Escalibure a écrit :
Et puis, c'est vraiment à partir du XX° s que la guerre touche les civiles. Avant la population n'est pas visée à proprement parler (je n'ai pas dit qu'elle ne subissait pas les conséquences de la guerre)
C'est une idée fausse largement répandue. Dois-je développer ? On trouve encore des ouvrages écrits par des gens considérés comme sérieux et qui arguent que la Première Guerre mondiale a tué 10 % de civils, soit beaucoup moins que les guerres suivantes.
Et pourtant la prémisse est aussi fausse que la conclusion.
1. L'histoire des 10 % de civils tués durant la Première Guerre mondiale ne concerne qu'un seul front : le front Ouest (nord de la France). Sur les autres fronts (Europe centrale et orientale), les pertes civiles ont été beaucoup plus importantes. Même en omettant les massacres de civils issus des minorités non turques de l'empire Ottoman, pourtant directement liés à la Première mondiale (1 million d'Arméniens, plus de 400.000 Grecs et 200.000 araméophones), la Première Guerre mondiale tue 4 millions de civils pour 9 millions de soldats (soit 30 % de civils tués, loin des 10 % souvent avancés).
2. Les bilans des conflits précédant et suivant la Première Guerre mondiale avoisinent les 50 % de civils tués. Par exemple, la guerre de Trente Ans tue 3.800.000 civils pour 1.600.000 soldats (soit 70 % de civils tués). Et je vous passe les guerres mongoles, chinoises, etc.
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Il me semble que le début de l'indignation remonte à une bataille particulièrement sanglante de la France révolutionnaire ou napoléonienne.
Mais des hommes comme Vauban inventaient des fortifications et des stratégies pour limiter les bains de sang sous Louis XIV.
En tout cas, ce sentiment est typiquement d'origine occidentale et reste encore aujourd'hui largement propre à l'Occident et aux élites occidentalisées.
Ailleurs, quand on s'émeut des morts, c'est surtout de ses propres morts, pas ceux des autres.