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Message Publié : 15 Avr 2008 14:28 
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Polybe
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Qui est le "coupable" du déclin de la langue française comme langue internationale ?



Bonjour à toutes, et bonjour à tous, lol

C'est une information entendue ce matin dans les médias français qui me fait vous poser cette question. En effet, peut-être avez-vous appris que notre belle langue française vient de subir un coup de poignard dans le dos porté par une chaîne nationale de la télévision française, "France 3"... Cette chaîne, pourtant uniquement financée par la redevance des téléspectateurs français, a osé commettre le crime le plus impardonnable qui soit : violer ouvertement l'article deux de la Constitution de la République française qui dispose que « La langue de la République est le français » (voir : http://www.conseil-constitutionnel.f...es/constit.htm ).

Les lamentables dirigeants de cette chaîne devraient de toute urgence la débaptiser et l'appeler désormais "la chaîne Isabeau de Bavière" !...

Car ce qu'on décidé les dirigeants de France 3 s'apparente en tout point à ce qu'a osé faire Isabeau de Bavière en signant (ce que mes maîtres de l'école primaire appelaient à juste raison le "honteux traité de Troyes" !...) le 21 mai 1420 le traité de Troyes qui livrait la France aux Anglais !... Rappelons en deux mots ce dont il s'agissait : ce honteux traité de Troyes prévoyait que le roi de France Charles VI (hélas ayant perdu la tête, au point qu'il sera surnommé "le fol"), aurait après sa mort, non son fils, le dauphin Charles (le futur Charles VII, grâce à l'héroïque Jeanne d'Arc qui a réussi à le faire malgré tout couronner comme roi de France en la cathédrale de Reims le 17 juillet 1429, et a commencé à réaliser son but : "bouter les Anglais hors de France") mais carrément le roi d'Angleterre Henri V !...

Qu'a osé en effet faire la chaîne nationale de la télévision française "France 3" ? Eh bien, carrément autoriser que le 24 mai 2008 à Belgrade la chanson qui représentera la France soit chantée pour la première fois... en anglais !!!..

Et dire que celui qui osera porter ce coup de poignard dans le dos à notre belle langue est un chanteur français au nom bien français : Sébastien Tellier (dire que Tellier était le nom de famille de Louvois, le grand ministre d'Etat du roi Louis XIV) qui représentera la France à l'Eurovision avec pour la première fois une chanson en anglais : la chanson "Divine" tirée de son dernier album "sexuality" http://www.lemonde.fr/web/depeches/0...66@7-58,0.html

Et plus grave : pour la première fois depuis sa création en 1956 dans ce grand prix Eurovision de la chanson il n'y aura aucune chanson francophone...

A travers ce grand prix Eurovision de la chanson, sans grande importance culturelle, on voit bien d'année en année le déclin inexorable de la langue française en Europe (et donc dans le monde...).

Évidemment, les paroles des chansons qui ont représentées la France au grand prix Eurovision de la chanson, n'ont jusqu'à présent guère brillé par leurs textes !... Mais, ce qui m'insupporte surtout c'est cette défaite en rase campagne...

Ayant eu le plaisir de découvrir pour la première fois ce concours Eurovision de la chanson pour la première fois en mai 1961, je le trouvais très intéressant, car il permettait de mesurer d'année en année la perte de prestige de la langue française.

Jusqu'aux années soixante-dix la règle était claire : chaque chanteur ne devait interpréter qu'une chanson dans la langue de son pays, l'allemand pour l'Allemagne, l'italien pour l'Italie, l'espagnol pour l'Espagne, le portugais pour le Portugal, etc. Et les chansons anglaises ne gagnaient jamais, car les chanteurs anglais et irlandais n'arrivaient pas à convaincre les différents jury européens...

Et puis, dans les années quatre-vingts (si quelqu'un peut nous dire exactement quand ?) l'Eurovision a autorisé l'emploi de l'anglais en plus de l'emploi des langues nationales ; résultat : à part la France, tous les pays se sont mis progressivement à ne sélectionner que des chansons en anglais !... Seule la France (tel le petit village gaulois d'Astérix) résistait, du moins jusqu'en 2007... En 2008 la France a hélas capitulé à son tour !...

