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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 17 Nov 2008 2:55 
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Polybe
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chavdar V a écrit :
A la fin de XIX siecle en Macedonie existait un organisation qui s'appele VMRO. Cette organisation travaillait pour librement de Macedoine de ottoman pouvoir. Pour L'Empire ottoman ces hommes sont terrorists, mais pour bulgars ils sont heroes. Le plus important est la propaganda. Chacun peut etre presente comme terrorist. Voila un video pour cette organisation - http://uk.youtube.com/v/gHZd0vpzT ... re=related


Merci, je crois que Borat pourra incorporer ces personnages dans son prochain film...


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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 20 Juil 2009 14:19 
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Un ouvrage essentiel pour l'histoire du terrorisme qui vient d'être traduit chez Tallandier:

Image

Présentation de l'éditeur:

Citer :
Paris, 12 février 1894. Émile Henry, un jeune intellectuel radical, s’assoit à un guéridon du très chic café Terminus, rue Saint-Lazare, boit deux bières, puis sort, laissant derrière lui une marmite piégée en guise de cadeau de départ. L’incident est au coeur du Dynamite Club, l’histoire fascinante d’Émile Henry et des militants anarchistes de l’« action directe », entrés en guerre contre la bourgeoisie en une sanglante campagne. Le Paris de la Belle Époque était un lieu de plaisirs et d’oisiveté, d’élégance et de pouvoir. Mais les grands boulevards, avec leurs grands magasins et leurs terrasses bondées, étaient une vitrine trompeuse. L’opulence ne bénéficiait qu’à quelques-uns et la majorité des Parisiens vivaient dans la pauvreté. À la fin du XIXe siècle, des travailleurs et des intellectuels firent cause commune autour d’une philosophie politique, l’anarchisme, qui visait à renverser l’État par tous les moyens nécessaires. En prenant les civils pour cible, ces dynamiteurs voués tout entiers à leur cause et prêts au martyre provoquèrent une réaction viscérale de l’État, dont les « lois scélérates » ne firent qu’étoffer davantage leurs rangs. En quelques décennies, attentats, fusillades et assassinats – dont deux présidents, le Français Sadi-Carnot et l’Américain McKinley furent victimes – allaient donner naissance au terrorisme moderne. Surprenant et provoquant, Dynamite Club met brillamment en lumière une période de bouleversements sociaux et politiques spectaculaires et s’interroge subtilement sur notre propre époque.


Compte-rendu du Monde:

Citer :
John Merriman : le terrorisme à visage humain

Le terroriste a rarement le visage qu'on voudrait lui coller. Pour se rassurer, notre société le décrit sous les traits d'un être aigri, tordu par le ressentiment. Fatalement, quand éclate la vérité, chacun feint la surprise. Quoi, cette femme qui actionne sa ceinture d'explosifs dans une boîte de nuit, est-elle vraiment la brillante étudiante que pleurent ses parents ? Et cet homme qui planifie la mort à l'autre bout du monde, se peut-il qu'il mène une fulgurante carrière de mathématicien ? On veut les présenter comme des déshérités, ce sont des petits-bourgeois. On jure que la frustration les a mis en mouvement, ils se révèlent habités par un enthousiasme ravageur.

Il faut s'y résoudre : la pulsion première du terroriste est moins la rancoeur qu'une certaine espérance. S'il en vient à semer l'effroi parmi ses contemporains, c'est qu'il ne peut pardonner leur lâcheté quotidienne, toutes ces petites démissions qui retardent, à ses yeux, l'avènement de la justice sur terre : "J'aime tous les hommes dans leur humanité et pour ce qu'ils devraient être, mais je les méprise pour ce qu'ils sont", résumait en mai 1894 l'anarchiste Emile Henry. Il avait 21 ans et se préparait pour la guillotine. Retracer l'itinéraire de cet intellectuel révolté, comme le fait l'historien américain John Merriman d'une plume quasi romanesque, ce n'est pas seulement retrouver le décor de la Belle Epoque. C'est reconstituer la scène où fut inventé l'attentat moderne en Occident.

Il y a de cela vingt ans, John Merriman avait consacré une superbe étude à Limoges, la ville rouge (Belin, 1990). Avec la rigueur et la générosité qui distinguent l'histoire sociale venue des Etats-Unis, incarnée également par son ami Charles Tilly (1929-2008), Merriman y redonnait vie à la Limoges du XIXe siècle, à ses rues, ses faubourgs, pour observer les élans politiques des "artistes en porcelaine". Passion tenace, vieille fidélité : bien que traitant un tout autre sujet, Dynamite Club, son nouveau livre, commence aussi par donner la parole à un ouvrier porcelainier, en citant son ultime lettre. Tuberculeux, désespéré, cloué sur son lit d'hôpital, l'homme écrivait ceci : "Bourgeois inconscients et cruels, ne sentez-vous pas que je puis me faire justicier ? (...) Bourgeois, je ne mourrai pas seul ; je veux entraîner dans la mort quelques-uns de ceux qui sont responsables de ma mort."

