Enki-Ea a écrit :
Alain.g a écrit :
Comment parler de sens de l'histoire quand on voit la succession en France de Louis XVI, la Révolution, Louis XVIII, Louis-Philippe, IIè République, Napoléon III, IIIè République, Pétain, deux Républiques. Quel est le sens?
Peut-être le sens du caractère français qui s'accomode mal de la continuité et d'une progression régulière? Je ne sais pas, je pose une question...
Plus généralement, j'a la sensation qu'il y a des périodes où l'homme fait l'histoire (ou du moins y participe fortement et peut, par ses actions, sa pensée, en changer le cours) et d'autres périodes où c'est l'histoire qui fait l'homme (sans que ce dernier ait son mot à dire).
Dans la première catégorie, l'Antiquité et la période moderne (XVIème-XVIIIème); dans la seconde, les périodes médiévale et contemporaine.
A la question: est-ce le sens du caractère français qui s'accomode mal de la continuité et d'une progression régulière, je répondrais non. Il s'agit d'une histoire de légitimité. Pendant huit siècles, les français ont vécu sous une monarchie héréditaire avec des "lois fondamentales" et des coutumes
non écrites. Le roi incarnait une légitimité, un certain équilibre. A partir du moment où la tête de Louis XVI est tombée dans le panier, il n'y a plus eu de légitimité. Ou plutôt, l'équilibre, la clé de voûte du système "constitutionnel" français a été rompu. Et depuis cette date, la France recherche une nouvelle légitimité, un nouvel équilibre. Et quelle recherche! Puisque la France est l'un des pays au monde si ce n'est le pays qui a connu le plus grand nombre de constitutions en un temps aussi court.
Les français ont tâtonné, ont testé pratiquement tous les régimes: dans un premier temps, la monarchie constitutionnelle, la république, l'empire. Puis, comme si la France avait eu un hoquet, elle a re-testé exactement dans le même ordre les mêmes régimes: monarchie constitutionnelle, république, empire. Certes, les défaites militaires ont souvent joué un rôle majeur dans la chute des régimes (Premier et Second Empire, Troisième République). Mais cette instabilité française peut être analysée comme une recherche d'un nouvel équilibre. La Troisième République (qui est à ce jour le régime moderne ayant vécu le plus longtemps), puis la Quatrième République étaient marquées par une faiblesse du pouvoir du Président de la République (on s'en méfiait) et par une instabilité chronique de l'éxécutif. La Cinquième République, depuis 50 ans, a redonné un pouvoir important au Chef de l'Etat. Ce qui fait dire à certains auteurs constitutionnalistes que le régime est semi-présidentiel. Le régime actuel est certes perfectible mais il fonctionne bien, il a résisté aux différentes cohabitations et aux crises. L'équilibre et la légitimité perdues depuis 1789/1793 ont-elles été retrouvées? L'avenir le dira. Certains hommes politiques militent en faveur d'une VIème République. Cela veut-il dire que la réponse est négative?
Je me suis éloigné du thème initial, je m'en excuse, mais je voulais apporter cette précision concernant l'instabilité institutionnelle de la France depuis la Révolution. Un dernier mot: malgré le changements de régime, les institutions administratives, elles, contrairement à une idée reçue, ont fait preuve d'une extraordinaire continuité dans le temps.