Cette semaine sera très intéressante pour la place actuelle de la langue française dans le monde, car le vendredi 18 avril 2008 il va y avoir un test très important : en quelle langue le pape Benoît XVI va t'il s'exprimer devant l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies à New-York ? Ce ne sera en effet que la quatrième fois qu'un souverain pontife s'y exprimera :

* Paul VI (d'origine italienne) s'y est exprimé le 4 octobre 1965, et il a utilisé la langue française (normal, il l'a fait dans la langue diplomatique du Vatican) ;

* Jean-Paul II (d'origine polonaise) s'y est exprimé à son tour par deux fois le 2 octobre 1979 puis le 5 octobre 1995, et là (trois fois hélas !!!...) il s'est exprimé EN ANGLAIS, à cause des médias internationaux (et pourtant son français parlé était nettement meilleur que celui de Paul VI...).

Je vais un vœu : que Benoît XVI (d'origine allemande) s'y exprime sinon totalement en français (vœu sans doute irréaliste...), mais au moins partiellement en français...

Selon moi, le "coupable" du début du déclin de la langue française est le "Tigre", le vendéen Georges Clemenceau en 1920. Rappelons que jusqu'alors seul le texte en français d'un traité faisait foi, en cas de divergence. Ainsi, la "Triple Alliance" conclue le 25 mai 1882 entre trois nations, pourtant hostiles à la France, deux germanophones (l'Empire d'Allemagne et l'Empire d'Autriche-Hongrie), et une latine (le royaume d'Italie), avait été rédigée en français !...

Je vous suggère de consulter le lien Internet suivant : http://www.tlfq.ulaval.ca/AXL/franco...illes_1919.htm

C'est un article consacré au traité de Versailles qui déclare :

« Le traité de Versailles a été rédigé en français et en anglais, les deux versions faisant également autorité. Le texte portait le titre Conditions de paix - Conditions of Peace. C’était la première fois depuis le traité de Rastatt de 1714 (qui mettait fin à la guerre de Succession d’Espagne) que le français n’était plus le seule langue officielle de la diplomatie occidentale.
Il semble que le représentant de la France, Georges Clemenceau, ait accepté que l’anglais devienne à côté du français la langue de travail de la Conférence de paix. En raison de sa connaissance de l’anglais — il avait épousé une Américaine et séjourné aux États-Unis — Clemenceau avait accédé à la demande de David Lloyd George (Grande-Bretagne) et Thomas Woodrow Wilson (États-Unis); le représentant de l'Italie, Vittorio Orlando, a dû être d'accord. Paradoxalement, le Sénat des États-Unis refusera en novembre 1919 de ratifier le traité de Versailles, mais le statut de la langue anglaise venait néanmoins d'être reconnu au plan international. Par la suite, l’anglais supplantera progressivement le français dans la plupart des documents juridiques internationaux. »

Voilà, c'est clair, net et précis : le responsable du déclin de la langue française serait le "Tigre", le vendéen Georges Clemenceau, qui avait eu la mauvaise idée d'aller aux "States" et d'épouser une Américaine… :wink:

Mais, selon-vous, y aurait-il d'autres "coupables" du déclin de la langue française ?... :?:

Roger le Cantalien. :rool:


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Message Publié : 15 Avr 2008 15:01 
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Clemenceau était parfaitement bilingue, il avait vécu au Royaume-Uni et au Etats-unis, et son épouse était d'origine américaine.

Pour le reste, je ne veux pas faire de hors-sujet sur notre situation économique et la place que nous avons dans le monde.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 15 Avr 2008 16:18 
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Bonjour,

Personnellement, je ne vois pas en quoi cette dame "représente la France". C'est juste un "truc" de variété supplémentaire... je ne crois pas que se soit si grave (ou même symptomatique). Ce qui mine la langue française, ce sont plutôt des types comme moi qui n'ont pas assez travaillé à l'école dans leur jeunesse :mrgreen: .