Au coeur de ce récit-là, pourtant, Merriman a placé non un prolétaire mais un fils de bonne famille : né d'un père socialiste, qui publia jadis des chansons pour enfants, et qui dut s'exiler au lendemain de la Commune, Emile Henry a fait de prestigieuses études. Elève modèle, récompensé par plusieurs prix d'excellence, bachelier à 16 ans, il est certes collé à l'oral de Polytechnique, en 1889, mais reste néanmoins promis à un avenir radieux. Or cinq années plus tard, il se verra condamné à mort pour avoir perpétré plusieurs attentats sanglants. Toute l'enquête de John Merriman tente donc de répondre à la question : que s'est-il passé ? Comment expliquer, en particulier, l'acte tristement inaugural accompli par Emile Henry le 12 février 1894, à Paris ?

Ce jour-là, le pâle jeune homme fabrique une bombe en plaçant de la dynamite dans une boîte à casse-croûte. Vêtu d'un pantalon sombre, d'une cravate et d'un feutre, il emprunte successivement quatre voitures pour sillonner les boulevards huppés du quartier de l'Opéra : "Comme un vrai bourgeois, je ne marchais pas à pied", témoignera-t-il plus tard. Il cherche le café le plus chic, le plus bondé aussi. Vers 20 heures, il finit par s'attabler au Terminus, à l'angle de la gare Saint-Lazare, où s'égaille une foule dense, pressée d'entendre le concert du soir. Emile, lui, commande une bière et un cigare. Non sans avoir pris soin de régler ses consommations, il décide que le moment est venu. Son acte marque une étape dans l'histoire des violences politiques : pour la première fois en Europe, au lieu de viser tel ou tel représentant de l'Etat, un militant anarchiste aura choisi de frapper des anonymes, de tuer au hasard.

Donc, que s'est-il passé ? La réponse n'est guère évidente, et Merriman se garde bien de trancher. La force de son livre se confond avec un aveu de faiblesse : habitué à privilégier la question sociale, en effet, l'historien a conscience que ce type d'approche bute fatalement sur des itinéraires comme celui d'Emile Henry. Dès lors, il choisit une méthode d'investigation à la fois savante et littéraire, croisant les sources afin de multiplier les points de vue. Il suit Emile Henry dans les rues de Paris, ulcéré par les scandales de la IIIe République, bouleversé par le sort qu'elle réserve aux ouvriers, par la répression qui s'abat sur les militants. Il le surprend en plein débat, dans telle ou telle gargote bellevilloise, criant : "Mort aux flics ! Mort aux bourriques !", et constatant que "seuls les cyniques et les rampants peuvent se faire une bonne place au banquet". Bref, il l'accompagne sur le chemin de la radicalisation, qui conduit bientôt Henry à choisir la "propagande par le fait", et même cette violence aveugle que condamnent par ailleurs beaucoup de ses camarades anarchistes.

UN ARISTOCRATE DU CRIME

Bien sûr, la police est convaincue qu'elle affronte un complot international, ourdi depuis Londres par un véritable "dynamite club". Mais Henry agit en solitaire. Sous le regard de Merriman, il apparaît comme un aristocrate du crime. Ni marginal ni déclassé, c'est d'abord un homme déchiré : un intellectuel qui hait les beaux parleurs ; un petit-bourgeois qui vomit la classe moyenne, cette "masse bête et prétentieuse qui se range toujours du côté du plus fort" ; un bouffeur de curé, qui élève la politique au rang d'absolu ; un esprit sensible et sans pitié ; un militant qui chérit moins les gens que les idées, et qui finit par haïr ses semblables. "A ceux qui disent : la haine n'engendre pas l'amour, répondez que c'est l'amour, l'amour vivant qui engendra souvent la haine", disait-il.

Ce livre est un peu sa biographie. Desservi par de trop nombreuses coquilles, mais soutenu par un style enlevé et une élégante traduction, il se lit comme un roman. Un roman noir, aux mille résonances contemporaines, où le meurtrier pourrait porter le même nom que sa victime : Espérance. Tout part de là, tout s'y abîme. Troublante coïncidence : Rose Henry, la mère d'Emile, tenait une auberge baptisée A l'espérance.

Jean Birnbaum


Le compte-rendu de Libé:

Citer :
Emile Henry, bombes à tout faire

Le 12 février 1894, en début de soirée, le jeune Emile Henry, 22 ans, entre dans la grande salle du café Terminus à Paris, au coin de la gare Saint-Lazare, et lance la bombe artisanale qu’il vient de fabriquer dans sa mansarde de Belleville. Le souffle de l’explosion est terrible. Il éventre les tables, projette les chaises, les lustres, les verres, et provoque une indescriptible panique. Vingt consommateurs sont grièvement blessés, et l’un d’eux décède peu après. Cet événement est bien connu, tout comme la vague d’attentats anarchistes dans laquelle il s’inscrit et qui déferle sur l’Europe et les Etats-Unis à la fin du XIXe siècle. Le livre de John Merriman revient bien sûr sur tous ces aspects, ainsi que sur la psychose de la dynamite qui caractérise ce moment, mais son intérêt est surtout ailleurs. En s’attachant à suivre pas à pas le destin d’Emile Henry, à reconstituer le moindre de ses gestes, il a voulu «pénétrer dans l’esprit d’un terroriste», dont l’acte inaugure selon lui les formes du terrorisme contemporain.

