Ce sont de toute manière à chaque fois des étymologies fantaisiste, des rapprochement onomastiques aléatoires. Ainsi, Europe est le nom de très nombreuses héroïnes moins célèbres(étymologiquement, "joli minois"...); le rapprochement n'a été fait qu'avec la plus connue, du moins parmi les versions conservées (ou du moins dont j'ai entendu parler...). Mais Europos peut aussi se traduite par Belle-Vue par exemple... Ce qui me semble intéressant, c'est que les Grecs attribuent à des étranger, en l'occurence ici des Phéniciens, l'origine de la dénomination, en relation avec les navigations phéniciennes occidentales de l'époque héroïque (ici, les colonisations mythiques de Cadmos, signalé en Thrace, Béotie, Illyrie, Théra, Rhodes, ou de son frère Thasos à... Thasos). Cette division du monde pourrait donc être une notion géographique étrangère, adoptée après coup par les Hellènes, avec un sens sans doute différent. Des rapprochements en langues sémitiques ont-ils été tentés ?
Pour la mer Ionienne, par contre, la tradition est plus variée, puisque au moins deux voire trois éponymes sont connus: soit effectivement Io (version la plus connue, célébré en particulier par Eschyle), soit Ionios, un roi d'Illyrie fils d'Adrias (éponyme de l'Adriatique), ou bien selon Appien (GC, II.39), fils de Dyrrachos: un roi des barbares de cette région, Épidamne, fonda une ville près de la mer, et lui donna son propre nom, Épidamne. Le fils de sa fille, Dyrrachos, supposé fils de Poséidon, fonda un port pour la ville, et l'appela Dyrrachium. Quand ses frères lui firent la guerre, Dyrrachos obtint, contre une partie du territoire, l'alliance d'Héraclès, qui revenait d'Erythéa [l'île de Géryon]: de là vient quel les Dyrrachiens font d'Héraclès, en tant que possesseur partiel de leur territoire, leur fondateur : sans renier pour autant Dyrrachos, ils s'enorgueillissent d'Héraclès plus qu'ils ne feraient d'un dieu. Ils ajoutent que lors de la bataille en question, le fils de Dyrrachos, Ionios, fut tué par erreur par Héraclès, et qu'Héraclès, après lui avoir rendu les honneurs funèbres, le jeta dans la mer, pour qu'elle porte son nom.
Globalement, je garde l'impression que ces étymologies rattachant un lieu à un très grand nom de la mythologie sont surtout l'oeuvre "d'étrangers", non des riverains, qui conservent des traditions locales faisant référence à des héros bien plus obscures (et souvent perdues), au symbolisme moins poétiques et plus politiques.
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