Dom Calmet, J’accepte vos excuses. Si vous aviez lu l’article sur les Serments de Strasbourg sur Wikipédia, que j’avais mentionné, vous auriez mieux compris.
Merci à Alfred Teckel et Gérard pour toutes leurs précisions très pertinentes.
Dans ma précipitation à répondre j'ai en effet fait une erreur: ce sont Charles le Chauve et Louis le germanique qui prêtèrent serment d'assistance mutuelle contre Lothaire, dans la langue de l'autre. Ces serments débouchent en 843 sur le Traité de Verdun : partage de l'empire de Charlemegne entre ses trois fils.
Alfred Teckel a écrit :
dom calmet a écrit :
Si on me dit pas avant le XIIè siecle la réponse me satisfait .
Pour répondre à votre question, je vous renvoie à ce site (suisse) où l'on situe l'apparition de la langue populaire, ancêtre du français, au IXe siècle
http://www.latinistes.ch/Textes-etymolo ... n.htm#hautdont voici un extrait :
A la chute de l'empire romain, les Francs, d'origine germanique, étendent leur emprise sur la Gaule et adoptent le latin des populations locales.
Pépin le Bref puis Charlemagne, qui règna de 768 à 814, tentèrent de rétablir une forme d'empire romain et de revaloriser le latin classique. Charlemagne ouvrit des écoles où le clergé acquerrait, avec des rudiments d’instruction, une connaissance du dogme chrétien propre à instruire le peuple. L’enseignement s'y donnait en latin.
Mais le peuple avait perdu son latin. En quelques siècles, la langue avait en effet fortement évolué pour devenir une "langue rustique romane", et plus personne ne pratiquait le latin classique. En 813, le Concile de Tours prescrivit officiellement aux prêtres d’user de la langue rustique afin d’être plus facilement compris des fidèles.
L’Église encourageait ainsi les parlers populaires au détriment du latin classique. Ainsi, d’un côté l’effort scolaire et littéraire valorisait la tradition latine, de l’autre l’évolution linguistique naturelle et l’expansion du christianisme donnaient à la langue vulgaire une latitude qui ne cessa de s’étendre.
Dès le 9e siècle régnait donc le bilinguisme: le latin, essentiellement écrit, pour les élites, la vie intellectuelle, la littérature et l'administration; et les langues vulgaires, orales, pour le peuple. Puis la langue populaire passa aussi dans les textes. En 881, le récit du martyre de Sainte Eulalie est écrit en langue vulgaire: c'est le premier texte littéraire "français". Et la première grammaire destinée aux étrangers, l’Aprise de la langue française de Gautier de Bibbesworth, est rédigée vers 1290.
Le français, un patois local qui a réussi
Au cours du Moyen Âge, on parlait en France et dans les régions limitrophes des quantités de dialectes répartis en trois groupes principaux. Dans la moitié sud, pour dire "oui", on disait "oc". C'est le groupe de la langue d'oc, auquel appartiennent les dialectes gascon, provençal ou béarnais.Dans la partie nord, on disait plutôt "oïl" (qui a donné oui); le normand, le picard, le français du bassin parisien sont de cette famille. Enfin, au Sud-Est, dans la vallée du Rhône, en Savoie, en Suisse romande et dans le Val d'Aoste, on parlait des dialectes intermédiaires dits "franco-provençaux". La plupart des patois romands en font partie.
Ces dialectes locaux étaient pratiqués dans la vie courante et aussi dans la littérature. C'est ainsi que les troubadours méridionaux, très réputés, véhiculèrent la langue d'oc loin à la ronde. Mais l’administration royale s’infiltrait partout et imposa peu à peu la langue d'oïl, en l'occurrence bien sûr le français de Paris. Dès 1442, les États de Languedoc s’adressaient au roi en français. Et vers 1500, les milieux instruits du Midi étaient bilingues langue d'oc -- langue d'oïl. Au fil des siècles, les parlers d'oc et les parlers franco-provençaux furent ainsi rabaissés au statut de patois, tandis que le français de Paris devenait la langue officielle et écrite par excellence. Ceci d'autant que le développement de l’imprimerie, qui imposait l’unité de la langue, renforça encore la prédominance du français royal.
Si celui-ci jouissait encore, au 16ème siècle, d’une très grande liberté dans la phonétique et dans la syntaxe, il s'unifia et se normalisa au 17ème siècle avec la création de l'Académie et avec le triomphe de la notion de " bon usage ".
J'espère ainsi avoir répondu à votre question