Polytechnique. Emile Henry n’est en effet pas un poseur de bombes comme les autres. Ni un bandit comme Ravachol, ni un pauvre hère poussé par la misère comme Auguste Vaillant, ni un illuminé de l’anarchisme comme Caserio, l’assassin du président Sadi Carnot. Henry vient d’un milieu plutôt bourgeois, il a fait d’excellentes études qui l’ont mené jusqu’à l’oral de l’Ecole Polytechnique (on l’y interroge sur les «propriétés détonantes» du chlore !) et ses divers employeurs le décrivent comme un sujet très doué. Il existe bien sûr une tradition révolutionnaire dans la famille : son père, ancien communard condamné à mort par contumace, s’est exilé en Espagne, où il a rejoint les libertaires catalans, et son frère Fortuné devient lui aussi anarchiste. On souligna d’ailleurs qu’Emile, né en 1872, avait été conçu durant la Commune. Mais son engagement procède d’une prise de conscience personnelle : il est scandalisé par le luxe des beaux quartiers, quand la misère gangrène toujours le Paris populaire, indigné par la corruption des élites, révolté par la brutale répression qui, à Fourmies ou à Carmaux, s’abat sur les revendications ouvrières. C’est donc sans le moindre état d’âme qu’il devient adepte de la «propagande par le fait» et de la dynamite. «Une haine profonde» le tenaille, «chaque jour avivée par le spectacle révoltant de cette société». En novembre 1892, il pose sa première bombe, devant le siège parisien des mines de Carmaux, avenue de l’Opéra. L’engin est remarqué par un employé, porté au commissariat voisin, où il explose en tuant cinq policiers.

A Paris, à Bruxelles et surtout Londres, où il fréquente le milieu des anarchistes en exil, sa détermination ne fait que croître. Il s’emporte contre les théoriciens de l’Idée qui, comme Malatesta, prennent leur distance avec l’action violente et invitent à ne pas dépasser «la limite marquée par la nécessité». Au contraire, estime Henry, il faut frapper partout et sans limite, car la bourgeoisie est partout et collectivement coupable. Elle «doit toute entière expier ses crimes».

Echafaud. A l’encontre d’une tradition terroriste qui visait jusque-là les rois, les présidents ou les agents de l’Etat, Henry inaugure l’attentat en aveugle qui prend pour cible les citoyens ordinaires. «Je ne frapperai pas un innocent en attaquant le premier bourgeois qui passe.» La plupart des théoriciens anarchistes déplorèrent l’explosion du café Terminus, qui atteignit des innocents. «Sa bombe a surtout frappé l’Anarchie», écrit son ancien ami Charles Malato. Arrêté, Henry fut guillotiné quelques semaines plus tard - il monta sur l’échafaud, sûr d’accéder à «l’immortalité révolutionnaire» - et une lourde répression s’abattit en effet sur le mouvement anarchiste. Mais son geste portait en lui un terrorisme d’un genre nouveau, dont les activistes du XXe siècle devaient se souvenir

Par Dominique Kalifa


Un autre compte-rendu à lire sur Nonfiction: http://www.nonfiction.fr/article-2688-v ... osion_.htm

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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 23 Déc 2014 9:50 
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L'article Wikipédia présente Ravachol comme un malfrat sans foi ni loi. Ce n'est pas le cas, c'est un anarchiste et par définition un un anarchiste respecte son prochain, surtout s'il est pauvre et opprimé.


Citer :
Le 18 juin 1891, à Chambles, il tue et dévalise Jacques Brunel, un ermite de 93 ans, qui vivait d'aumônes depuis une cinquantaine d'années4. Sans ressources mais non sans fortune, le vieillard amassait les dons tout en vivant dans une extrême pauvreté. Le crime est découvert le 21 juin vers midi. La police identifie rapidement l'assassin et le 27 juin tend une souricière à Ravachol. Arrêté par le commissaire Teychené et cinq inspecteurs, il parvient à s'enfuir en profitant de l'occasion offerte par un ivrogne.

Cette anecdote est tirée du progrès illustré, un journal réactionnaire au centre des visées anarchistes. Ils avaient donc tout intérêt à salir l'image de cet activiste anarchiste. Au regard de la source, ce crime est complètement invraisemblable. Il est scandaleux que Wikipédia laisse passer cela.

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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 23 Déc 2014 10:59 
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furtif a écrit :
L'article Wikipédia présente Ravachol comme un malfrat sans foi ni loi. Ce n'est pas le cas, c'est un anarchiste et par définition un un anarchiste respecte son prochain, surtout s'il est pauvre et opprimé.


