Voici le lien une présentation des recherches en linguistique historique ayant permis d'établir la parenté génétique de l'égyptien ancien, du copte et de langues négro-africaines contemporaines :
http://www.ankhonline.com/langue1.htm
Quelques extraits :
Théophile OBENGA a écrit :
L'auteur de la première grammaire égyptienne, Champollion, était pleinement convaincu que "la langue égyptienne antique ne différait en rien d'essentiel de la langue vulgairement appelée copte ou cophthe ; que les mots égyptiens écrits en caractères hiéroglyphes sur les monuments les plus antiques de Thèbes, et en caractères grecs dans les livres coptes, ont une valeur identique et ne diffèrent en général que par l'absence de certaines voyelles médiales, omises dans l'orthographe primitive" (Champollion le jeune, Grammaire égyptienne, Paris, Firmin Didot, 1836, P. XVIII. Mots soulignés par l'auteur.
Champollion veut dire que l'égyptien pharaonique et le copte constituent une seule et même langue ; que le copte, écrit avec l'alphabet grec, est l'égyptien vocalisé ; qu'il est par conséquent possible de vocaliser l'égyptien ancien à partir du copte ; qu'il est éminemment arbitraire de négliger le copte dans les études de grammaire pharaonique.
Mais l'égyptologie n'a pas travaillé dans le sens indiqué initialement par Champollion lui-même. On a fait d'autorité de l'égyptien ancien une langue sémitique. On a évacué silencieusement le copte des études linguistiques égyptiennes. Ici, l'égyptologie a péché par présomption et par orgueil raciste : les civilisations de la Vallée du Nil égypto-nubienne, toutes ensemble, ne pouvaient être ni africaines (géographiquement parlant) ni du monde noir (culturellement s'entend).
Théophile OBENGA a écrit :
Le fait linguistique africain est varié et divers, mais du Point de vue de la linguistique historique, trois grandes familles se dégagent nettement, distinctement : a) le négro-égyptien, b) le berbère et c) le khoisan.
Il n'existe pas de langues "chamitiques" ou "hamitiques" sur le continent africain. Dès lors, le "chamito-sémitique" ou l'"afro-asiatique" demeure une pure illusion linguistique. L'égyptien, pharaonique et copte, ne peut pas être inclus dans le sémitique en tant que classe, groupe ou branche, comme c'est le cas pour l'ugaritique, l'accadien, le babylonien, le phénicien, l'hébreu, l'arabe, le sudarabique, etc. Aucun sémitisant compétent ne considère l'égyptien, pharaonique et copte, comme une langue sémitique, de loin ou de près. Le berbère, quant à lui, ne se trouve pas non plus génétiquement lié à la langue égyptienne, pharaonique et copte. C'est un abus, plutôt une erreur, que de faire du sémitique, de l'égyptien et du berbère des groupes linguistiques d'une même famille. En réalité, aucun savant ne l'a fait, selon la seule méthode en vigueur dans de telles études, c'est-à-dire la méthode de la linguistique comparative et historique ou encore évolutive, diachronique.
Le colloque du Caire (1974) avait tranché ce faux débat, en recommandant d' "établir toutes les corrélations possibles entre les langues africaines et l'égyptien ancien", puisque la langue égyptienne, pharaonique et copte, sortait d'elle-même du cadre des langues sémitiques et berbères. Au cours de ce travail, nous avons précisément démontré la non-réalité de la famille " afro-asiatique ", en nous situant sur le plan strict de la linguistique historique.
En revanche, nous avons pu reconstruire le négro-égyptien, soit la langue primitive commune aux langues historiquement attestées que sont les langues égyptienne, couchitique, tchadique, nilo-saharienne, nigéro-kordofanienne, toutes langues anciennes et modernes, parlées par les peuples noirs d'Afrique, depuis la vieille Égypte pharaonique, et toutes unies génétiquement lorsqu'on les compare de façon serrée et adéquate sous tous les angles, phonétique, phonologique, morphologique, grammatical, lexicologique.
Sans la contribution éclairante de la langue égyptienne, pharaonique et copte, qui demeure le sanscrit de la linguistique générale africaine, il est radicalement impossible d'entrevoir la profonde unité génétique des langues négro-africaines, leur dimension historique, temporelle.
Pour sortir la linguistique générale africaine des redites et impasses actuelles de même que de son statut mineur séculaire - celui des descriptionsstandard sans fin et sans projet linguistique précis, puisque la comparaison est constamment évitée, écartée ou ignorée -, il faut nécessairement prendre en compte la langue égyptienne, pharaonique et copte, qui doit désormais avoir sa place dans l'Université africaine, à côté du grec et du latin, de l'arabe, du dravidien, etc.
Il est dans l'ordre des choses possibles que l'intelligentsia africaine bâtisse rapidement, en Afrique même, une linguistique générale et historique à partir des langues des divers peuples africains. Ce serait là un immense apport à la linguistique générale mondiale dont l'ambition scientifique et culturelle, depuis Ferdinand de Saussure, reste l'exploration et la constitution des familles linguistiques du monde dans le cadre d'une sémiologie totale. Ce fut aussi le désir ardent de Humboldt, de Benveniste en Europe, de Peirce aux États-Unis.
Notre travail, modeste, se présente néanmoins comme le dévoilement même de l'univers linguistique africain, désormais uni sous le regard panoramique du temps historique et culturel des sociétés africaines, depuis l'Egypte antique.
En renouant de la sorte avec le fil de l'histoire, la leur propre, les langues africaines, réunies dans une famille reprise cependant par chacune d'elles au cours des temps, dessinent alors une structure globale qui les projette ensemble vers la linguistique mondiale en tant que groupes et branches d'une seule et même famille linguistique.