Toujours en mythologie grecque, il est un insecte que nous avons oublié : le taon, qui apparaît au moins deux fois :
- lorsque Io est transformé en génisse par Zeus pour la préserver d’Héra, cette dernière saisit de doute la fait surveiller par Argos « aux cents yeux ». Mais ce dernier est assassiné par Hermès, aussi Héra furieuse se venge en envoyant un taon harceler la malheureuse Io. Accroché à son flanc, le cruel insecte martyrise la vache, qui paniquée tente d’échapper à son boureau. Elle longe ainsi ce qui deviendra le Golfe Ionien, traverse le détroit du Bosphore (« passage de la vache »), et parvient enfin en Egypte où ses épreuves cesseront. J’ignore ce qu’il advint du taon.
- lorsque Bellérophon, bouffi d’orgueil, monta le projet de gravir l’Olympe grâce à Pégase pour rejoindre la demeure de Zeus, le roi des Dieux ulcéré et moqueur se contente d’envoyer un taon piquer sa monture. Sur la douleur, Pégase se cabre et désarçonne son cavalier qui est précipité à terre où il expire.
Les insectes interviennent très souvent comme prodiges, comme interprètes des dieux, tantôt bénéfiques, tantôt maléfiques, selon la culture et… selon le devin ! Valère-Maxime, Actions et paroles mémorables, I.6 : 2. Midas, qui régna sur la Phrygie, était encore enfant, lorsque, pendant son sommeil, des fourmis amoncelèrent des grains de blé dans sa bouche. Comme ses parents cherchaient à savoir le sens de ce prodige, les devins répondirent qu'il deviendrait le plus riche des hommes. Et la prédiction ne fut point trompeuse, car l'opulence de Midas dépassa la richesse de presque tous les rois ensemble et, si le berceau de son enfance ne fut gratifié par les dieux que d'un présent sans valeur, en revanche il entassa des monceaux d'or et d'argent. 3. Aux fourmis de Midas j'aurais bien raison de préférer les abeilles de Platon : celles-là présagèrent une prospérité périssable et fragile ; celles-ci annoncèrent un bonheur solide et éternel, en déposant leur miel sur les lèvres de l'enfant endormi dans son berceau. Informés de ce fait, les devins prédirent qu'une éloquence d'une douceur merveilleuse coulerait de sa bouche. Mais ces abeilles, plutôt que de butiner sur le mont Hymette parfumé de l'odeur du thym, durent, j'imagine, poussées par les Muses, chercher leur nourriture sur les collines de l'Hélicon, séjour de ces déesses, riche de toutes les productions de la science, pour distiller dans cet admirable génie le délicieux aliment d'une sublime éloquence.
A Rome, les abeilles, ou plutôt les essaims d’abeille sont signes de malheur. Les troupes denses d’abeilles sont assimilées à des armées, et l’essaimage en pleine ville est compris comme une menace d’une armée étrangère (cf. Virgile, Enéide, VIII.64-71 ; cf. aussi Julius Obsequens qui recense scrupuleusement toutes les apparitions d’essaim sur les forums et les mesures religieuses prises pour l’occasion).
Chez les Grecs, l’essaim semble plutôt annoncer la royauté (les abeilles ne vivent pas sans reine !) : - Denys l’Ancien a son règne annoncé par l’apparition d’un cheval fringuant avec un essaim d’abeille dans la crinière : il accède au trône peu après ; - Un essaim vint fonder sa ruche sur une statuette d’Agathocle déposée par sa mère dans un bois sacré : signe prometteur du destin du futur roi de Sicile.
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