Citer :
Le 18 juin 1891, à Chambles, il tue et dévalise Jacques Brunel, un ermite de 93 ans, qui vivait d'aumônes depuis une cinquantaine d'années. Sans ressources mais non sans fortune, le vieillard amassait les dons tout en vivant dans une extrême pauvreté. Le crime est découvert le 21 juin vers midi. La police identifie rapidement l'assassin et le 27 juin tend une souricière à Ravachol. Arrêté par le commissaire Teychené et cinq inspecteurs, il parvient à s'enfuir en profitant de l'occasion offerte par un ivrogne.

Cette anecdote est tirée du progrès illustré, un journal réactionnaire au centre des visées anarchistes. Ils avaient donc tout intérêt à salir l'image de cet activiste anarchiste. Au regard de la source, ce crime est complètement invraisemblable. Il est scandaleux que Wikipédia laisse passer cela.


Dans ce cas, adressez-vous à Wikipedia.

Par ailleurs, faites une petite recherche sur le site de la BNF : Gallica, vous verrez que même la presse de gauche de l'époque parle du crimes de Chambles, que pour eux, il ne fait aucun doute que ce soit Ravachol qui l'a commis. J'ai même trouvé un journal socialiste qui pense que les policiers ont peut-être fait express de le laisser prendre le fuite ... (Cf La Défense des Travailleurs du 16 avril 1892 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56099396.r=chambles.langFR). Vous y noterez que les anarchistes rejettent Ravachol et en grande partie à cause de ses crimes sordides. Il est assez emblématique de constater que Ravachol est resté dans l'histoire, alors que ceux qui se considèrent comme les vrais anarchistes n'ont pas laissé de traces.

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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 23 Déc 2014 11:52 
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D'ailleurs, l'article en question nous éclaire pas mal sur les relations entre Ravachol et le milieu anarchiste de l'époque. Je vous le retranscris donc en entier.

La Défense des Travailleurs a écrit :
LE MOUCHARD RAVACHOL
Ce n'est pas nous qui donnons le qualificatif de mouchard à cet individu qui a assassiné un vieillard et deux vieilles dames pour les voler, mais des anarchistes honteux de voir de tels criminels se glisser dans leurs rangs.
L’Éclair du 7 juin contient une interview de l'anarchiste italien, Merlino : à la demande de dire son opinion sur Ravachol il répond : Ravachol ! mais il n'est pas des nôtres et nous le répudions. Ses explosions perdent leur caractère révolutionnaire à cause même de sa personne, indigne de servir la cause de l'humanité. C'est un toqué qui certainement à cru bien faire et servir l'intérêt général, mais ses antécédents suffisent à le faire rejeter de notre parti.
Il y a d'ailleurs longtemps que les anarchistes sérieux et sévères ont exécuté cet individu. Tenez : lisez la Révolte qui, dans un numéro paru il y a déjà longtemps, s'est exprimé sur son compte en ces termes : "Dans chaque parti il s'introduit des gens qui exploitent le nom et les idées de ce parti pour s'en couvrir, et dans chaque parti, il y a des jeunes gens qui se laissent prendre par ces exploiteurs."
A propos de Ravachol la Révolte s'exprime ainsi : "Un commissaire Bénard l'arrête (il s'agit de l'affaire de l'ermite de Chambles), un autre commissaire nommé Teychené le laisse "glisser", et l'opinion publique est tellement persuadée que la police l'a fait évader qu'on en rit dans l'auditoire. D'ailleurs notre ami Jean Richard a jeté publiquement un défi à la police dans une lettre au Mémorial de la Loire, et a affirmé carrément que Koningstein-Ravachol n'est qu'une nouvelle édition de l'agent Serreaux qui publiait jadis la Révolution sociale aux frais de M. Abdrieux."
Vous voyez bien, nous dit M. Merlino, que Ravachol a été exécuté depuis longtemps par la Révolte, organe des anarchistes auquel collaborent Kropotkine, Elisée Reclus, etc.
- Soit, Mais vous ne pouvez nier qu'une certaine fraction de votre parti considère Ravachol comme un héros ?
- Je ne le conteste pas. Le parti vient de se diviser en deux : les anarchistes proprement dits, qui entendent faire de la propagande rationnelle par tous les moyens, même en recourant à l'arme de Padlewski, qui frappe fort et juste, et les terroristes qui entendent agir individuellement, en employant les armes les plus dangereuses, mêmes celles qui peuvent tuer leur parti, comme la dynamite.
- Vous repoussez alors l'emploi de la dynamite ?
- La dynamite est une arme de guerre qui est très mauvaise pour livrer combats en tirailleurs. Elle expose à frapper des innocents et à soulever ainsi l'indignation publique, c'est à dire à aller contre le but.
Mais si nous n'approuvons pas les dynamitades à la Ravachol nous les expliquons. La fraction terroriste se compose d'exaltés et d'irrités qui ne veulent rien entendre et qui sont résolus à se venger à tout prix des exactions que la société leur a fait subir. Or, la vengeance personelle n'est pas un acte socialiste.
L'anarchiste Merlino a parfaitement raison. Ravachol n'est qu'un vulgaire assassin qui, aussitôt pris se met à dénoncer ses camarades. Tout dans cet individu est louche. Il se promenait dans Paris et faisait de la propagande anarchiste dans les lieux publics, comme s'il était assuré de l'impunité, comme s'il savait que la police n'avait pas intérêt à l'arrêter et depuis qu'il est en prison il ne cesse de déclarer qu'il ne sera pas condamné à mort, mais simplement envoyé à la Nouvelle-Calédonie, d'où l'on s'évade.
Est-ce qu'on lui aurait promis la vie sauve ?
On prétend qu'on aurait trouvé à son domicile de St-Mandé, un bon pour obtenir de la dynamite.
Qui lui a fourni ce bon ?
Il faudra que le juge d'instruction éclaircisse ce point et remonte à l'origine de ce bon.
Un fait extraordinaire c'est que les attentats à la dynamite ont commencé le lendemain de la chute de Constans, comme si l'on avait voulu prouver que, lui parti, la société était livrée aux attentats anarchistes et que, lui seul, pouvait l'empêcher. Tous les journaux qu'il avait entretenus avec les fonds secrets et qui meurent d'inamition depuis son départ ne cessaient tous les jours d'exagérer la folle terreur des bourgeois afin de faire rappeler leur entreteneur.
Si, comme le demandait le citoyen Lafargue, on avait mis en prison Constans pour lui demander des comptes sur ses vols et ses crimes, peut-être n'y aurait-il pas eu d'attentats à la dynamite;

