cleon de b. a écrit :
OlivierT a écrit :
- une guerre juste.
Reste à définir ce qu'est une guerre juste.
Mais cela a été fait, et il y a bien longtemps, et par l'Eglise elle-même... En effet, si beaucoup de textes suggèrent que l'Eglise des premiers siècles, qui n'avait pas la responsabilité du pouvoir (celle des martyrs et des catacombes...) se montra très critique envers la guerre et le métier des armes, quelles que fussent les conditions de son exercice, les choses changèrent avec la christianisation du pouvoir au IVe siècle, et sur le plan de la pensée, avec Saint Augustin pour qui, à côté des soldats du Christ chargés de combattre les
ennemis invisibles, peuvent légitimement agir et exister les soldats du prince, chargés de combattre les
barbares visibles. Pour lui, une guerre peut être juste s'il s'agit de se défendre ou de rétablir la paix et la justice et si cette guerre est menée sans désir de cruauté ou de cupidité. Lui fait écho, Saint Ambroise lorsqu'il exalte
le courage qui protège la patrie en guerre contre les barbares, qui défend les faibles à l'intérieur du pays ou les alliés contre les brigands.
A partir de la réflexion augustinienne et parallèlement à la question de guerre sainte, laquelle devait trouver son plein épanouissement dans la croisade, la notion de guerre juste connut un certain développement au cours des siècles médiévaux. Le
Décret de Gratien (vers 1140) exprime les quatre conditions de la guerre juste :
- ordonnée par le prince
- sans participation des clercs
- pour la défense de la patrie attaquée ou la récupération de biens spoliés
- à l'exclusion de toute violence inutile.
A partir du début du XIIIe siècle, ces quatre conditions devinrent cinq résumées par les termes suivants :
personne, chose, esprit, cause, autorité. Au XIVe siècle, l'Italien Baldus de Ubaldis, docteur en droit canonique et en droit civil, commente ainsi ces cinq termes :
La personne, à savoir qu'elle soit du siècle et non pas ecclésiastique ; l'objet, en sorte que la guerre soit faite pour reprendre des biens ou pour défendre la patrie ; la cause, en sorte que l'on combatte par nécessité [...] ; l'esprit, en sorte qu'elle ne soit faite ni par haine, ni par insatibale cupidité ; l'autorité, car sans l'autorité du prince, la guerre ne peut être déclarée.
Par exemple, dans le cas de Jeanne d'Arc à l'occasion du procès de réhabilitation, les théologiens et les canonistes examinèrent le comportement guerrier de Jeanne selon les cinq critères classiques et conclurent que la Pucelle avait bien mené une guerre juste. Par contre, lors de la guerre de Cent Ans, tout en proposant son arbitrage, la papauté se refusa malgré les pressions à choisir au nom e la notion de guerre juste entre les Anglais et les Français.
Remarquons que ceci est la doctrine orthodoxe, mais il n'en demeure pas moins que des courants hétérodoxes, comme les vaudois, les cathares, les lollards, les hussites, considérèrent toute guerre comme un péché.
Source à consulter avec profit : Philippe Contamine,
La Guerre au Moyen âge, Paris 1993.