Duduche19 a écrit :
Ce topic a plus sa place dans le thème "Langues anciennes et épigraphie".
Les langues africaines en question sont bien contemporaines. Quant à l'épigraphie, elle étudie les inscriptions anciennes, en vue notamment de les déchiffrer. Or je n'envisageais rien de tel, conscient que probablement personne ici ne sait, ni lire, ni écrire le Bassa (ou le Nsibidi, ou le Vai, ou le Kiduma, ou le Bambara, etc.), pour en déchiffrer quelque inscription.
Je voulais plutôt faire observer qu'il existe des systèmes d'écriture endogènes en Afrique Noire (en donnant des exemples documentés) ; contrairement à une idée fausse, si répandue, qui en fait un pays de l'oraliture exclusivement.
Puis, j'aurais proposé de discuter des raisons pour lesquelles tant de systèmes scripturaires négro-africains se sont étiolés, atrophiés ; au point qu'aujourd'hui ils sont en voie (inexorable?) de disparition totale.
Mais, je vois que vous avez été exaucé, en espérant vivement que cela vous incite davantage à contribuer de façon positive (et non "obstructive") à ce topic...
Duduche19 a écrit :
Mais il ne faut pas en faire une généralité. En Afrique de l'ouest, l'écriture n'avait quasiment pas de place. Il y avait des traditions orales.
Dans le premier lien que j'ai donné, vous trouverez une carte de l'Afrique sudivisée en cinq régions (Sud, Ouest, Nord, Est, Centre), dont chacune comporte des systèmes scripturaires autochtones.
Dans l'extrait du lien BNF, vous avez quatre systèmes scripturaires ouest-africains : Vai, Bambara, Mende, Dogon. Par conséquent, on peut affirmer que
l'écriture est/était un phénomène "généralisé" en Afrique, notamment en sa partie occidentale. La question qui se pose alors consiste en la datation de ces phénomènes : sont-ils plus anciens (comme je le pense...) que ce qui est généralement admis ?
Un ivoirien,
Tapé Brouly Bouabré, a inventé un système d'écriture il a y quelques décennies dans les conditions suivantes (succintement) :
Il assista à une conférence donnée par Cheikh Anta Diop dans les années 1970 au Sénégal (je pense que c'était à la suite du Colloque du Caire de 1974, sauf erreur), où le sujet de l'écriture africaine avait été abordé.
Très stimulé par ce qu'il avait retiré de cette conférence, il entreprit de considérer plus attentivement des objets inscrits répandus dans un endroit de son village natal, avec lesquels il jouait étant enfant. Il y retourna en recueillir, et essaya pendant des années de les comprendre, d'en déchiffrer le "mystère". Il se rendit compte alors que cela pouvait être des reliques d'un alphabet endogène, d'un système de signes déterminé.
Ses recherches le conduisirent à inventer une écriture à partir de ces fossiles inscrits. Et il s'agit bien d'une invention, puisqu'il n'est pas prouvé que le nouvel appareil de signifation créée par Bouabré correspond rigoureusement à celui (disparu, disparate?) dont l'auteur s'est inspiré. Ainsi le système de Bouabré est certes récent, mais il repose sur le retraitement d'ostraca dont il reste à dater l'ancienneté...
[Nota : cette question a bien pu avoir été reglée depuis, car il y a fort longtemps que je m'y suis intéresé...]
Par ailleurs, on connait également le cas de Simon Kibangui, au Kongo, dont l'invention semble ne pas avoir été ex-nihilo. En tout cas, des traces d'écriture autochtone sont attestées au Kongo au moins depuis le XVIème siècle...