Dans l'ensemble, il faut avouer que les historiens se sont pour le moment assez peu emparés de l'outil informatique. Oh, bien sûr, nous utilisons tous google books, des pdfs, persée, etc.

Cependant l'utilisation des bases de données - par exemple - dépasse très rarement le stade d'une recherche facilité par une rapidité accrue... alors qu'elles pourraient profondément transformer notre perception du passé.

La réflexion sur ce blocage est sans doute un point intéressant (mais je suis sûr que certains ne seront pas d'accord pour l'admettre comme point de départ). Discutons ?!

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"Un monde ne saurait être fictif par lui-même, mais seulement selon qu'on y croit ou pas." - Paul Veyne

Je suis bien d'accord, combien, d'historien savent gérer des bases de données et, par conséquent, produire des requêtes, des tableaux croisés dynamiques... ne serait ce qu'en utilisant des logiciels tels que Excel, Access ?

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> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )

Bien peu. Et ce ne sont pas les cours d'informatique dispensés à l'université dans les cursus d'histoire, pour l'expérience que j'en ai eu du moins, qui risquent de changer cet état de fait. Personnellement j'en suis bien incapable.



Je suis d'accord. Il faut toutefois reconnaître que les bases de données disponibles aujourd'hui ne suffisent pas encore à ce type d'ambitions : parcellaires, fragmentées, pas toujours complémentaires entre elles, mises en place suivant la bonne volonté (ou non) des institutions concernées, et surtout souvent payantes ou d'accès restreint. Je dois annoncer avec tristesse à ceux qui l'ignoreraient que l'accès à JSTOR, par exemple, n'est pas permis dans de nombreuses facs de province.

Prenez l'exemple de la BNF : si vous voulez obtenir la reproduction d'un article ou d'une partie d'ouvrage, même en demandant qu'elle vous soit transmise numériquement, vous devez attendre que vous soient envoyés par la Poste, sous quinze jours, un devis et les références nécessaires. Au final, on préfère faire le déplacement (et à Tolbiac, cela relève de la gageure...).

En somme, à partir du moment où des bases de données suffisamment complètes et interconnectées seront en ligne, où elles afficheront systématiquement des clichés en haute définition et sous plusieurs angles de leurs collections, leur usage par le monde universitaire pourra réellement s'étendre. Mais cela va demander du temps, de la volonté et pire, des sous.

Un simple avis d'utilisateur : il faut aussi être habitué à l'ordinateur. prendre des notes écrites reste pour moi plus facile que le contraire.

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"Il n'y a point de place faible, là où il y a des gens de coeur." Pierre du Terrail

"Qui est le numéro 1 ?
Vous, Numéro 6. " Le Prisonnier

... Et pour beaucoup de gens ; personnellement j'alterne les notes manuscrites et informatiques, selon les cas. Mais les notes sont personnelles et n'ont pas pour vocation, sauf cas exceptionnels, à être publiées à la disposition de tous. Bref, s'il y a une "révolution" à faire dans la méthode historique, ce n'est pas à ce niveau. En revanche, une base de données bien conçue peut être très facile à utiliser. Plus que d'habituer les historiens (et les chercheurs en général) à l'ordinateur, il s'agit de leur en donner le réflexe, de les informer des possibilités offertes.

On est d'accord profondément. un de mes enseignants nous avait imposé (à moi et deux de mes collègues) comme Td le thème WEB TD sur la Vendée révolutionnaire. La subtilité était l'utilisation d'Internet comme source et comme outil pour la recherche historique sur la question. j'ai donc pu voir les grandes lacunes qui existaient ou les barrièrezs qu'ils pouvaient y avoir. Donc des bases de données sont nécessaires.
Mais il faut aussi pour faciliter ce transit de l'information en habituant les historiens à utiliser les outils informatiques, et je pense que ce problème est davantage générationnel. Il y a les deux volets qui ont des liens à mon avis.

