Chose promise, chose due !
Vidal Naquet s'emploie donc à démontrer la diversité des conceptions du temps en Grèce ancienne, sans que cette diversité entraîne forcément des contradictions. En fait, il y a cohabitation de plusieurs temps différents.
Il commence par étudier le cas d'Hésiode, à travers la Théogonie et les Travaux et les Jours.
Chez Hésiode, au moment de la création du monde, le Temps proprement dit n'existe pas : il y a le Chaos (le Vide) d'abord, puis la création de l'univers et du monde, par couple de "divinités", ou plutôt de principes, qui s'auto-engendrent. Il n'y a pas, en effet, de véritable union, donc pas de génération, et par conséquent, pas de Temps qui se déroule, ni cyclique, ni linéaire.
Le temps apparait comme le premier "être" engendré par une véritable union entre une divinité féminine et une masculine : il s'agit de Chronos, fils d'Ouranos et Gaia (Ciel et Terre). Cependant, il semble que ce ne soit pas encore admis comme une chose naturelle, car Ouranos dévore ses enfants, comme si le Temps ne pouvait pas encore exister pleinement, c'est-à-dire comme si une génération ne pouvait pas remplacer la précédente.
La notion de temps cyclique est introduite quand Chronos renverse son père, et remplace donc une génération par une autre, mais lui-même reproduit le geste de son père en dévorant ses enfants : il y a donc progression, mais aussi retour au point de départ. Le Temps de Chronos est un temps clos, un véritable cercle fermé. D'ailleurs, les hommes du temps de Chronos naissent de la Terre, ils n'ont pas besoin de femme pour s'engendrer, ils ne vieillissent pas, au contraire : il naissent vieux et rajeunissent. C'est le temps de l'Age d'Or.
La prise du pouvoir par Zeus et les Olympiens change radicalement les choses, et surtout sépare définitivement "temps des hommes" et "temps des dieux". Avec Zeus et les Immortels, le temps divin cesse d'être cyclique, il s'ouvre et devient éternel. D'abord par l'immortalité même, ensuite parce que l'avènement de Zeus fait que ce qui précède Zeus s'inscrit immédiatement dans son passé, mais un passé qui conduit à lui. En bref, nous avons un point de départ.
Ce point de départ, les hommes le reprennent à leur compte, ou plutôt, c'est Zeus qui le leur impose, en les soumettant à la reproduction, donc au vieilissement et au temps qui passe, avec le remplacement de chaque génération par la suivante : le temps des hommes est donc à la fois cyclique et linéaire, en tout cas, soumis à celui que les dieux imposent.
Voilà pour le petit résumé concernant Hésiode et l'époque "archaÏque". J'espère n'avoir pas trop déformé la pensée de Vidal Naquet. Si c'est le cas, je revendique alors la déformation parce que c'est ce que j'ai compris. J'espère alors être restée compréhensible
.
J'aborderai plus tard l'introduction d'un temps "historique" pendant la période dite classique.