Dans l'Intransigeant nous trouvons cet extrait de l'Homme Libre :
Il y a quelque mois la Révolte, en parlant du procès concernant le meurtre de St-Étienne, exprimait la crainte que Ravachol ne fût un mouchard. Ravachol, en effet, avait longtemps vécu d'escroqueries et de fausse monnaie, sans jamais être poursuivi ; arrêté pour meurtre, il s'échappa des mains de six agents, tout en ayant les mains liées derrière le dos. De plus, le policier qui dirigeait l'opération, au lieu d'être puni, obtint de l'avancement. Cela résulte du procès ; un juré ayant demandé l'explication de ce fait, le président déclara qu'il n'y avait pas lieu d'entrer dans l'ordre d'idée que paraissait poursuivre Monsieur le juré.
Depuis ce temps, non seulement Ravachol n'a pas quitté la France, mais il est venu à Paris, où il a vécu presque sous son nom. Tout cela, sans doute, est très suspect. Mais à supposer même qu'on puisse expliquer la fuite et le secret sur les démarches de Ravachol comme l'effet d'une simple chance, celui-ci ne gagnerait pas dans notre estime.
Un individu qui tue de sang-froid un vieillard de quatre-vingt deux ans pour lui enlever une misérable somme d'argent et la gaspiller avec une femme qu'il arrache à un camarade et à ses enfants pour la jeter au fond d'un cachot, cet individu, s'il n'est pas un mouchard, mérite de l'être.
Nous rapprochons de cette déclaration très nette une autre que vient de faire la mère de ce triste sire : "Quand, dit-elle, après l’assassinat de l'ermite, la police vint perquisitionner chez nous, elle brûla, devant moi, tous les papiers de mon fils."
Pourquoi ?

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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 23 Déc 2014 12:42 
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Narduccio a écrit :
Il est assez emblématique de constater que Ravachol est resté dans l'histoire, alors que ceux qui se considèrent comme les vrais anarchistes n'ont pas laissé de traces.

Emblématique oui. Emblématique de la volonté (et de la réussite) de salir méthodiquement la mémoire de l'anarchisme. C'est d'ailleurs la connotation qui prévaut dans le grand public, ce n'est pas un hasard. Jamais un anarchiste ne peut vouloir faire de mal à qui ne le mérite pas. C'est pour cela qu'une société anarchiste est profondément égalitaire et juste, tout le monde mettant de la bonne volonté, la porte de chez soi peut rester sereinement ouverte. C'est en cela que le grand géographe anarchiste Élysée Reclus pouvait dire que « l'anarchie c'est la plus haute expression de l'ordre ».

Les vrais anarchistes ont laissé beaucoup de traces.

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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 23 Déc 2014 13:42 
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furtif a écrit :
Emblématique oui. Emblématique de la volonté (et de la réussite) de salir méthodiquement la mémoire de l'anarchisme.

Vous remarquerez, à travers l'article cité, que les "vrais" anarchistes considéraient que Ravachol et les "terroristes" salissaient méthodiquement l'anarchisme.

furtif a écrit :
C'est d'ailleurs la connotation qui prévaut dans le grand public, ce n'est pas un hasard. Jamais un anarchiste ne peut vouloir faire de mal à qui ne le mérite pas.


