Jean R a écrit :
Ne seriez-vous pas en train de réduire tout ça à l'achat-vente, les captures étant supposées toujours locales ?
1. L'unique différence entre des servitudes, des déportations, des emprisonnements et l'esclavage se résume à l'appropriation et, lorsqu'on ne capture pas, à
"l'achat-vente", une transaction commerciale. Pour le reste, les souffrances dues aux contraintes, aux déplacements et à la privation de liberté sont les mêmes.
2. D'après les témoignages (donc exclusivement occidentaux), les captures de la traite négrière ne sont pas locales mais voisines. Un Etat (ou une tribu) esclavagiste attaque ses voisins, en rafle quelques-uns (pour le prix minimum, en déduis-je d'après mes lectures d'un tué par capturé), les emprisonne, les déplace jusqu'à ses geôles pour les vendre ou se les approprier directement. Plus largement, il est rare qu'un peuple s'asservisse lui-même (comme les Germains et les sociétés qu'ils conquirent en Occident, par exemple).
Jean R a écrit :
Le traité de 652 est manifestement imposé par un envahisseur vainqueur à un envahi vaincu.
En ce cas, il n'y a plus de capture. L'Etat tributaire livre des membres de sa population comme il livre du bétail, des récoltes, des objets manufacturés et des matières premières (comme en Orient avec la Grèce antique, la Perse...).
Jean R a écrit :
Et au moins jusqu'au dix-neuvième siècle on parle d'expéditions fortement armées de trafiquants nord-africains qui capturaient directement.
Les combattants qui raflent des esclaves le font toujours pour leur compte ou pour les vendre, même à un Etat esclavagiste ou à des revendeurs.
Jean R a écrit :
Par ailleurs, je n'ai pas approfondi mais je vois mal l'utilité d'un esclavage massif en Afrique noire au moyen-âge : pas ou très peu de grands travaux de construction, ni de grandes exploitations minières, ni de galères, ni mêmes de très grandes exploitations agricoles autant que je sache.
Nous n'avons de témoignages directs qu'à partir des explorations occidentales du XVIe siècle. Tout ce que nous savons, c'est que des marchands d'esclaves musulmans s'approvisionnaient sur un marché existant, donc local, dès l'arrivée de l'islam au sud du Sahara. Quant à savoir ce qu'en faisait les propriétaires, j'imagine que ça ressemble à ce qu'ils en font aujourd'hui (corvées domestiques, concubines...) ainsi que, à l'époque, l'enrôlement dans des milices privées ou officielles.
Jean R a écrit :
Mais je vois mal à quoi aurait servi un esclavage de masse, surtout au point d'atteindre les chiffres donnés par Géopolis.
J'avais lu (source oubliée) qu'à la belle époque de l'esclavage barbaresque (d'après un recensement ou une estimation quelque part entre le XVIe et le XVIIIe siècle), un habitant d'Alger sur quatre était un esclave chrétien (ou français)). Certaines estimations donnent 3-4 esclaves par ménage (4,5 personnes) dans l'Athènes antique, tandis qu'un tyran athénien, Démétrios de Phalère, recensait entre 317 et 307 av. J.-C., 400.000 esclaves pour 21.000 citoyens et 10.000 métèques (citoyens étrangers libres) dans l'Attique (
Wikipedia).
En tout cas, il me semble que les témoignages des négriers occidentaux rapportaient qu'une bonne partie des esclaves présentés à la vente restait sur place et se retrouvait dans les cours des seigneurs locaux.