Le problème, c'est que si on ne fait pas clairement la différence par l'orthographe, c'est aussi parce que la pensée elle-même est confuse. Je précise que je suis moi-même une brelle en grammaire, je ne sais pas ce qu’est un COD par exemple.
Dans un atelier, vous mettez un panneau au dessus de l'établi où il est écrit: "Rangé tous les jours, merci!" ou "Ranger tous les jours, merci!", il y a un fossé qui peut être aussi large que celui qu'il y a entre des félicitations et une admonestation.
Pour le lecteur qui ne fait pas la différence, son ressenti pourrait lui faire tout drôle.
J'ai travaillé en Alsace. J'avais déjà remarqué que beaucoup de gens dans mes équipes utilisaient indifféremment "ferai" ou "ferais". À l'usage, je me suis rendu compte que ce n'était pas une faute d'orthographe, c'est vraiment que dans leur conception, il n'y avait pas de frontière nette entre le conditionnel et le futur. Quelque chose qui n'a pas eu lieu, quoi. Sans degré de certitude.
En interrogeant plus à fond, l'un m'avait expliqué que cela tenait à la structure de leur pensée, car en Allemand et en Alsacien, le conditionnel se construit très différemment. Ne parlant ni l'une ni l'autre langue, je ne sais pas ce que vaut cette théorie.
D’ailleurs, il ne faut pas croire que la langue française soit la plus précise. Mes collègues slaves trouvent qu’en français ils perdent de leur capacité didactique, parce que la perte des déclinaisons introduit des flous. Le professeur a puni les élèves qui étaient dissipés. Tous les élèves ont-ils été punis, ou seulement quelques-uns ?
ThierryM a écrit :
Mais, de toute façon, si la réforme orthographique n'est pas validée dans le cadre d'un large consensus, elle est vouée à l'échec. Certes, "on" (que ce soit l'Académie française, le gouvernement, des professeurs) peut décréter qu'on va écrire de telle ou telle façon, si une part importante des locuteurs ne l'accepte pas, la réforme ne se fera pas. Personnellement, la réforme orthographique qui vient d'en haut, je n'y crois absolument pas. C'était possible au début de la Troisième République avec une volonté normative
Moi, 80 ans après
1984 d'Orwell, je ne comprends même pas que des gouvernants osent sans honte s'arroger le droit de modifier la langue pour la simplifier. Si j'étais à leur place, et même si les raisons de le faire étaient les meilleures du monde, je m’abstiendrais rien qu’à cause de l’insupportable analogie.