C'est bien pour cela que les vrais anarchistes réfutent que Ravachol soit l'un des leurs. Et ce qui les gène, c'est la volonté de vouloir faire des dégâts spectaculaires, quitte à ce qu'il y ai des victimes innocentes. Plus tard, un autre terroriste, Carlos, donnera un fondement moral à tout cela en décrétant qu'il n'y a pas de victimes innocentes.

furtif a écrit :
C'est pour cela qu'une société anarchiste est profondément égalitaire et juste, tout le monde mettant de la bonne volonté, la porte de chez soi peut rester sereinement ouverte. C'est en cela que le grand géographe anarchiste Élysée Reclus pouvait dire que « l'anarchie c'est la plus haute expression de l'ordre ».

Vous ne pouvez pas vous réclamer en même temps d'Élysée Reclus et de Ravachol. Leurs combats sont antinomiques. Vous me semblez vouloir tout mélanger de manière romantique. Or, à un moment, il faut faire des choix. Les anarchistes rejetaient, même s'ils en comprenaient la démarche, les terroristes. Les terroristes se revendiquaient de Ravachol. Or, pour une bonne partie des anarchistes et des socialistes révolutionnaires, Ravachol nuit gravement à leur cause.

furtif a écrit :
Les vrais anarchistes ont laissé beaucoup de traces.

Dans la mémoire collective ? On connait un Ravachol, mais qui connait Élysée Reclus, Merlino, Déjacque, Sébastien Faure, Kropotkine, ... en dehors de quelques cercles restreints ? Ils ont laissé des traces écrites, mais peu de gens les lisent, en-dehors de quelques universitaires pour leurs travaux.

Ravachol a réduit l'anarchisme à quelques lanceurs de bombes et assassins de caissiers de banques. Son action a été mortifère pour l'anarchisme et ses multiples branches. Ouvrez les yeux. Les anarchistes méritent mieux que Ravachol.

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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 23 Déc 2014 21:42 
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Détrompez-vous. Les anarchistes ne condamnent pas le terrorisme ; ni Élysée Reclus ni personne. Ça s'appelle la propagande par le fait. C'est seulement que Ravachol était un malfrat et non un anarchiste (toujours sous réserve que ce crime soit vraiment de lui) .

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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 23 Déc 2014 23:11 
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furtif a écrit :
Détrompez-vous. Les anarchistes ne condamnent pas le terrorisme ; ni Élysée Reclus ni personne. Ça s'appelle la propagande par le fait. C'est seulement que Ravachol était un malfrat et non un anarchiste (toujours sous réserve que ce crime soit vraiment de lui) .


Il vous faut quoi ? Vous avez les déclarations de divers anarchistes de l'époque. Ceux qui ne firent pas partie du clan des "terroristes" rejetaient l'action de Ravachol et pour ce que j'en sais Élysée Reclus ne fit pas partie des terroristes.

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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 08 Jan 2016 22:55 
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En quoi certaines opérations des corsaires, ou conquêtes, en méditerranée ne pourraient pas être qualifiées d’actions terroristes : razzias mises en esclavage, rapt avec demande de rançons, assassinats de masse, décapitations.
Exemples : Barberousse, Dragut.
Les armes étaient différentes, pas les méthodes, on retrouve tous les ingrédients en incluant les renégats. Ils faisaient bien régner la terreur par le sang sur le littoral méditerranéen et en mer ?
Les qualificatifs et le vocabulaire sont différents, pas les méthodes. Ce qui a changé avec le terrorisme moderne ce sont les moyens technologiques, pas les objectifs. Le nombre de victimes de nos jours est relativement insignifiant par rapport au passé ?

C’est une hypothèse ou une question, ce n'est pas une affirmation.... je ne vois pas de grandes différences ?


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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 08 Jan 2016 23:19 
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Kurnos a écrit :
En quoi certaines opérations des corsaires, ou conquêtes, en méditerranée ne pourraient pas être qualifiées d’actions terroristes : razzias mises en esclavage, rapt avec demande de rançons, assassinats de masse, décapitations.
Exemples : Barberousse, Dragut.
Les armes étaient différentes, pas les méthodes, on retrouve tous les ingrédients en incluant les renégats. Ils faisaient bien régner la terreur par le sang sur le littoral méditerranéen et en mer ?
Les qualificatifs et le vocabulaire sont différents, pas les méthodes. Ce qui a changé avec le terrorisme moderne ce sont les moyens technologiques, pas les objectifs. Le nombre de victimes de nos jours est relativement insignifiant par rapport au passé ?

C’est une hypothèse ou une question, ce n'est pas une affirmation.... je ne vois pas de grandes différences ?


Il y a une différence très importante : la finalité des actions en question.

