Platon est l'inventeur du mythe de l'Atlantide.
Cependant , bien qu'il soit le 1er à avoir parlé longuement de ce pays imaginaire (essentiellement pour pouvoir décrire la société idéale selon lui), d'autres auteurs grecs avaient parlé des atlantes bien avant :
Hérodote en faisait des habitants de l'Atlas et Diodore de Sicile les placait également dans cette région.
Le plus éminent des auteurs, auxquels nous devons des renseignements précis sur les peuples anciens, est l'historien grec Hérodote (-484 /-420). Ses travaux, écrits en prose, sont les premiers qui nous soient parvenus. Son oeuvre, constituée de neuf volumes, relate la rencontre de deux civilisations, Grecque et Perse. D'ailleurs, celui-ci est surnommé à juste titre: "Le Père de l'Histoire". L'ouvrage, qui dans le cas présent nous passionnera, a été écrit vers 430 av. J-C à Thuères en Italie, où il mourut en 420 av. J-C.
Il se rendit lui même sur le terrain, en Egypte, et remonta le Nil très en amont de son delta.
Pourtant, c'est probablement au contact des commerçants grecs de Cyrène et d'Egypte qu'il récolta le plus grand nombre de renseignements sur les peuplades du Sahara et de Lybie. Depuis, il fut démontré qu'il recueillit ses nombreuses informations auprès des caravaniers familiers des routes qui conduisaient d'Egypte et de Cyrène jusqu'au Sahara central.
Parmi les peuples qu'il décrivit, il nomme (en partant du delta du Nil et en longeant la Méditerranée vers l'ouest):
les Adyrmachides,
les Giligames,
les Nasamons,
les Asbytes,
les Psylles,
les Maces,
les Guidames,
les Lotophages ,
les Machlyes, Auses et Zauèces du lac Tritonis .
(ces deux derniers peuples semblent correspondre aux amazones de Diodore).
Au sud des peuples de la côte, était selon ses propres termes, "la Lybie des bêtes sauvages", où une élévation sablonneuse s'étendait de Thèbes (Egypte) jusqu'aux colonnes d'Héraklès (détroit de Gibraltar).
Il situait à dix jours de Thèbes, les Ammoniens et l'Oasis d'Augila,
puis à dix jours encore les Garamantes situés quand à eux à trente jours de marche des Lotophages.
Cette position géographique correspond à la ville de Garama alors capitale des Garamantes, connue aujourd'hui sous le nom de Djerma en Lybie, au Sud de l'actuelle Tripoli.
A dix jours des Garamantes, il présente les Atarantes et à dix jours encore, il situait les Atlantes "qui habitent l'Atlas".
" Cette montagne est étroite et ronde de tous cotés et si haute, dit-on, qu'il est impossible d'en voir les sommets, car les nuages ne s'en écartent jamais,
ni pendant l'été ni pendant l'hiver. Les gens du pays disent qu'elle est la colonne du ciel. C'est à cette montagne que les hommes doivent leur nom, car ils s'appellent Atlantes..."
"Ils ne mangent aucune créature vivante et ne font jamais de rêves".
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Extrait de Pausanias de Sparte (2s. ap. Jc) :
Nous connaissons d'autres Éthiopiens voisins des Maures et dont le pays s'étend jusqu'à celui des Nasamons. Ces Nasamons, qui connaissent, disent-ils, les mesures de la terre, donnent le nom de Loxites aux peuples nommés Atlantes par Hérodote, et qui habitent les extrémités de la Libye vers le mont Atlas ; ils ne sèment rien et vivent de raisins sauvages.
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Hérodote parle aussi de ces atlantes loxites :
Il dit que le marin carthaginois Hannon est parti du détroit de gibraltar et a longé la cote de l'Afrique.
Il a passé le cap Solente puis est arrivé à l'embouchure du fleuve Lyxus ou habitent les "Lyxites nomades qui faisaient paitre leurs troupeaux".
Plus à l'intérieur des terre vivaient des éthiopiens inhospitaliers et des troglodytes.
A 17 jours de navigation plus au sud se trouve l'ile de Cerné, prés de la cote africaine.
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Diodore de Sicile (-1s av.Jc)
(Bibliothèque historique, Livre III)
Diodore de Sicile, historien grec du 1er siècle av. JC. a tenté, dans sa Bibliothèque historique, de retracer l'histoire des peuples, des origines aux premières années de l'Empire Romain. Son œuvre Il est cependant l'un des rares auteurs antiques, à avoir consacré quelques pages aux atlantes et à ce titre mérite toute notre attention :
" LIV (….) les Amazones soumirent un grand nombre de Libyens et de nomades du voisinage et elles fondèrent à l'intérieur du lac Tritônis (l'actuel chott Djerid en Tunisie) une grande ville qui fut appelée Chersonèsos à cause de sa forme. Utilisant cette ville comme base, elles entreprirent de grandes opérations, animées qu'elles étaient d'un ardent désir d'envahir de nombreuses parties de la terre habitée.