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Message Publié : 15 Avr 2008 17:08 
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Philippe de Commines
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Il faudrait savoir ce qu'on entend par déclin de la langue française.

Y-a-t'il déclin si de moins en moins de personnes la maîtrisent ?
Y-a-t'il déclin si sa littérature et sa poésie sont moins dynamiques ?
Y-a-t'il déclin si elle est moins utilisée hors des pays francophones ?
Y-a-t'il déclin si les francophones ont une moins bonne maîtrise de la grammaire, de l'orthographe, de la syntaxe ?
Y-a-t'il déclin si le français évolue par rapport aux standards des XVIIè et XVIIIè siècles ?
Y-a-t'il déclin du français si on parle anglais dans les organisations internationales ou dans les affaires ?
Y-a-t'il déclin du français si des personnes parlant correctement d'autres langues les utilisent plutôt que leur langue natale dans certains contextes ?
Y-a-t'il... (à compléter)

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Les facultés de conceptualisation de l'empereur Constantin paraissent avoir été très limitées ; malgré de longues séances, les évêques ne semblent pas avoir réussi à lui faire bien comprendre la différence qui séparait l'orthodoxie de l'arianisme. (Y. Le Bohec)

Bref, un homme "au front étroit mais à la forte mâchoire" (J.P. Callu)


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Message Publié : 15 Avr 2008 18:18 
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Ou encore:
Y a-t-il déclin si on écrit "y-a-t'il" au lieu d'"y a-t-il"? >:)
(Je sais qu'on est sur un forum, c'est juste pour rigoler bien sûr :wink: )


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Message Publié : 15 Avr 2008 18:55 
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Polybe
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Localisation : Maurs-la-Jolie (Sud-Ouest du Cantal)
Bronislas a écrit :
Ou encore:
Y a-t-il déclin si on écrit "y-a-t'il" au lieu d'"y a-t-il"? >:)
(Je sais qu'on est sur un forum, c'est juste pour rigoler bien sûr :wink: )



Bonjour Bronislas, lol

Quand j'évoque le "déclin" de la langue française, je ne considère que la langue parlée. Le français écrit est une langue hélas beaucoup trop difficile à maîtriser, même pour un français d'aujourd'hui... ;)

Je vais vous en donner un exemple, pris dans mon entourage immédiat.

Ma mère avait une amie d'enfance prénommée Gabrielle, née comme elle en 1910, et donc également formée par les institutrices de la Troisième République (les fameux "Hussards noirs de la République"), qui avait réussi (car elle avait obtenu en plus du Certificat d'Études, le "Brevet élémentaire", l'ancêtre du "BEPC" de ma jeunesse) à devenir correctrice de l'imprimerie Lang à Paris, à l'époque une des plus grandes et des plus prestigieuses de la capitale française.

Lorsqu'elle venait déjeuner chez nous à Antony elle amenait des "ratés de couleur" c'est-à-dire des revues non destinées à la vente dont les couleurs n'étaient pas bien centrées pour rentrer dans les bonnes cases. Les rotativistes amélioraient manuellement les marges de couleur jusqu'à arriver au bon cadrage, qui allait permettre enfin de lancer les rotatives à pleine vitesse pour les exemplaires destinés à la vente. L'imprimerie Lang permettait au personnel d'emporter chez lui ces "ratés de couleur". Et lorsque cette dame venait chez nous elle amenait un bon paquet d'illustrés pour la jeunesse et notamment l'hebdomadaire "Tintin" que je m'empressais de dévorer dès son départ (peu m'importait que les couleurs soient légèrement décalées par rapport aux cadres…). Et cette dame citait le Belge Hergé (Rémi Georges) comme un des rares auteurs francophones à écrire dans un français presque pur ; presque, car elle nous avait révélé qu'elle avait (elle en était très fière !…) relevé deux ou trois fautes de français chez Hergé, et comme le personnage était déjà à l'époque mythique elle s'était couverte en allant montrer au correcteur en chef de l'imprimerie Lang ces erreurs et celui-ci avait approuvé qu'on les corrige… Comme quoi "nobody is perfect"…

Et lors des repas avec cette amie il y avait des joutes verbales (qui m'ont marquées à tout jamais) entre elle et mon frère aîné, né en 1943, qui était typographe (du temps de la composition au plomb…) après avoir fait l'école Estienne à Paris. Mon frère aîné n'était doté que d'un simple BEPC et d'un CAP de typographe.