Dans les cas de terrorisme, le but est de terroriser la population. Dans les cas que vous citez, oui la population est terrorisée, mais c'est une conséquence (on parlerait de nos jours de dégât collatéral). Le but est obtenir une rançon ou des esclaves. Et, au fait, vous citez des noms d'origine musulmane ou plutôt d'ottomans pour être exact, mais pourquoi vous ne citez pas Charlemagne qui terrorisa les saxons pour obtenir leur soumission, ou ... Mais la liste est vraiment trop longue a établir, j'y passerait la nuit et elle ne serait pas complète.

Pour la plupart des conquérants du passé, la vie humaine, surtout celle des peuples étrangers, semble avoir peu de valeur. Vous citez Barberousse, mais question mise en esclavages, il fait figure d'amateur vis à vis de César (on parle d'un million de gaulois réduits en esclavages et déportés à Rome ...).

Il y a donc une erreur d'importance dans votre phrase : "Ce qui a changé avec le terrorisme moderne ce sont les moyens technologiques, pas les objectifs." Car, dommage que vous feignez de ne pas le voir, mais les objectifs ne sont pas les mêmes. Le but des actions dites "terroristes" est bien de terroriser les populations. Donc, l'objectif est bien différent. Les actions de Barberousse ne sont pas gratuites, elles visent à obtenir un gain. Un gain assez substantiel pour qu'il vaille la peine de prendre la mer à des moments où l'on n'est pas sûr de revenir vivant de la moindre sortie en mer.

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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 09 Jan 2016 0:14 
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Narduccio a écrit :
Le but des actions dites "terroristes" est bien de terroriser les populations. Donc, l'objectif est bien différent.

D’accord, mais il me semble que l’objectif n’est pas uniquement la terreur gratuite pour la terreur, il y a bien un objectif, il est question de déstabiliser, de détruire de façon optimale. Terroriser l’adversaire permet de minimiser les moyens à mettre en œuvre pour le détruire ou le maîtriser…. vouloir changer et s’accaparer la face du monde n’est vraiment pas un manque d’objectif, il y a une volonté d'annexion(C'est ce que revendiquent formellement les commanditaires).

Concernant Braberousse et Dragut, il y avait certes l'appât du gain mais cela n'empêche pas de terroriser les populations à des fins de conquêtes dans le cadre de l'Empire Ottoman. Ils occupaient quand même l'Algérie.
Quand Dragut fait édifier près de Borj El Kebir une tour avec les cranes de 5000 ou 6000 morts on peut supposer que ce n’est pas uniquement par plaisir, il y a une volonté de communiquer la terreur de façon indélébile et pérenne, c’est assez caractéristique. Voir « la tour des cranes » qui a été remplacée par un obélisque commémoratif d'une hauteur de 9 m. Cela semble relever de méthodes terroristes. Ce type d’action est de nature à terroriser de façon infaillible.

Je ne feins pas, je constate des faits et des similitudes, mais convenons qu'il n'y avait que l'appât du gain si il y a un consensus de la part des historiens.


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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 09 Jan 2016 0:59 
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Kurnos a écrit :
Narduccio a écrit :
Le but des actions dites "terroristes" est bien de terroriser les populations. Donc, l'objectif est bien différent.

D’accord, mais il me semble que l’objectif n’est pas uniquement la terreur gratuite pour la terreur, il y a bien un objectif, il est question de déstabiliser, de détruire de façon optimale. Terroriser l’adversaire permet de minimiser les moyens à mettre en œuvre pour le détruire ou le maîtriser…. vouloir changer et s’accaparer la face du monde n’est vraiment pas un manque d’objectif(C'est ce que revendiquent formellement les commanditaires).

Les actions terroristes peuvent se partager en 2 groupes. Le premier groupe est celui qui a un objectif militaire atteignable. Quand Gengis Kahn fait décapiter tous les habitants d'une ville qui a résisté trop longtemps, il adresse un message à toutes les autres villes que ses armées vont assiéger à l'avenir : si vous désirez survivre, rendez-vous et vous aurez juste à payer un tribut "acceptable". C'était une démarche très courante à certaines époques et cette méthode a été utilisée par des armées d’à peu près toutes religions du monde. On trouvait excessif, toutefois, quand le vainqueur après avoir perçu le tribut décidait de quand-même occire la population. Car cela est arrivé. Même chez de très braves chevaliers chrétiens... Autres temps, autres mœurs. Il y a même l'exemple d'un chef d'une compagnie dont on à loué l'esprit chevaleresque à son époque. Il a accepté que tous les nobles qui habitaient une ville qu'il avait prise puissent quitter cette ville après sa reddition... Pendant ce temps-là, ces hommes pillaient le reste de la ville et passaient tous les autres habitants par le fil de l'épée. Environ 10 000 morts, si j'ai bonne mémoire. Preux chevalier vraiment, vous ne trouvez pas ?

