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Message Publié : 04 Mai 2010 14:41 
Après avoir cherché sur le forum, aucun sujet ne correspond exactement à cette question me taraudant ces temps-ci.
Quel sera le travail de l'historien en 2050 (l'année n'a aucun intérêt, c'était histoire de se projeter dans quelques décennies) et quelle sera la place de l'ordinateur dans celui-ci ? J'utilise depuis quelques temps la mémoire de mon ordinateur comme une bibliothèque / encyclopédie supplémentaire qui a deux énormes avantages: celui de pouvoir contenir des millions de textes (peut-être plus, je n'ai pas fait le calcul) et celui d'être doté d'une fonction "recherche" très utile.
Qu'en est-il des historiens d'aujourd'hui ? Une majorité a-t-elle encore la bonne vieille bibliothèque personnelle de plusieurs centaines ou milliers d'ouvrages qui s'est construite sur des décennies ? Pensez-vous que l'ordinateur va devenir une gigantesque base de données pour les historiens (il me semble que c'est ce que souhaite Robert Darnton, ce qui ne m'étonne pas puisqu'il est un spécialiste des Lumières) et qu'ils s'appuieront par conséquent beaucoup sur l'ordinateur pour écrire leurs livres, thèses et articles prochains ?

Merci.


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Message Publié : 04 Mai 2010 15:11 
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Je pense que c'est déjà le cas pour beaucoup d'historiens, peut-être encore assez jeunes. Il n'est pas particulièrement audacieux de prévoir un recours de plus en plus soutenu aux bases de données en ligne et aux textes numérisés dans la méthode de travail des historiens dans les prochaines décennies, tout concourt à y croire ; quant à supposer que le livre perdra de ce fait quelques partisans, c'est plus difficile. Pour l'heure, je ne crois pas que l'on ait trouvé plus confortable que le support papier pour lire de façon assidue (je n'ai jamais eu l'occasion de tester tous ces fameuses liseuses électroniques, iPad, Skiffle & co, mais bon...).

En vérité l'idéal est, je pense, de présenter ces deux supports comme complémentaires. J'ai beau n'avoir pas trouvé de quoi remplacer, pour les auteurs antiques, les fameux tomes Budé (bilingues et bien traduits mais tellement chers), je ne me passe plus d'outils comme le "Dictionnaire des formes" des plates-formes Hodoi Elektronikai et Itinera Electronica de l'université de Louvain. A défaut d'être réellement exhaustives, elles permettent au moins de trouver rapidement toutes les occurrences pour un terme choisi sur l'ensemble des textes numérisés. J'ai par ailleurs moi aussi beaucoup d'ouvrages numérisés sur mon ordinateur (je fais souvent des copies personnelles lorsque j'emprunte des études intéressantes) et je me sers abondamment de Zotero. Mais évidemment je ne suis qu'étudiant et cela ne reflète pas nécessairement les usages des historiens établis. lol

Plus globalement, cette complémentarité des supports reste encore à construire, et je pense que cela se fera assez naturellement à mesure que les ressources en ligne s'étofferont. Pour avoir déjà discuté avec un médiéviste par ailleurs très versé dans l'informatique, qui met au point pour son propre compte de nombreux scripts et bases de données ciblées, il semble que la France accuse dans ce domaine un retard dommageable sur les Anglo-Saxons.


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Message Publié : 04 Mai 2010 16:23 
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Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
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Je suis complètement d'accord. La ressource informatique apporte une certaine démocratisation de la source, ou tout du moins une meilleure diffusion. J'espère un jour avoir accès à des fonds de musées en ligne ; les catalogues sont en général hors de prix, très disparates et donc très complexe à utiliser dans une petite université. On fait un peu avec les moyen du bord et les prêts inter-bibliothèque ne fonctionnent en général pas pour de gros volumes. Des bases de données en ligne ne peuvent que faire rêver. Pour l'archéologie de même bien entendu...

En tout cas c'est vrai que les textes en lignes sont extrêmement pratique, pour une petite recherche rapide via les occurrences, ou simplement pour éviter de recopier des passages entier en latin ou pire, en grec. Mais comme l'a très justement rappelé Vestitudo, le travail effectué dans un Budé est irremplaçable tant du point de vue de la qualité de traduction que des annotations.

