Karolvs a écrit :
Il semblerait pourtant que sa théorie colle avec les découvertes des généticiens des populations...
Alors ?
C'est simple. Tout d'abord Ruhlen a regroupé de nombreuses langues géographiquement voisines, ce qui bien sûr correspond à une proximité génétique des populations : il fait regroupe ainsi les langues d'Amérique (famille amérinde), les langues d'Asie du Sud-Est (famille austrique), les langues d'Australie (famille australienne), etc. Normal que ça corresponde en gros à la classification des populations. Mais dans le détail il y a aussi des différences : les Éthiopiens ne sont pas génétiquement proche des autres locuteurs de son eurasiatique, les Lapons diffèrent des Ouraliens, les Tibétains se retrouvent dans le même groupe que les eurasiatiques alors que linguistiquement ils appartiennent au groupe sino-tibétain, etc. De toute façon la classification de Cavalli-Sforza utilisée ne fait pas l'unanimité, il y a de nombreux problèmes. Il faut aussi noter que Ruhlen et Cavalli-Sforza travaillent ensemble dans la même université, on comprend mieux alors que leurs travaux en viennent à des conclusions similaires.
Ensuite il faut distinguer deux questions très différentes :
1- Ruhlen a-t-il raison, ses hypothèses sont-elles vraies?
réponse : peut-être, mais l'état de nos connaissances ne nous permet pas encore de le dire. Il y a sûrement une part de vrai, ses hypothèses recoupent d'ailleurs certains travaux indépendants et qui utilisent d'autres méthodes.
2- Ruhlen a-t-il démontré scientifiquement ses hypothèses?
réponse : clairement non! Les travaux de Ruhlen ne sont pas acceptables car ils s'appuient sur des méthodes non scientifiques, et qui donc ne prouvent rien. Émettre une conjecture est une chose, démontrer une hypothèse en est une autre.
En résumé les défauts de la méthode de Ruhlen sont les suivants :
- ils ne suivent pas la procédure établie pour prouver la parenté des langues
-la méthode de Ruhlen ne permet pas de distinguer les mots empruntés des mots hérités d'un ancêtre commun
-il ne tient pas compte de la part de coincidence dans les ressemblances qu'il constate
-la notion de ressemblance est subjective et il ne la définit pas. Par exemple il compare pour "téter" des mots qui veulent dire "seins", "avaler", "mâcher", "mouiller ses doigts", "larynx", "nuque", "joue", "chute d'eau", "gouttière" et des formes comme mlg, mälke, mellu, umlix, maljaqe, mekkap, etc. Bref il compare un peu tout et n'importe quoi, c'est facile de trouver une vague ressemblance quand on en cherche une
-il ne connaît pas les langues dont il parle et commet donc des erreurs dans le traitement et le présentation des données (traductions fausses, analyses des mots erronées, etc)