Batiste a écrit :
Effectivement, la lettre "Y" n'existe pas en latin.
Par souci d'exactitude, il me faut nuancer cette affirmation. Cette idée reposait sur le fait que je n'avais encore trouvé cette lettre dans aucune inscription ancienne (bien que je n'en ai pas vu des milliers) et sur le fait que les Romains cultivés utilisaient très souvent l'alphabet grec lorsqu'ils employaient des expressions issues de cette langue, ce qui d'après moi leur a permis pendant un bon moment de ne pas avoir besoin de la lettre Y en latin. Après avoir remarqué que Cicéron utilisait souvent cette lettre dans les
Philippiques, principalement pour des noms propres venant du grec (Cydas, Lysiadès, Ityréens, L. Varius Cotyla, etc), j'ai fait une petite recherche pour voir si la lettre avait ou non fini par être intégrée à la langue latine.
Selon René Cagnat (
Cours d'épigraphie latine, p. 3-4), l'alphabet utilisé dans les inscriptions latines du dernier quart du Ve et dans celles du VIe siècle de Rome (approximativement entre 280 et 150 av. J.-C.) ne comprenait que 21 lettres : les mêmes que celles de notre alphabet d'aujourd'hui mais sans le J, le U, le W, le Y et le Z. Selon lui, "cet alphabet de vingt-et-une lettres (...) est l'alphabet de la période républicaine. Vers la fin du VIIe siècle de Rome [donc au milieu du Ier siècle av. J.-C.] on y introduisit deux nouvelles lettres, pour la transcription des mots, grecs, le Y et le Z. Dès lors l'alphabet compris vingt-trois lettres, nombre qui persista pendant toute la durée de l'Empire". Plus loin, ce grand épigraphiste précisait que le "Y" était également employé en écriture cursive, comme l'attestent des inscriptions pariétales retrouvées à Pompéi.
Il n'est donc pas tout à fait exact de dire que la lettre "Y" n'existait pas en latin, bien qu'elle ne soit apparue que tardivement et n'ait été employée que dans des mots d'origine étrangère, comme dans le nom "Phrygia" cité plus haut.
Pour ma part, je pense que l'orthographe à privilégier si l'on veut faire preuve de rigueur est "Sulla", bien que la variante "Sylla" soit tolérée. Si l'on en croit les dates avancées par René Cagnat, l'adoption du Y semble à peine plus tardive. En outre, il ne s'agit pas à ma connaissance d'un nom d'origine grecque.
La question qui pourrait également être posée, pour rester dans le même sujet, c'est le choix de certains historiens d'appeler le futur Auguste soit Octave soit Octavien : tandis qu'une majorité d'historiens prend le parti de l'appeler Octavien à partir de son adoption, j'ai pu voir que certains refusaient délibérément de le faire et affirmaient que c'était injustifié, préférant ainsi continuer de l'appeler Octave jusqu'à ce qu'il devienne Auguste. C'est notamment le cas de Philippe Remacle, traducteur des livres III et IV des
Guerres civiles d'Appien dans la collection "La Roue à Livres" (Belles Lettres).