Sinon, oui moi aussi je préfère la lecture sur papier, l'écran à la longue ça fait mal au yeux, ce n'est pas pratique du tout pour comparer des pages, pour glisser des marques pages et autres... :mrgreen: Justement pour travailler, et comme j'ai une sainte horreur de mettre des annotations dans les livres ou de souligner, j'adore travailler sur des photocopies. Les tarifs étudiants sont intéressant et je peux m'en donner à coeur joie avec les surligneurs.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 04 Mai 2010 16:27 
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Inscription : 23 Jan 2009 15:49
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Pédro a écrit :
J'espère un jour avoir accès à des fonds de musées en ligne ; les catalogues sont en général hors de prix, très disparates et donc très complexe à utiliser dans une petite université.

Beaucoup de musées mettent leurs fonds en ligne. Par exemple, rien que pour les grands musées parisiens, le Louvre met toutes les oeuvres exposées + tous les dessins, Branly met toutes les oeuvres mais leur base marche mal, Orsay met toutes ses oeuvres aussi... Pour ceux de la ville de Paris, c'est plus compliqué.
Mais ça ne remplace pas un catalogue, qui est bien plus qu'une simple base de données, mais un véritable ouvrage scientifique.


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Message Publié : 04 Mai 2010 16:31 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
Message(s) : 5718
Localisation : Limoges
Bien sûr, leurs analyses sont souvent très intéressante, mais je parle en fonction des difficultés que j'ai pu trouver pour pouvoir avoir accès à certaines documentations dont nous n'avions pas d'exemplaire... C'est vraiment frustrant quand on a des références d'oeuvre et qu'on ne peut l'avoir clairement sous les yeux. J'ai également trouvé des sites qui protègent leur fond et ne donnent à voir que des images de petite dimension où justement les détails sont invisibles... Argh en somme...

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Message Publié : 04 Mai 2010 16:42 
Si l'Homme a une intelligence que ne peut avoir l'ordinateur (l'Homme construit l'ordinateur qui répond aux requêtes du premier, du moins jusqu'au jour où Hal 9000 débarquera), toutefois ce dernier est doté d'une mémoire redoutable et c'est en cela que le travail de l'historien peut être largement simplifié. L'historien ne sera-t-il pas amené à avoir moins de connaissances mais plus de méthode ?
Peut-être aussi que l'on ne pourra, comme aujourd'hui, être historien sans un tas de connaissances. Reste à voir.


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Message Publié : 04 Mai 2010 16:45 
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Eginhard
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Peut-être des réponses à vos questions dans cet ouvrage :

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[...] Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie
Et l'aimer même si le temps est assassin
Et emporte avec lui les rires des enfants
Et les mistrals gagnants...

Renaud, Mistral gagnant, 1985.


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Message Publié : 04 Mai 2010 16:52 
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Jules Michelet
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Inscription : 29 Déc 2003 23:28
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L'intérêt de l'ordinateur est le gain de place, cela ne dispense pas de lire et de retenir ce qui est stocké. Les articles et livres numérisés sont de plus en plus nombreux, surtout chez les anglo-saxons qui ont une nouvelle fois une longueur d'avance dans le domaine (on ne peut comparer Persée et Jstor). Certaines revues scientifiques (avec comité éditorial donc) se forment d'ailleurs uniquement sur Internet, même si on a toujours une version imprimable identique à ce que l'on trouverait dans une version papier. On peut également télécharger illégalement de plus en plus de "e-books" (il faudra trouver un mot qui sonne français) depuis quelques mois, comme pour les films ou la musique ... Il y en a également un bon nombre en accès libre. Cela est tout de même plus pratique que de photocopier, numériser ou photographier les ouvrages, la qualité est bien meilleure. Donc on s'habitue déjà à fonctionner de plus en plus essentiellement avec un ordinateur, à faire de multiples sauvegardes, pour avoir accès aux ouvrages rapidement.


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Message Publié : 04 Mai 2010 17:05 
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Mécène a écrit :
L'historien ne sera-t-il pas amené à avoir moins de connaissances mais plus de méthode ?
Peut-être aussi que l'on ne pourra, comme aujourd'hui, être historien sans un tas de connaissances. Reste à voir.


A bien y regarder, je pense que le facteur essentiel qui tend à voir la culture historique des historiens (!) décroître est déjà arrivé, et il s'agit de l'incroyable spécialisation à laquelle ils sont aujourd'hui confrontés. A mesure que l'histoire se complexifie (et l'on ne va pas s'en plaindre !), que l'on prend conscience de la foule d'enseignements que peuvent livrer des sources, découvertes récemment ou connues depuis longtemps, il est de moins en moins possible de multiplier les domaines de compétence. L'érudition classique ne suffit plus à la recherche.