Gabrielle, la correctrice de chez Lang, était fière de déclarer, avec une grande assurance, qu'elle et ses collègues correcteurs étaient les derniers remparts pour éviter de publier une revue, ou pire, un livre, avec une faute d'orthographe ou de français. Elle aimait dire qu'à son bureau sa bible était le "Dictionnaire des difficultés de la langue française" de Adolphe V. Thomas qui était le "Chef correcteur des Dictionnaires Larousse", paru en mars 1956 (bien des années après j'ai personnellement acheté ensuite la réimpression de décembre 1964), mais que cet ouvrage lui-même était nettement insuffisant et qu'elle devait se référer en permanence au "Grand Robert" (en six volumes) et au "Grand Larousse du XXème siècle" (en sept volumes). Et puis en cas d'incertitude persistante les correcteurs de chez Lang ouvraient avec respect le "Dictionnaire de l'Académie Française" en deux volumes (8ème édition éditions Hachette 1932-1935).

Devant tant d'assurance tout le monde se serait écrasé !… Sauf mon frère aîné qui n'était qu'un simple typographe, mais à la prestigieuse imprimerie Larousse à Montrouge, sur la Nationale 20, et qui osait lui rétorquer : « Tu sais Gabrielle, le dernier rempart contre les fautes d'orthographe ou de grammaire ce n'est pas le correcteur d'une maison d'édition ou d'imprimerie, comme Monsieur Adolphe Thomas que je vois de temps en temps à notre imprimerie, mais bien le typographe car souvent mes collègues ont rattrapé in extremis une coquille en français pour le dictionnaire Larousse lui-même que les yeux avisés des collaborateurs de Monsieur Thomas avaient cependant laissée passer. » Après cette remarque de mon frère aîné, la fameuse Gabrielle s'est mise à rougir et n'a pas su quoi répondre… :oops:

Comme quoi il faut toujours rester modeste quand on prétend maîtriser la langue française écrite... :wink:

Roger le Cantalien. :rool:


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Message Publié : 15 Avr 2008 19:16 
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Hérodote
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Cher Roger,

Puisque je constate qu'il y a des fautes de grammaire française dans un livre, à tout hasard un livre de Marguerite Duras par exemple, cela veut donc dire que cette faute a pu passer inaperçu, que même les typographes ne l'ont pas vue. Dans ce cas, seule l'imagination et la bonne volonté du lecteur parviennent à rattraper in extremis la coquille qui a passé au travers des mailles du filet.

Comme quoi il faut toujours rester modeste quand on se prétend le dernier rempart contre les fautres d'orthographe... :wink:

Bronislas :rool:


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Message Publié : 15 Avr 2008 19:30 
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Philippe de Commines
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Inscription : 05 Jan 2008 16:29
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Huyustus a écrit :
Il faudrait savoir ce qu'on entend par déclin de la langue française.

Y-a-t'il déclin si de moins en moins de personnes la maîtrisent ?
Y-a-t'il déclin si sa littérature et sa poésie sont moins dynamiques ?
Y-a-t'il déclin si elle est moins utilisée hors des pays francophones ?
Y-a-t'il déclin si les francophones ont une moins bonne maîtrise de la grammaire, de l'orthographe, de la syntaxe ?
Y-a-t'il déclin si le français évolue par rapport aux standards des XVIIè et XVIIIè siècles ?
Y-a-t'il déclin du français si on parle anglais dans les organisations internationales ou dans les affaires ?
Y-a-t'il déclin du français si des personnes parlant correctement d'autres langues les utilisent plutôt que leur langue natale dans certains contextes ?
Y-a-t'il... (à compléter)


2 fautes à un demi-point, multiplié par 8 occurrences de chacune, me voilà avec un 2/10 à ma dictée :oops:

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Message Publié : 15 Avr 2008 20:49 
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Thucydide
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Bonjour,
roger15 a écrit :
Le français écrit est une langue hélas beaucoup trop difficile à maîtriser, même pour un français d'aujourd'hui...


