Alceste a écrit :
A partir du 5e siècle on a vu arriver en Europe des lois venues des populations celtes ou germaniques qui privilégiaient la compensation plutôt que la punition. Evidemment ce système était fondé sur l'inégalité, chacun selon son âge, son rang social, son sexe avait son "vergelt", c'est à dire le prix versé en compensation du sang.
Très juste... Une des traces écrites que l'on en a est la loi Salique, loi des Francs saliens rédigée aux alentours du Ve siècle (avec des chapitres plus récents, et d'autres insérés plus anciens, de la fin du IVe siècle peut-être), alors qu'une vague de rédaction des lois des peuples "barbares" traversent l'Europe. Chaque peuple avait ses lois (personnalité des lois), ce qui fait que les Romains, même s'ils coexistaient sur le même territoire avec des Francs, suivaient un autre code de lois.
Le but de la Loi salique est de mettre fin au système de la faide (
faida), le système de vengeance privée, de justice personnelle, où le sang appelle le sang : le sang d’un homme était racheté par le sang d’un autre. Pour éviter ce cercle vicieux de meurtres, la Loi salique va punir le meurtre d’une compensation, versée à la famille, en réparation du tort subi.
Peu à peu, le système du
wergeld évolue vers un système d'amende, très codifié et où chaque tort est tarifé (arrachage d'une main, x sous ; arrachage d'un doigt, y sous ; arrache de deux doigts : etc.).
Le
wergeld est donc le prix de l’homme, la compensation ; son paiement à la victime ou à la famille de la victime est complété par le
fredum, une somme versée au roi (représentant de l’ordre public et celui-ci a été troublé).
C'est la loi écrite sous les Mérovingiens et (en théorie) appliquée. De même sous les Carolingiens, mais il est difficile de déterminer précisément dans quelle mesure elle était respectée. L'héritage du système des
wergeld barbares est, plus tard, aux Xe-XIe siècles, le versement des compensations matérielles pour clôre les phénomènes de représailles. Avec plus ou moins de succès, que ce soit au haut Moyen Âge ou plus tard, d'où la légende noire des cycles de vengeance et de la violence inhérente à la société médiévale.
Dans cette optique, vous pouvez regarder
La vengeance (400-1200) dir. par D. Barthélemy, F. Bougard et R. Le Jan (2003).
Enfin, sur le christianisme, les propos d'Alceste sont sans doute ironiques. N'est-ce pas ? Il est illusoire de distinguer d'une part la société barbare (surtout sa tête : celle qui codifie et écrit les lois) et d'autre part l'Église ou le christianisme en général, dans un monde où les deux marchent de pair. Certes, le droit coutumier des peuples barbares date sans doute d'époques où ces peuples n'étaient pas chrétiens, mais la codification de ce droit et son application telle qu'elle est visible dans les sources que l'on a datent d'après la conversion de ces peuples, et on peut penser que l'Église (qui n'est pas une instance tombée du ciel mais qui est bien composée des mêmes hommes que ceux qui sont "au pouvoir") a encouragé le mouvement, en tant qu'il pouvait permettre de pacifier la société. Par ailleurs, torture et peine de mort n'ont jamais disparu, je pense ?