Jean R a écrit :
Non seulement on les multiplie [les caractères de définition du concept] mais on les maximalise, comme si on ne pouvait se détacher du radical "total" (qui garde le même sens en italien, français, anglais...). Par exemple, pour l'embrigadement des enfants, critère largement accepté, pourquoi ne pas parler de façon un peu plus large d'implication des enfants plus forte que la normale (à titre indicatif, on peut peaufiner), sans préjuger de la méthode (organisation ad hoc ou pas) ?
L'embrigadement de la
jeunesse, à différencier des enfants, n'est pas un critère universellement caractéristique du
totalitarisme.
Il est, pour la plupart des philosophes politiques, une approche d'un régime totalitaire dans sa pluralité, mais il ne peut être un critère de définition.
Geopolis a écrit :
Le totalitarisme est une tentative de définition philosophique d'une réalité humaine, historique et géopolitique, auquel cas l'Histoire doit s'émanciper des envolées littéraires et, donc, rhétoriques des écrivains (créateurs et commentateurs du concept).
J'adhère à ce concept, Geopolis. L'origine de ces envolées littéraires doit, surtout, se comprendre dans la confrontation d'un régime inscrit dans le présent (au moment du développement des questionnements du concept de
totalitarisme), le régime soviétique russe, face à deux régimes inscrits dans le passé depuis leur disparition, les régimes fasciste et nazi. Hobsbawm participe à cette subjectivisation du concept, lorsqu'il présente le communisme comme un rempart au libéralisme dans la guerre des démocraties contre le fascisme.
Alain.g a écrit :
Ainsi cette idée que ce qui caractérise entre autres le totalitarisme, c'est que "le dictateur totalitaire gouverne son propre pays comme un conquérant étranger ..", il est bien plus efficace que lui pour dominer, terroriser et exterminer, comme on le voit avec Staline en Ukraine.
Arendt indique aussi, par exemple, que le dictateur totalitaire méprise son peuple
Je vois plus, dans ce passage de Arendt que vous releviez, Alain.g, une manière d'associer au concept de
totalitarisme la pensée machiavélienne. Raymond Aron a, par la suite, contribué à cette association de cette philosophie politique au concept.
Geopolis a écrit :
Ainsi, je trouve que limiter le terme à deux régimes ou à un siècle est affectivement, politiquement et philosophiquement réducteur. Réducteur parce que cette limite reflète davantage une limite cognitive (l'ignorance d'autres siècles, le refus d'autres similarités) que sémantique.
Le concept de
totalitarisme est, à mon sens (mais cela est discutable), ancré dans une époque, celle du XXème siècle.
Les éléments politiques et sociologiques (et les modalités d'expression de l'Etat), qui sont l'essence de ce concept, ne peuvent être appliqués à d'autres époques, pour des multiples (philosophiques et techniques).