En effet, on peut prendre l'anecdote de la dictée de Mérimée, où Metternich a littéralement ridiculisé Napoléon III, Eugénie, et bien d'autres.

Pour en revenir au traité bilingue de Versailles, cette évolution "linguistique" ne pérennise-t-elle pas une évolution plus profonde, qui marquerait l'annonce de la domination de la civilisation anglo-saxonne?

_________________
On peut s'agiter en tous vents et cependant être paresseux. C'est que fixer avec constance son attention est un travail pénible, tandis que virevolter est, au fond, un passe-temps délicieux. Alexis PHILONENKO.


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Message Publié : 15 Avr 2008 22:34 
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Polybe
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Localisation : Maurs-la-Jolie (Sud-Ouest du Cantal)
Bronislas a écrit :
Comme quoi il faut toujours rester modeste quand on se prétend le dernier rempart contre les fautes d'orthographe. :wink:


Bonsoir mon Cher Bronislas, lol

Tu as tout à fait raison !... :wink:

Mais je te signale tout d'abord que la conversation que j'ai rapportée plus haut remontait au milieu des années soixante, à une époque où la moindre faute d'orthographe était considérée comme inexcusable. J'ai eu moi-même la chance d'apprendre le français par des instituteurs formés par la Troisième République qui n'avaient qu'une obsession : bouter la faute d'orthographe ou de grammaire hors de France !... Et leur arme était redoutable : cinq fautes égalent zéro en dictée, donc la mise au pilori !!!... Eh bien, tu peux me croire, tu y regardais à deux fois avant d'écrire un mot ou conjuguer un verbe dans une dictée !... :oops:

Sinon, je te félicite d'avoir trouvé des fautes de grammaires françaises dans un livre de Marguerite Duras, ça prouve effectivement que les correcteurs de la maison d'édition et les typographes n'ont pas bien fait leur travail alors !...

J'avais récemment évoqué ce problème avec mon frère aîné, aujourd'hui typographe retraité. Voici ce qu'il m'avait dit sur ce sujet.

Je lui avais demandé si aujourd'hui encore il y avait des correcteurs et correctrices dans les imprimeries et les rédactions, comme était la fameuse Gabrielle dont j'ai parlé plus haut, ou s'ils avaient tous étés remplacés par des logiciels de correction orthographique et grammaticale de haute précision ? Sa réponse fut qu'aujourd'hui encore aucune imprimerie ou rédaction ne saurait se passer de ces correcteurs, personnes physiques. Selon lui, ce n'est pas pour demain qu'un logiciel pourra remplacer un être de chair et de sang pour traquer et éradiquer les fautes de français...

Il m'a indiqué une anecdote : après que la fameuse maison d'édition Larousse ait fermé son imprimerie en 1973 (ce fut l'occasion d'une passe d'armes très vigoureuse et très longue entre d'une part l'éditeur Larousse qui ne cessait de harceler le Ministère de l'Intérieur pour que la force publique prenne d'assaut l'imprimerie Larousse de la Vache Noire à Montrouge afin d'évacuer le personnel qui l'occupait suite à l'envoi des lettres de licenciement aux 180 ouvriers qui y travaillaient, c'était une des plus moderne et performante imprimerie de France à l'époque, et d'autre part le puissant syndicat du livre CGT qui faisait trembler les plus hautes autorités gouvernementales françaises en menaçant si la police lançait l'assaut contre cette imprimerie Larousse de bloquer immédiatement l'imprimerie du Journal Officiel, l'Imprimerie Nationale, toutes les imprimeries parisiennes des quotidiens nationaux, et toutes les imprimeries des journaux régionaux et départementaux en province… ; résultat : c'est la Maison d'édition Larousse qui a dû céder, et verser d'énormes indemnités aux 180 employés licenciés…) mon frère, a réussi à retrouver un emploi de typographe (en fait ce n'était déjà plus l'imprimerie traditionnelle au plomb, mais la photo-composition) à l'imprimerie du groupe Robert Hersant qui s'occupait de sortir des rotatives entre autres le fameux quotidien "France-Soir".