Il y a un second groupe d'agressions terroristes, et celles que nous subissons en ce moment en font partie. Ce sont les actions terroristes qui n'ont pas de buts militaires immédiats. Des actions gratuites, si vous préférez. Le bombardement de Guernica semble en être l'un des premiers exemples historiques au niveau d'une armée clairement identifiée. En ce qui concerne des groupes non étatiques ou des individus, on peut considérer que leurs premières manifestations soient les attentats anarchistes. Mais, ceux qui les perpétuaient semblaient avoir un léger espoir d'en obtenir des bénéfices à longs termes pour les milieux ouvriers pour lesquels ils prétendaient réaliser ces actions.

Mais, à y regarder de plus près, les actions de Barberousse ne relèvent pas à proprement parler de ces 2 groupes d'actions. On peut les rattacher au premier, mais il faudrait penser que les villages côtiers attaqués aient tous la connaissance des attaques ultérieures. Les actions de Dragut, dont celle de la tour de 6000 crânes relèvent des actions terroristes à visées militaires, donc celles du premier groupe. En ce qui concerne les tours de crânes, les premiers témoignages historiques de telles pratiques remontent, à ma connaissance au royaume néo-assyrien. Mais, j'avoue ne pas être spécialiste de ces périodes.


Kurnos a écrit :
Concernant Braberousse et Dragut, il y avait certes l'appât du gain mais cela n'empêche pas de terroriser les populations à des fins de conquêtes dans le cadre de l'Empire Ottoman. Ils occupaient quand même l'Algérie.
Quand Dragut fait édifier près de Borj El Kebir une tour avec les cranes de 5000 ou 6000 morts on peut supposer que ce n’est pas uniquement par plaisir, il y a une volonté de communiquer la terreur de façon indélébile et pérenne, c’est assez caractéristique. Voir « la tour des cranes » qui a été remplacée par un obélisque commémoratif d'une hauteur de 9 m. Cela semble relever de méthodes terroristes. Ce type d’action est de nature à terroriser de façon infaillible.

Je ne feins pas, je constate des faits et des similitudes, mais convenons qu'il n'y avait que l'appât du gain si il y a un consensus de la part des historiens.


Vous parlez de terrorisme en ce qui concerne Barberousse ou Dragut, mais ils sont des "petits joueurs" par rapport au Comte Landau ou Conte Lando. Si vous lisez l'italien, je vous conseillerais la lecture de la page wikipedia qui lui est consacrée : Wikipedia : Conte Lando. Il n'avait aucun scrupule à massacrer des gens et il se faisait payer pour cesser et reporter son attention sur une autre principauté... On devrait aussi le qualifier de terroriste ? Ah oui, il n'a pas œuvré contre la Corse...

Au fait vous évoquez avec horreur d'une tour de 6000 têtes pour Dragut. Si on se base sur les chiffres, on peut dire qu'il ne joue pas dans la cour des grands.
Citer :
1258 - Houlagou, le petit-fils de Gengis Kahn, promet le 10 février la vie sauve au calife de Bagdad et à tous ses habitants assiégés " s'ils déposent les armes. " A peine désarmés tous les habitants musulmans sont exterminés (80 000 musulmans sont ainsi massacrés par les mongols) Alors que toute la ville sera rasée, seule la communauté chrétienne sera sauvée grâce à l'intervention de la femme du Kahn.


Et là, c'est vraiment un massacre gratuit.

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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 09 Jan 2016 9:50 
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Jean Froissart
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On pourrait peut être considérer deux catégories de stratégies de combats : avec ou sans actions terrorisantes ? La terreur étant une arme dissuasive.
Le terrorisme à petite ou grande échelle utilise toujours les mêmes méthodes avec une certaine publicité des actions sanguinaires qu’ils considèrent comme glorifiantes et valorisantes. Il y a plusieurs façons de glorifier les mérites d'un combattant, avec ou sans valorisation de la terreur sanguinaire.

On peut aussi trouver des cas intéressants de renégats parmi les Corsaires, dont des Corses : Hassan Corso, Mammi Corso :"En 1560 Mammi Corso, renégat originaire du cap Corse, après avoir saccagé Centuri et Morsiglia, attaque la Marana puis la Casinca."

Et ailleurs des spécimen comme l’empaleur : Vlad III l'Empaleur - La légende « du pal »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vlad_III_l'Empaleur

Nous sommes bien d'accord, il n'y a pas lieu de faire de la discrimination, athées, chrétiens, musulmans ... pour les aptitudes à diffuser la terreur, c'est une question de méthode, d'entrainement, d'idéologie.
Tout dépend aussi des critères qui mènent à la gloire post mortem pour l’œuvre accomplie.


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 Sujet du message : Re: Histoire du terrorisme
Message Publié : 09 Jan 2016 10:26 
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Jean Froissart
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Inscription : 26 Août 2008 7:11
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Localisation : Corsica
Il y a bien eu de tous temps des écoles de formation des combattants qui préconisent ou imposent des méthodes dont la terreur. On apprend à utiliser l’arme de la terreur comme toutes les autres armes, éventuellement la torture, tout s’apprend.
On pourrait même faire un classement des écoles militaires dans l’histoire.


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