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A la vue des travaux que mène ma femme pour sa thèse, par exemple, j'imagine régulièrement les résultats qui pourraient surgir de la possibilité de bases de données connectées et de requêtes croisées... Je fais le parallèle avec la révolution que constitue pour les naturalistes l'introduction (encore timide pour des raisons de coût) des SIG. A partir du moment où on peut exécuter une requête en quelques clics, on peut tester toutes ses hypothèses pour l'explication d'un phénomène. Les possibilités sont immenses...

A titre d'exemple le compte rendu de la journée d'études organisée par la DRAC Ile de France sur le projet de cartographie des ressources documentaires disponibles pour l’étude du territoire parisien.

http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/introduction-journee.pdf

Celà donne une idée concrète sur l'utilité des applicatifs SIG sur des problématiques historiques et culturelles, entre autres.

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Pour les non-informaticiens, qui ne savent utiliser que Word comme moi, qu'est ce qu'une SIG ?

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Système d'Information Géographique.

Expliqué très simplement c'est un lien interactif entre une carte et une base de données.
Ainsi il est possible de rentrer un ensemble de données ordonnées sous la forme d'une base, d'y intégrer un localisant ( Code tronçon, code carrefour, autres... ) de définir un ensemble de requête permettant d'obtenir un niveau de représentation cartographique.

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Ok!

Il est certain que cela peut être très intéressant.

Récemment les archives municipales de Saint-Étienne ont lancé un programme nommé Pégase! Ce programme permet de faire se chevaucher toutes les cartes anciennes et récentes de la ville stéphanoise avec des liens sur les lieux et les évènements. Un programme appelé en tout cas à se développer sur le local puisque l'information arrive sans cesse!!! Bientôt sur Internet apparemment!

Il est vrai que ces SIG existent mais beaucoup plus chez les généalogistes que chez les historiens dommage!

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Des SIG en généalogie ??
En fait, un SIG, c'est une base de données visualisable sous forme de carte. Comme dans n'importe quelle base, il y a des tables, par exemple des communes, avec des champs où figurent les informations dont on a besoin. Mais contrairement à une base Access, un enregistrement d'une table de SIG est aussi un objet géographique (un point, un polygone, une ligne droite ou brisée) avec ses coordonnées latitude-longitude dans le système de coordonnées choisi par le créateur de la table.
Il est alors possible non seulement de visualiser la carte de répartition des valeurs prises par un champ donné, mais aussi de superposer autant de tables que vous voulez et d'en faire des requêtes croisées. Imaginez que vous ayez une première couche formée par la carte géologique (un polygone étant caractérisé par la nature de la roche) et une autre par le cadastre "napoléonien" d'une commune, en quelques clics vous pouvez étudier dans quelle mesure le substrat définissait la culture choisie par les agriculteurs de l'époque. Non seulement "voir", mais aussi calculer les surfaces concernées.



La ville de Lyon propose déjà depuis un an ou deux la visualisation du cadastre de la ville de la fin du XIXe aux années 70. Mais ce sont des cartes, des images, pas du SIG.

j'ignorais aussi l'existence de SIG en généalogie.
Hors administration territoriale et géographie, c'est aussi un outil essentiel en archéologie et en histoire du peuplement, puisque, comme l'a précisé à juste titre Cuchlainn, on peut naviguer sur différents fonds/couches et y incorporer des informations. Des conférences et des formations sont de plus en plus organisées dans les facs françaises afin de promouvoir cet outil et des masters sont soutenus aujourd'hui sur l'intérêt des SIG pour telle ou telle période dans une région donnée.
cordialement

Hervé

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"L'histoire, qui est le juge du monde, a pour premier devoir de perdre le respect" Michelet (J.)

Quand on voit la démarche de reconstitution numérique de Lyon au XVIII siècle réalisée par Fabrice de Lyon, on s'aperçoit de l'utilité que peut représenter l'outil informatique pour les historiens.

Le rendu est impressionnant
http://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=54&t=21693

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Je trouve en tout cas cet exercice remarquable ; ça ne doit pas être facile, surtout pour des étudiants en licence, mais ce doit être particulièrement formateur. Ce type de démarche devrait être généralisé !

Ce qui est sûr, c'est que l'on travaillera de moins en moins comme Dumézil.