OGOTEMMELI a écrit :
Babel : auriez-vous des connaissances à partager sur "les points de contact entre langues sémitiques et indo-européennes"?
À l'époque historique, de nombreuses langues ont été influencées notamment par l'arabe, qui s'est répandu avec l'islam.
Au niveau préhistorique, on observe des parallèles multiples. Un exemple lexical de mémoire : taureau, bison IE *tauro / sémitique *ṯaur (=*θaur).
Il y a 2 hypothèses :
1- les similarités observées sont le fruit d'emprunts et de coïncidences ; mais s'il y a emprunts, il y a contact prolongé, ce qui est intéressant pour retracer la préhistoire de ces peuples
2- toutes ces langues sont apparentées : c'est l'hypothèse de la macro-famille dite "nostratique" qui rassemblerait indo-européen, afro-asiatique, ouralique, "altaïque", kartvélien, dravidien (et d'autres encore selon les différentes versions de la théorie) ; c'est une hypothèse très discutée, certains points sont plutôt prometteurs, d'autres seront sans doute abandonnés.
zheng he a écrit :
Mais même si les langues évoluent au cours du temps, et si quelques ressemblances éparses ne prouvent rien, il me semble quand même que si la langue A a plus de similitude avec la langue B qu'avec la langue C, c'est qu'elle est plus proche génétiquement de la première que de la seconde, non?
Pas forcément. Par exemple si A et B sont apparentées, elles ont tendance à diverger après leur séparation et à devenir de plus en plus différentes. D'un autre côté, si B et C qui ne sont pas apparentées cohabitent pendant plusieurs siècles, elles vont converger et arriver à un degré de ressemblance élevé. Il est ainsi possible que B et C en viennent à être plus ressemblants que A et B.
Un exemple concret : les langues thai ressemblent beaucoup au chinois (monosyllabisme, tons, lexique commun, peu de morphologie, langues isolantes) au point que les premiers chercheurs pensaient que ces langues étaient apparentées. Or on sait aujourd'hui que ces points communs sont le fruit d'une convergence. Les langues thai sont en fait sans doute apparentées aux langues austronésiennes, pourtant très différentes (pas de tons, polysyllabisme, morphologie).
Citer :
d'autre part, les similitudes ne doivent pas seulement être cherchées au niveau des racines, mais aussi des structures grammaticales et autres.
D'où mon étonnement que l'on rapproche les langues IE des langues altaïques plutôt que des langues sémitiques.
En fait ce qu'on recherche, ce ne sont pas des similarités mais des correspondances régulières. Pour la grammaire, oui c'est la meilleure preuve de parenté, mais ce qu'on compare, ce ne sont pas des propriétés, mais des éléments concrets (affixes, ablaut, etc)
Citer :
On sait que le basque, par exemple, contient un grand nombre de racines IE, pourtant ce n'est pas une langue IE. Elle se rapprocherait plutôt, selon certains, du groupe finno-ougrien; et ils se basent notamment (mais sans doute pas uniquement), pour affirmer cela, sur le fait qu'elle est agglutinante comme ces dernières.
C'est ce que je dis juste au-dessus : on ne peut pas comparer des propriétés, des caractères de la langue (ici le caractère agglutinant), mais des formes linguistiques concrètes (marques des fonctions grammaticales, formes verbales, etc)
Citer :
Mais on pourrait peut-être commencer par se demander, justement, sur quoi l'on se base pour affirmer qu'une langue ou groupe de langue est plus proche de tel(le) autre que de tel(le) autre. Quels sont les types de similitude ou de groupe de similitudes qui permettent de conclure et ceux qui ne le permettent pas?
On démontre la parenté en montrant la présence de correspondances phonologiques régulières dans les paradigmes ou les formes grammaticales et dans le vocabulaire de base.
Par exemple : les formes du verbe "être" en sanskrit, grec et latin
1e p sing : ásmi / eimí / sum
2e p sing : ási / eĩ, essí / es
3e p sing : ásti / estí / est
On voit bien un schéma commun :
1e p : m
2e p : s
3e p : t
Et on peut établir les correspondances suivantes
Sanskrit / Grec / Latin
a / e / e
s / s / s
t / t /t
m / m / m
On retrouve ces correspondances dans le vocabulaire de base :
a / e / e : manger : ad / edō / edō
s / s / s : os : asthan / ostoun / os
t / t / t : trois : tri / treis / trēs