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 Sujet du message : L'onomastique des Capétiens
Message Publié : 15 Déc 2013 16:41 
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Grégoire de Tours
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Bonjour à tous.
S'il y a un phénomène qui me frappe au Moyen-âge, c'est bien l'onomastique, d'une pauvreté et d'une répétitivité qui nous paraissent inconcevables de nos jours. Ça me frappe d'autant plus dans le cas des rois de France capétiens directs, où la dynastie commence par 1 Eudes, 2 Robert et 1 Hugues... et puis c'est tout, après ça, il n'y a plus que des Louis et des Philippe, et des Philippe et des Louis.
Je schématise, bien sûr.
Il n'en reste pas moins que si on considère les prénoms donnés aux garçons depuis Robert le fort, marquis de Neustrie, jusqu'à Charles IV le bel, dernier Capétien direct, on constate que sur les 10 prénoms utilisés, seuls 3 (Robert, Louis et Philippe) ont été portés par plus d'un roi.
Par ailleurs, on constate que 2 de ces 3 prénoms les plus portés (Louis et Philippe) n'apparaissent qu'au bout de 2 siècles, tandis que les prénoms traditionnels de la famille (Eudes, Hugues et Henri) disparaissent totalement en 3 siècles.
Je m'étais amusée à en faire un graphique statistique, que voici:
Image
Je suis frappée par le décalage entre le répertoire de prénoms disponibles et l'utilisation qui en a été faite...
Quelqu'un en sait plus? Y a-t-il des livres ou des études à ce sujet?
Merci d'avance.

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Message Publié : 16 Déc 2013 1:08 
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Jean Froissart
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Le prénom Philippe donné au roi de France vient au départ, il faut le noter, du mariage avec une princesse russe, qui influença sur le choix du prénom Philippe ( Philippos est un prénom grec/byzantin)

Wikipedia a écrit :
Philippe est sans doute le premier prince en Europe occidentale à recevoir ce prénom qui allait se perpétuer jusqu’à nos jours. Il le doit à sa mère, Anne de Kiev.



Le choix des prénoms royaux était confié à qui ? Le père/roi régnant, la Mère/reine ou bien y avait -il une concertation du conseil proche de la famille royale ?

ET que dire du choix des prénoms des filles des capétiens ? qui a l'air à première vue beaucoup plus varié...

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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès, in Hérodote,

L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
Émile Ollivier, l'Empire libéral.
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Message Publié : 16 Déc 2013 12:17 
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Grégoire de Tours
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Camille l'uchronique a écrit :
S'il y a un phénomène qui me frappe au Moyen-âge, c'est bien l'onomastique, d'une pauvreté et d'une répétitivité qui nous paraissent inconcevables de nos jours.


Pour affirmer cela, il ne faut oublier que le Moyen Âge dure 1000 ans et ne pas fréquenter les sources du premier Moyen Âge. Il est vrai qu'à partir du XIe siècle, le stock onomastique se resserre. Les noms princiers suivis par les noms apostoliques, puis les noms de saints, constituent la majeure partie des noms portés. Cela illustre les mutations en cours alors : renforcement des principautés territoriales, des liens d'homme à homme, affermissement du Christianisme.

Concernant les pratiques onomastiques des Capétiens, la désaffection de certains noms s'explique par les faits précis : Hugues, roi sacré du vivant de son père Robert le Pieux, meurt avant celui-ci, rendant ce nom très dure à porter pour un héritier. Henri Ier trouve plus prestigieux d'affirmer l'ascendance byzantine (et donc impériale) de sa descendance et met en avant le nom de Philippe. Le nom Henri, qu'affectionne les princes allemands tombe en désuétude en France, bien qu'il appartient à l'onomastique franque depuis le VIIe siècle et à l'onomastique robertienne depuis le VIIIe siècle.
Eudes, du fait de son caractère avunculaire, n'est pas utilisé pour les héritiers et disparait rapidement pour la branche aînée.


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Message Publié : 16 Déc 2013 13:47 
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Grégoire de Tours
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Oulligator a écrit :
Le prénom Philippe donné au roi de France vient au départ, il faut le noter, du mariage avec une princesse russe, qui influença sur le choix du prénom Philippe ( Philippos est un prénom grec/byzantin)
En effet! Je l'ai découvert en cherchant (sur Wikipédia moi aussi) pourquoi l'irruption de ce prénom Philippe.
Citer :
Le choix des prénoms royaux était confié à qui ? Le père/roi régnant, la Mère/reine ou bien y avait -il une concertation du conseil proche de la famille royale ?
J'ai lu quelque part, mais je saurais plus dire où, qu'on donnait généralement à l'enfant un prénom issu de la famille de celui de ses deux parents qui est le plus prestigieux, le plus haut dans la noblesse. Mais j'ignore si c'était systématique.