A contrario, le fait de rendre plus accessibles les connaissances, par un accès en ligne par exemple, aide à les diffuser à nouveau par la suite, à les inclure dans de nouvelles études imprimées. Je ne sais pas si l'on retiendra moins, ni même si l'on aura plus de choses à dire, mais enfin on pourra les dire un peu plus rapidement et aisément. L'histoire ayant ce défaut d'être affreusement chronophage, ce sera toujours ça de gagné.

A propos merci calame pour l'info sur la présence en ligne des collections du Louvre, notamment. J'ignorais et c'est bien pratique ! :oops:


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Message Publié : 04 Mai 2010 17:34 
Vestitudo a écrit :
A bien y regarder, je pense que le facteur essentiel qui tend à voir la culture historique des historiens (!) décroître est déjà arrivé, et il s'agit de l'incroyable spécialisation à laquelle ils sont aujourd'hui confrontés. A mesure que l'histoire se complexifie (et l'on ne va pas s'en plaindre !), que l'on prend conscience de la foule d'enseignements que peuvent livrer des sources, découvertes récemment ou connues depuis longtemps, il est de moins en moins possible de multiplier les domaines de compétence. L'érudition classique ne suffit plus à la recherche.


Et dire que l'on m'a largement déconseillé de me spécialiser trop tôt...


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Message Publié : 04 Mai 2010 20:32 
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Jules Michelet
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L'hyper-spécialisation ne veut pas dire qu'on connaît moins de choses. En tout cas, pour ce qui nous intéresse, elle limitera les progrès de la diffusion à des sujets peut être moins "ésotériques", car le problème de l'utilisation de l'informatique et des techniques de communication modernes est qu'il faut lever des fonds. Cela favorise indéniablement les champs historiques les plus vendeurs, donc plus populaires, et probablement les sujets ouverts à un public le plus large possible. On montera plus facilement un projet de mise en ligne de documents écrits privés d'un personnage célèbre que celle de manuscrits d'un obscur notaire "provincial" du XIXe siècle.


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Message Publié : 04 Mai 2010 20:54 
Juste une petite digression Zunkir mais quels sont justement les sujets, dans l'Histoire de France, les moins étudiés ? Je ne suis encore qu'en première année donc j'ai le temps de me spécialiser mais je vais profiter de l'été pour lire sur ce qui m'intéresse et je trouverais cela dommage de me spécialiser dans un domaine archi-étudié (comme le XXème siècle dans son ensemble par exemple).


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Message Publié : 04 Mai 2010 21:54 
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Jules Michelet
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Inscription : 29 Déc 2003 23:28
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Cela nécessiterait l'ouverture d'un nouveau sujet, et l'intervention d'autres que moi qui ne suis pas vraiment versé dans l'histoire de France. D'ailleurs il ne faut pas forcément raisonner que en termes de périodes, mais aussi de thèmes d'étude.


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Message Publié : 05 Mai 2010 6:59 
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Localisation : Caesarodunum
Mécène a écrit :
Et dire que l'on m'a largement déconseillé de me spécialiser trop tôt...


En licence oui, ce serait dommage de se limiter à quelques thèmes que l'on pense maîtriser et apprécier et en délaisser d'autres méconnus au gré des choix d'options. Du moins c'est mon avis. Mais par la suite, en cas de formation recherche du moins, vous n'aurez plus vraiment le choix !


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Message Publié : 05 Mai 2010 20:37 
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Polybe
Polybe

Inscription : 05 Mai 2010 17:02
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Juste une petite aparté pour notifier qu'il était écrit dans sur ma plaquette "Aucune référence à wikipédia...".

Mais je dis oui à l'outil informatique maintenant se pose un énorme problème celui du référencement des sources vérifiées et quelconques. Personnellement j'ai environ 1200 livres. (romans etc..) Étant une personne créant un site sur l'histoire et l'art je me suis réinscrit à la médiathèque de la ville d'à coté pour mettre la main sur des livres. j'espère que dans 50 ans le référencement sera plus sérieux. "Historiquement" est le contraire "d'économiquement" viable.

_________________
une proposition de thésaurisation sur l'histoire et l'art en cours


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