Leurs premières campagnes, dit-on, furent dirigées contre les Atlantes , les hommes les plus civilisés de ces régions, qui occupaient un pays prospère et de grandes villes; à ce qu'on affirme, c'est chez eux que la légende place la naissance des dieux, dans les régions proches de l'Océan, en accord avec les légendes grecques et nous parlerons de cela dans le détail un peu plus bas.
On raconte donc que Myrina, la reine des Amazones, rassembla une armée composée de trente mille femmes d'infanterie et de trois mille cavalières (dans les guerres, ce peuple cherchait plus particulièrement à utiliser la cavalerie). Comme armes défensives, elles utilisaient des peaux de grands serpents, les animaux de cette espèce étant en Libye d'une taille incroyable, et comme armes offensives, les épées et les lances, ainsi que des arcs, avec lesquels non seulement elles tiraient de face, mais encore, quand elles faisaient retraite, se retournant en arrière, elles décochaient avec sûreté des traits sur leurs poursuivants.
Ayant donc envahi le pays des Atlantes, elles vainquirent dans une bataille rangée les habitants de la ville appelée Cerné; et, après avoir poursuivi les fugitifs jusqu'à l'intérieur des murs, elles s'emparèrent de la ville. Désireuses de frapper de terreur les peuples voisins, elles traitèrent cruellement leurs prisonniers elles passèrent les hommes adultes au fil de l'épée et, ayant réduit les enfants et les femmes en esclavage, elles rasèrent la ville.
Comme le bruit du désastre des Cernéens s'était répandu auprès de tous les membres de ce peuple, on raconte que les Atlantes, terrorisés, livrèrent leurs villes par convention et promirent qu'ils feraient tout ce qu'on leur commanderait; alors la reine Myrina, les traitant avec modération, conclut avec eux un traité d'amitié et, à la place de la ville rasée, elle en fonda une autre en lui donnant son propre nom; elle y établit les prisonniers de guerre et tous ceux des indigènes qui le désiraient.
Comme, par la suite, les Atlantes lui offraient des cadeaux somptueux et lui votaient publiquement des honneurs considérables, elle accepta ces marques de leur attachement et promit en retour d'accorder ses bienfaits à leur peuple."
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Pline l'Ancien (23 av.Jc - 79 ap.Jc), au livre VI de son Histoire naturelle,écrit:
" A l'opposite du golfe Persique et vis-à-vis de la côte d'Éthiopie, est située l'île Cerné. On ne connaît au juste ni sa grandeur ni sa distance. Polybe place cette Cerné à l'extrémité de la Mauritanie, vis-à-vis du mont Atlas, à huit stades du continent. Cornelius Nepos parle d'une Cerné à laquelle il ne donne pas plus de deux milles de circuit. En face du mont Atlas est, dit-on, l'île Atlantide, passé laquelle, à cinq journées de navigation, la terre ne présente plus que des déserts..."
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Se référant à l'écrivain grec Marcellus l'éthiopien (dont l'œuvre est antérieure à celle de Platon), le néo-platonicien Proclus (410/485) écrit :
" il y avait dans cette mer sept îles, consacrées en leur temps â Perséphone, et trois autres de grande taille dont l'une consacrée à Pluton, une â Ammon et une à Poséidon, celle-ci ayant une surface de mille stades. Ils disent également que les habitants de cette île consacrée â Poséidon conservaient le souvenir de leurs ancêtres, et de l'île atlantique qui se trouvait là, merveilleuse, en vérité, qui avait dominé pendant des siècles toutes les îles de la mer Atlantique et était également consacrée à Poséidon... "
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Quand à Platon (427-347 av.Jc), bien que se référant à un peuple qui, de son temps, existait réellement dans la région du Maroc, il faisait vivre celui-ci dans une ile imaginaire de l'Atlantique, engloutie il y a prés de 10000 ans.
Il prétendait tenir ses informations des prètres égyptiens. Pourtant il n'est pas évident de retrouver une telle légende dans leurs écrits.
Cependant il y a quand-même quelques pistes intéressantes au sujet d'un cataclysme ayant frappé Amenti, l'archipel des morts. Celui-ci comportait plusieurs régions :
-IANRU ou SEKHET-AARU appelé aussi AALU était la Terre de l’Est, celle du Soleil Levant, dite encore Terre des Roseaux ou des Joncs. (Notons pour la circonstance que le terme Babylonien ARALLU désignant le Paradis est proche parent d’Aaru/Aalu).
-SEKHEM, capitale de l’Amenti connut un sort tragique et fut détruite ”lors de la terrible nuit des tempêtes et des inondations”.
-L’eau détruisit également les champs des Bienheureux (connus ailleurs et beaucoup plus tard sous le nom de Champs Elysées). Ceux-ci sont situés géographiquement dans les textes : ”...la partie méridionale se trouve au pays (ou lac) de (K)HARU, la partie septentrionale est fermée par le canal d'ERSA”.