Laurent Frédéric a écrit :
Camille l'uchronique a écrit :
S'il y a un phénomène qui me frappe au Moyen-âge, c'est bien l'onomastique, d'une pauvreté et d'une répétitivité qui nous paraissent inconcevables de nos jours.

Pour affirmer cela, il faut oublier que le Moyen Âge dure 1000 ans et ne pas fréquenter les sources du premier Moyen Âge.
Vous êtes dur.
Et je ne suis pas historienne, je ne suis qu'amatrice.
Cependant, il est vrai qu'à l'époque mérovingienne par exemple, on constate plus de prénoms différents donnés au sein d'une même famille qu'à l'époque robertienne et capétienne. À un moment donné, le nombre de prénoms utilisés au sein d'une même famille semble avoir diminué. En connaissez-vous la raison?

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Message Publié : 16 Déc 2013 16:25 
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Grégoire de Tours
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Localisation : Belsa
Concernant les modes de transmission des noms pour la période allant du VIe au Xe siècle, vous pouvez vous reporter à la thèse de Régine LE JAN, Famille et pouvoir dans le monde franc, Paris, 1996. Elle y explique les mécanismes à l’œuvre, où l'on favorise les noms portés par les parents par le sang les plus prestigieux. Porter le nom d'un personnage illustre, c'est bénéficier de sa puissance rélle ou symbolique : Karl Ferdinand Werner a naguère démontré que la présence du nom Garnier dans la belle-famille du vicomte d'Angers Foulques le Roux lui avait permit de légitimer ses prétentions sur le comté de Nantes, autrefois détenu (jusqu'au milieu du IXe siècle) par la famille des Garnier-Gui-Lambert, à laquelle il peut ainsi se rattacher.

Les travaux du groupe de recherche "d'Azay-le-Ferron", baptisé Genèse médiévale de l'anthroponymie moderne ont longuement analysés les évolutions allant de l'époque carolingienne à la fin de Moyen Âge. Comme expliqué plus haut, on adopte souvent les noms des princes locaux : Guilhem et Raimond en Languedoc, Guillaume et Robert en Normandie, etc...

Les noms qui cessent d'être attribués cessent du même coup d'être transmis et disparaissent. Les parrains participent aussi au choix des noms, ainsi le comte Robert, futur roi, donne son nom au chef scandinave Rollon. Mais ce phénomène reste très minoritaire et n'est connu que dans les grandes familles. Des noms deviennent indignes, tel Ganelon, définitivement banni à cause de la Chanson de Roland.


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Message Publié : 16 Déc 2013 19:02 
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Grégoire de Tours
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Très intéressant! Et merci pour la référence d'ouvrage, il devrait m'en apprendre plus.

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Message Publié : 09 Jan 2014 14:43 
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Philippe de Commines
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Ceci se retrouve en Angleterre. Il est noter que l'enfant peut changer, ou prendre un des ses prénoms lorsqu'il et amené à régner : Albert devient un Xème Edouard etc.
Pour les filles aussi : du prénom composé, on ne retient qu'un prénom (les filles de Louis XV, celles de Marie-Thérèse d'Autriche par exemple).
Au Royaume-Uni comme outre-Rhin, les surnoms sont fréquents (Fichgen pour la future Catherine II, Fritz, Adini, Lili, Kostia, Slava, Alicky etc).
En France, ce sont les adjectifs accolés au prénom royal ou autre qui font la différence : le bel, le long, le hutin, le juste, le bon, le fol, le téméraire etc.

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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Message Publié : 12 Jan 2014 11:32 
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Grégoire de Tours
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gaete59 a écrit :
Ceci se retrouve en Angleterre. Il est à noter que l'enfant peut changer, ou prendre un des ses prénoms lorsqu'il et amené à régner : Albert devient un Xème Edouard etc.
Ça s'est vu en France aussi, où le roi Henri III se prénommait à sa naissance Édouard, d'après son parrain Édouard VI d'Angleterre, avant de choisir de prendre le prénom de son père lors de sa Confirmation; cependant il me semble qu'on est complètement hors-sujet, là...

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