mettre une fille trop jeune enceinte, car les risques pour la santé et de la mère et du foetus étaient beucoup trop importants, le corps d'une fillette de 12 ans étant encore celui d'un enfant.
Quant à la virginité avant le mariage, il semble bien que la religion chrétienne ait repris des usages déjà bien établis, au moins dans le discours officiel, car comme l'a précisé Yves-Marie Deshays un peu plus haut, ce n'est pas du tout une préoccupation religieuse pour Jésus Christ, d'après ce qui en est rapporté dans les Ecritures.


Citer :
Parmi les fondements religieux, on peut aussi penser à la sacralisation de la femme vierge, pure, donc sans péché, proche du Paradis (ou en constituant un composant essentiel). La femme non vierge étant alors une marchandise abîmée, rattrappée par le sacré lié au mariage.

Dès lors, pour l'époux, découvrir que sa femme n'est pas vierge équivaut à une tromperie sur la marchandise, qui exige réparation.

Une explication psychologique à cet état de fait pourrait être que l'imagination populaire assimile la vierge à une jeune fille svelte et au ventre plat, et la femme non vierge à une rombière aux traits fatigués par ses grossesses annuelles.


J'ai des doutes là-dessus, car la virginité n'est bien considérée que chez les jeunes filles. Dès qu'elle se prolonge un peu trop, elle est extrêmement mal vue dans la société et considérée comme monstrueuse lorsqu'on devient une "vieille fille" (il n'y a qu'à considérer les romans de Balzac dans lesquels une vieille fille est un personnage romanesque : ce sont des sorcières, des monstres qui ont perdu leur humanité. C'est certes de la littérature, donc de la fiction, mais cela correspond à un imaginaire collectif bien réel).
Plus justement, je dirais que la jeune fille vierge est sous tutelle d'un père, et la femme mariée sous tutelle d'un mari, ce qui est la norme dans notre civilisation occidentale (ou l'a été), la virginité ou la fidèlité à un seul homme étant le signe tangible du pouvoir masculin qui dispose du corps féminin. Une "vieille fille" échappe à la tutelle des hommes, comme une veuve non remariée. Pire : elles peuvent s'arroger un pouvoir réservé au domaine masculin par leur liberté et l'exercer à l'encontre des hommes.
Ce qui explique aussi le geste de Caton, qui divorce de sa femme pour la prêter à un ami qui souhaite des héritiers, et se remarie avec elle une fois qu'elle a donné ces héritiers à l'ami en question.
La sacralisation de la femme vierge/pure me semble relever d'un autre ordre, elle est plus le fait d'une culture d'élite, essentiellement ecclésiastique (avec l'obligation de la virginité pour les hommes) que d'une culture populaire. Le culte de la Vierge elle-même n'est pas dénué d'ambiguïté, si on considère sa figure de mère universelle (et d'ailleurs, tous les chrétiens n'admettent pas sa virginité) et qu'on pense à Saint Bernard qui racontait qu'en rêve elle lui donnait le sein ! La virginité pourrait apparaître ici plutôt comme un moyen de conjurer la peur de la mort : être né d'une femme, c'est être un animal de chair et de sang, donc soumis à la corruption et à la mort.
Cette obsession n'est pas le seul fait du christianisme, elle est par exemple primordiale chez Hésiode, dans les Travaux et les Jours, qui regrette l'Age d'Or, quand les hommes naissaient directement de la terre et que les femmes n'existaient pas.

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Message Publié : 23 Oct 2007 9:33 
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Jean Mabillon
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Inscription : 04 Juin 2006 12:47
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Citer :
n'admettent pas sa virginité) et qu'on pense à Saint Bernard qui racontait qu'en rêve elle lui donnait le sein ! La virginité pourrait apparaître ici plutôt comme un moyen de conjurer la peur de la mort : être né d'une femme, c'est être un animal de chair et de sang, donc soumis à la corruption et à la mort.


Point intéressant, Aspasie. :)
J'ai lu il y a quelques temps un ouvrage sur la notion de souillure dans la religion juive. Il y était mis en évidence que, vu les prescriptions de cette religion, le sperme était considéré comme impur dès que répandu hors du corps masculin--pas quand il est à l'intérieur.
Il en est de même pour le sang menstruel; ces deux liquides sont liés à l'impureté et à la mort--pas seulement le sang comme vous semblez l'impliquer. Une femme juive ne peut pas faire certaines choses, accomplir certaines tâches, lorsque elle a ses règles mais aussi après un rapport sexuel.
Cette impureté du sperme est d'ailleurs curieuse dans une culture très patriarcale.
Une vierge est exempte de souillure parce qu'elle n'a jamais été en contact intime avec du sperme. Une prostituée, à l'autre extrême, est gravement souillée par ses contacts répétés avec ce liquide.
Cette notion de souillure par le sperme est evidemment valide hors de la religion juive, et influence tout l'imaginaire collectif occidental--en anglais, on dit d'une femme qui a eu des aventures qu'elle est ''damaged good''.


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