-Le soleil se couchait au point opposé, à l’Ouest, dans le Champs du Repos ou des Offrandes.
Si l’on en croit les textes, sur les sept grandes îles, trois furent détruites par l’eau, (inondations, tempêtes et raz de marée), dont SEKHET-AARU, le Champs des Bienheureux, et la capitale SEKHEM ainsi que les jardins d’IALOU où les justes coulaient des jours heureux.
Les quatre autres furent détruites par le feu : il s’agissait de l’autre partie de l’Amenti nommée SEKHET-HETEP ou Champs de la Paix, qui, selon le Papyrus d’ANI aurait été formé d’un groupe de quatre Îles formant un rectangle et traversée par des canaux.
D’autre part, les textes d’Edfou parlent encore d’un pays nommé le Grand Tertre primordial ou encore île des Bienheureux, qui fut jadis enseveli sous les eaux. Cette île n’était pas unique puisqu’elle faisait partie d’un groupe de dix, donc un archipel. Et justement, dans L’île Primordiale existaient des canaux. Les trois principales iles furent détruites par un ”Oeil du Son” qui tomba sur la Terre (!?)
Voici une carte tirée d'un extrait du livre des morts de Neferoubenef (vignette du chapitre 110) datant de la 18 ème dynastie et se trouvant actuellement au Louvre. elle représente l'archipel des morts :
Et voici un autre extrait du même chapitre du livre des morts, recopié sur un autre papyrus :
(Quatre chiffres ont été indiqués pour qu'on repère plus facilement les iles qui coïncident dans les deux cartes)
Cependant, hélas, on n'en sait guère plus sur cette légende égyptienne d'un archipel détruit par une catastrophe.
Certains textes égyptiens divisent l'Amenti en trois :
-La grande ile d'Iwiti (ile du piétinement) ou Iwsouht (ile de l'oeuf) qui fut détruite par une tempète ou engloutie.
-La petite ile d'Iwhe (ile du combat) appelée aussi Sekht-Ianru (champs des joncs) qui fut engloutie aussi.
-La petite ile d'Iwhotep (ile de la paix) appelée aussi Sekht-Hotep (champs de la paix) qui détruite par une tempète.
Ces trois iles étaient également connues par d'autres auteurs antiques... mais ceux-ci ne les appelaient pas "Atlantide" :
Théopompus de Chios écrit, en 320 av.Jc, que la Méropide s'étendait dans l'Atlantique. Elle était constituée de 3 terres :
-L'ile de Machinos ("le guerrier")
-L'ile d'Eusébius ("le pacifique")
-Un grand continent (l'Amérique ???)
Satius Sebosus disait qu'à 40 jours de navigation à l'ouest des Gorgones (iles Canaries) se trouvent les 3 iles Hespérides :
-Aéglé la blanche (couleur des prêtres chez les indo-européens).
-Aréthuse la noire (couleur des paysants chez les indo-européens).
-Érythie la rouge (couleur des guerriers chez les indo-européens).
On situe parfois Érythie au large de l'Espagne. C'est la qu' Hercule aurait lutté contre Géryon, le géant aux 3 corps).
Ces Hespérides se trouveraient elles-mêmes à un jour du continent d'en face (Amérique).
Certains textes disent qu'il y avait 4 autres hespérides :
-Hestia.
-Hespéra.
-Hespérousa.
-Hespéraea.
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Pour en revenir aux textes égyptiens, il existe plusieurs listes des 10 pays constituant l'ile des bienheureux / tertre primordial.
Voici la version d'Edfou :
-L'ile de la furie.
-Le chateau de chasse.
-Har-Maa.
-Hebwet.
-Le chateau du mystère.
-La maison du combat.
-Tanen-hotep (terre de paix ?)
-Le trône des deux dieux.
-Djeba.
-Wetjeset-neter.
Et voici une autre version :
-Le tertre de l'unité rayonnante.
-L'ile de Ra.
-Le pilier djed de la terre.
-La grande colline.
-L'arbre à huile.
-Celui qui est riche en ka.
-Mesen.
-Celui qui rend les lieux prospères.
-Behdet.
-Le domaine des fantômes.
Et en voici la version grecque :
-Royaume d'Atlas.
-Archontat de Diaprépés (qui se distingue).
-Archontat d'Eumélos (aux nombreuses brebis) / Gadiros (place-forte).
-Archontat d'Azaës.
-Archontat de Mnéseas (gardant le souvenir).
-Archontat de Mestor (qui dirige).
-Archontat d'Amphérès (tourné de deux cotés).
-Archontat d'Evaimon (de sang noble).
-Archontat d'Elasippos (soignant les chevaux).
-Archontat d'Autochtonos (autochtone).
C'est à peu prés tout ce qu'il y a de tangible sur l'Atlantide.
Presque tout le reste est sans fondement.