Avez-vous remarqué la prolifération de la clausule "On va dire" qui ponctue les propos de nos contemporains? Ou bien "En fait" ?
Alors que l'on assiste à un glissement du sens de "Trop" (qui, logiquement, devrait signaler un excès dommageable, donc à éviter ou à modifier en diminuant la dose : "Il est trop gentil" = enlevons-lui donc un peu de sa gentillesse et encourageons-le à se montrer plus méchant... pour qu'il soit parfait!).
A l'autre bout de la chaîne, un autre tic pléthorique : "Un (tout)(petit) peu..." qui débouche sur des aberrations du type "Ce cas est un peu parallèle...".Qui aurait épinglé d'autres tics de langage?!

Ce ne sont que des scories (mot appliqué autrefois à moi même par un de mes profs ...) qui s'éliminent à mesure que le sujet progresse en langue et en expression.
Certains ne progressent pas ...
J'ai entendu des gens très intelligents et compétents avoir pourtant de véritables tics de langages, bien que moins marqués et ayant plus de sens (c'est alors la cohérence d'un discours qui se forme avec des mots-clés récurrents).
Par exemple "Finalement" après avoir brossé le tour d'une situation ou description, afin de dépasser les simples apparences pour tenter une synthèse du fond, peut être un "tic". Pourtant, il n'est pas question de "fin" ...
D'un autre côté, j'ai eu des profs censés être très compétents (anciens normaliens professeurs de chaire), qui n'avaient effectivement aucun "tic", mais qui avaient des discours tout à fait soporifiques ... peut-être que ces tics ont parfois une utilité : fonction phatique envers l'interlocuteur ?

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Celluy est saige, (...) qui ne congnoist ennemy que soy-mesmes et qui tient sa volunté et son propre conseil pour suspect. - Marguerite de Navarre

Un tic du moment propagé à outrance par les journalistes est l'emploi à tort et à travers du mot éponyme, qui devient sous leur plume ou dans leur bouche un synonyme d'homonyme , dénaturant ainsi le sens bien précis de cet adjectif.

Ecoutez bien et vous aurez droit à votre ration de romans éponymes, lieux éponymes, films éponymes :x , l'habitude d'ouvrir son dictionnaire face à un mot rare s'étant visiblement perdue .

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Sébastien

On veut surtour avoir l'air intelligent sans avoir fait l'effort d'apprendre vraiment ...

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Celluy est saige, (...) qui ne congnoist ennemy que soy-mesmes et qui tient sa volunté et son propre conseil pour suspect. - Marguerite de Navarre

C'est vrai! Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire...
D'accord, mais on ne peut toutefois poser comme principe "discours truffé de scories = discours passionnant" et "discours débarrassé de tics = discours soporifique".
Quant à "finalement", on lui substitue trop souvent "au final"...
Autres tics répandus :
Opportunité (mis pour "occasion" ; le sens premier indique "le caractère opportun, souhaitable" de quelque chose, l'autre sens (également homologué, mais en énième position) ressemble trop à un anglicisme (opportunity = occasion).
Initier (un initiateur [=une personne] peut initier un futur initié [=une autre personne] [le processus constitue l'initiation], mais on ne peut "initier" une campagne, un chantier, un programme, etc.!

Tout à fait, mais vous m'avez compris ... Quand on connait certains tics d'une personne, on la comprend mieux, ce qui est peut-être pas inutile ...
Quant aux anglicismes, vous ne viendrez pas au bout de la liste et elle s'allonge tous les jours !!
Autre anglicisme : "générer" (generate) pour engendrer.
Au point de vue de la syntaxe, un prof de linguistique nous a fait remarquer que depuis 20 ans, on antéposait beaucoup plus les adjectifs, certainement sous l'influence de l'anglais et des journalistes (connus pour leur usage opportuniste :wink: de la langue ...).

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Celluy est saige, (...) qui ne congnoist ennemy que soy-mesmes et qui tient sa volunté et son propre conseil pour suspect. - Marguerite de Navarre

Autre expression qui semble vouloir se faire une place: "point d'orgue"... J'en ai parlé ailleurs pour m'interroger sur le sens nouveau qu'on semble lui attribuer... et que rien ne justifie!

On l'emploie souvent, c'est vrai, dans le sens de "moment fort", "clou", sans que cela soit justifié, j'en suis moi aussi pleinement conscient en tant que musicien (très) amateur, depuis mon enfance et mes classes de solfège ...

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Comme tics oraux qui m'agacent toujours :

"Le problème c'est que..." qui est d'un lourdingue, sans que derrière la situation décrite soit si problématique que celà.

Et puis le classique "nous avons deux alternatives" et l'orateur d'énoncer à la suite deux possibilités alors qu'il vient d'en annoncer quatre...

On pourrait dire un mot aussi de la prolifération contemporaine des oxymores.

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"Lisez, éclairez-vous, ce n'est que par la lecture qu'on fortifie son âme." - Voltaire
"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron

... ou le ridicule "Vous n'êtes pas sans ignorer que..." (mis pour "Vous n'êtes pas sans savoir que..." ou "Vous n'ignorez pas que...").

Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, livre XXXI, chapitre 2, Conclaves, Ed. Gallimard La Pléiade, tome II, p.312

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Tous les désespoirs sont permis

Il faut croire que la Papauté n'est ni une campagne, ni un chantier, ni un programme... du moins "outre-tombe"!
Autant pour moi, cher René!

Comme je l'avais déjà fait remarquer, ces sens anglicisants d'initier et de tant d'autres mots (confort, humour, etc.) sont effectivement déjà présents dès le XIXe s..

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Celluy est saige, (...) qui ne congnoist ennemy que soy-mesmes et qui tient sa volunté et son propre conseil pour suspect. - Marguerite de Navarre

Un des pires tics de langage que je connaisse, c'est le "au jour d'aujourd'hui" qui constitue une expression désignant trois fois le même mot !

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"Namēchtlapaloa, namēchciyauhquetza, namēchciyappōhua.": Je vous salue, je vous souhaite la bienvenue, je vous encourage.

Excellent exemple en effet.
hodie latin (ce jour) --> hui en AF = "aujourd'hui" (qui est déjà redondant).

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