Mon frère était quant à lui chargé de la composition du quotidien hippique "Paris-Turf" mais surtout une fois par semaine du prestigieux "Canard Enchaîné". La rédaction du "Canard Enchaîné" s'était fait une spécialité de traquer les fautes d'orthographe des autres journaux et des hebdomadaires dans la rubrique "pan sur le bec". Et pour ne pas être prise en faute elle-même, chaque page était relue plusieurs fois par les meilleurs correcteurs de la place de Paris !… Eh bien, malgré toute cette stratégie de pointe, souvent les "typos" comme mon frère rattrapaient in extremis des coquilles qui avaient échappé à ces correcteurs chevronnés, et de temps en temps, même les "typos" du "Canard" laissaient passer une coquille… La perfection en langue française est donc quasi impossible !… :wink:

Mon frère était donc (et est toujours resté malgré sa retraite) un professionnel de la langue française. Ainsi, je l'ai vu souvent faire la fameuse dictée de Bernard Pivot. Eh bien, il n'a jamais réussi le zéro faute, il en faisait, dans le meilleur des cas, une à deux à chaque dictée. Et encore, précisait-il, c'est parce que Bernard Pivot employait des mots dont souvent personne n'avait jamais entendu parler… ;)

Roger le Cantalien. :rool:


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Message Publié : 15 Avr 2008 22:56 
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Tout à fait d'accord quand à la difficulté de la langue écrite (comme je l'ai dit, j'essaye de m'amender mais je pars de loin).
Quand à la pratique orale du français, je pense que si dégradation il y a, cela tient plus à un manque de civisme, au déclin de la politesse et au développement de l'individualisme encouragé par la "société d'ultra-consommation".

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Message Publié : 15 Avr 2008 23:01 
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Philippe de Commines
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Inscription : 05 Jan 2008 16:29
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Je peux comprendre ce débat "déclin-pas déclin" à l'écrit. Mais à l'oral, ça me laisse perplexe.

Vous pensez par exemple que le français qui se parlait dans la population au début du XXè siècle, par exemple dans les tranchées, était plus châtié que le français parlé dans la rue aujourd'hui ?

J'ai quand même un doute...

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Message Publié : 19 Avr 2008 12:00 
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Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 17 Oct 2003 18:37
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Je ne crois pas que la distinction écrit-oral soit si pertinente que cela pour évaluer la maîtrise de la langue. On peut parler de manière "vulgaire" à l'oral quand le contexte le permet, sans que cela signifie une moindre capacité à écrire correctement...
Les correspondances et les carnets des soldats de Quatorze, par exemple, montrent un niveau moyen de maîtrise du français dont on n'oserait pas trop rêver de nos jours; et je ne parle pas uniquement des florilèges du genre Paroles de Poilus qui, logiquement, ont gardé le meilleur.
Dans les cahiers-Mémoires rédigés par mon grand-père, né en 1923, je ne relève pas une faute d'orthographe par page grand format densément remplie... Il n'a que le Certif.
A comparer aux piteuses copies de seconde que ma fiancée corrige. En 6e, il y a vingt ans, ma prof de français m'aurait giflé pour moins que ça.
D'autre part il me semble voir, depuis cinq ou six ans, une forte augmentation du nombre de fautes grossières dans les documents imprimés de toute nature : livres, presse, sites Internet officiels (celui du club de football que je supporte se fend régulièrement de communiqués dont la nullité orthographique est aussi désolante que proverbiale), réclames. (Une faute en 4x3, ça fait mal aux yeux !)
Il y a certainement là une baisse des moyens affectés au contrôle.
Mais aussi des personnes pour commettre ces fautes,
Et d'autres pour avoir fait le choix d'abaisser les moyens de contrôle et donc que ce n'est pas grave : soit que le lecteur ne se rende compte de rien, soit qu'il s'en fiche.

