Basarab a écrit :
- Sont ils un groupe qui aurait étendu son influence sur la Chine par une démographie galopante et des réussites militaires de la part d'un groupe de souche, et qui aurait diffusé son identité simplement parce que le groupe original s'est développé ? Ou au contraire, ont-ils englobé et "convertis" les autres peuples de la Chine, en faisant des Han ?
Sans doute un peu des deux, comme on le voit à l'heure actuelle. Il est manifeste que tous les peuples qui ont soumis la Chine (Mongols, Mandchous) à un moment donné ont fini sinisés. Pour retourner plus loin en arrière, avant même l'unification, qui est le fait des Qin et non des Han, il est remarquable de noter que le royaume Qin est considéré au début de l'époque des Printemps et des automnes comme étant presque "barbare" par les royaumes du noyau culturel chinois (la moyenne vallée du Fleuve jaune). Mais il se sinise progressivement, notamment grâce à des réformes administratives et juridiques apparemment très volontaristes, voire même musclées, attribuées au "prince" Yang, un temps le premier ministre du royaume, porteur des idées légistes. A partir de son noyau, la "sinisation" se répand aussi bien par émulation culturelle, conquête, migrations, apparemment dès la dynastie Shang/Yin. C'est un processus très ancien. Le problème est comme souvent de distinguer entre ce qui est dit dans les discours et ce qu'il en est réellement. Une appartenance à un peuple est avant tout quelque chose de perçu, construit, et on peut exclure de son peuple des gens qui sont en fait très proches par la langue et la culture.
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Est ce simplement le fait de l'arrivée au pouvoir de la fameuse dynastie Han qui aurait réalisé, d'une certaine façon, ce que firent beaucoup plus tard les Jacobins avec la langue française ? Dans ce cas comment, compte tenu de la taille du territoire et du nombre de personnes concernées, ont ils pu imposer leur modèle avec les moyens de l'époque ? Simple question de temps ?
L'existence d'un Empire chinois est évidemment pour beaucoup dans le phénomène de sinisation du territoire chinois. En ayant le "mandarin" comme langue de l'administration, avec en plus le phénomène des examens impériaux qui créent une classe dirigeante très unie dès les débuts de la dynastie Han, tout cela constitue un appui solide à la progression de la sinisation. Mais attention, la dynastie Han a certes joué un rôle dans le processus, mais le territoire qu'elle domine est encore très divers ethniquement, bien plus que la Chine actuelle. La région du Yang-zi est encore vue comme semi-barbare avant d'être progressivement sinisée depuis les Tang, et surtout sous les Song. Il y a encore beaucoup de Thaï, ou de Viets dans l'actuelle Chine méridionale à cette période. Les lettrés envoyés dans un poste aux marges de l'Empire sous la dynastie Tang (au sud, à l'ouest) se sentent en pays étranger, isolés. Tout ça prend du temps, énormément de temps.
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des minorités ethniques ? En France il y a plusieurs ethnies, plusieurs cultures, et même plusieurs langues (Breton, Basque, etc.) certes "soumises" au jacobinisme.
Comme l'a dit Huyustus, ça n'a absolument rien à voir. Parler de minorité ethnique en France pour les groupes populations peuplant le territoire français depuis plusieurs siècles ne se fait pas, même par des personnes aux idées régionalistes/autonomistes à ma connaissance. La réalité est bien qu'en France il y a un peuple français très largement dominant, les variantes sont justes régionalistes, locales, rien qui n'entrave l'unité nationale autour d'un peuple de nos jours. Absolument rien à voir avec la grande diversité ethnique de l'Inde, ou même avec celle de la Chine.
Huyustus a écrit :
à part que les Han partagent une même langue, ce qui, j'en conviens, est un ciment culturel puissant
Il y a certes une langue dominante, le mandarin "standard", mais les Han parlent plusieurs langues vernaculaires. Les locuteurs du cantonais sont Han. Mais bon, ils sont très peu face à ceux qui parlent un dialecte du mandarin.