En revanche, pour en revenir à la question historique de la responsabilité, je ne vois pas forcément de lien non plus entre le déclin du français dans son usage international et la perte de maîtrise de la langue par les Français eux-mêmes. Il doit y avoir plus à chercher du côté de la prépondérance systématique des matières scientifiques, aux dépens des littéraires, depuis les années... 60 ? 70 ? 80 ?


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Message Publié : 19 Avr 2008 12:54 
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Cuchlainn a écrit :
soit qu'il s'en fiche.


C'est une des explication. Pour je ne sais quelle raison, actuellement, mes gens qui écrivent mal peuvent s'en vanter. Je vois cela au boulot, sur les forums, dans les médias, dans la vie associative, bref, partout.

Et ils ne s'en privent pas : "on me comprend quand même !", "J'ai pas le temps de me relire !", "Ça n'a pas d'importance !". On en arrive presque à croire, à voir certains exemples médiatiques, qu'il faut faire des fautes d'orthographe et de grammaire pour être "IN". Et le gars qui fait la remarque est perçu comme "ringard". Mais, j'ai noté que la réaction contre cette pratique augmente.

Percevoir les causes, c'est plus difficile.
Il y à le fait que nous sommes passés d'une culture du stylo à une culture du clavier. Le temps de maîtriser ce nouvel outils explique certaines dérives. Mais, il y à aussi eu l'acceptation de ces dérives et peut-être une révolte contre un certain diktat du français juste. Sommes-nous au bas d'un cycle ? Au milieu des années 90 la dictée de Pivot réunissait les foules devant le petit écran. Apparemment, ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Mais le niveau a singulièrement baissé en peu de temps. L'Éducation Nationale aurait-elle tellement failli en 5 ans ? Je ne le pense pas. donc, l'explication est a recherché ailleurs.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 19 Avr 2008 12:57 
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Bon désolé, mais je vais évoquer mon expérience personnelle pour donner mon point de vue:

En primaire, collège, lycée ... j'étais nul en orthographe / grammaire, et surtout je m'en fichais totalement.
Parce que les programmes apprennent aux enfants les règles de français hors contexte. Je m'explique: je faisais tellement de fautes à mes dictés qu'on me les donnaient à recopier ... et là j'en faisais encore plus. Pas de manière volontaire, juste que je n'arrivais pas à me concentrer sur quelque chose dont le but était obscure.

A partir de la 2nd, puis de la 1ère nous avons commencé à faire du français: étonnement, j'ai commencé à être correct dans cette matière et j'ai terminé avec 17 au bac en français (note qui, je vous l'accorde, ne veux pas dire grand chose ... mais bon en 3ème j'étais plutôt autour de 5). Mon orthographe n'avait que peu progressé mais je comprenais enfin la beauté et l'utilité de la langue. Désormais, je m'appliquais aux tournures.

Enfin, une fois en faculté d'histoire ... après bien d'autres péripéties, j'ai encore mieux saisi -je crois- l'utilité du français. En plus de sa beauté, c'était un code (à l'instar du code de la route) qui permettait de ne pas froisser les autres en leur montrant du respect. Depuis, j'essaye de m'amender pour rattraper mes erreurs passées. Car arrivé en faculté d'histoire, je ne savais pas écrire !!!

Aujourd'hui je rame, mais mon niveau progresse doucement (même si il reste vraiment calamiteux).

Au final, la faute à qui pour le temps perdu: à moi ? Certainement ... aux programmes ? certainement ... aux professeurs ? certainement. Quand l'éducation nationale cessera de marteler les élèves avec des exercices débilitants et dénués de sens (ça vaut aussi pour l'Anglais, l'Allemand ...), peut être que le niveau de langue progressera. Je signale au passage, que je dis ça en toute sincérité et lucidité ... et pas pour me dédouaner (je ne suis pas vraiment un adepte de l'assistanat).

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"Un monde ne saurait être fictif par lui-même, mais seulement selon qu'on y croit ou pas." - Paul Veyne


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