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Disons que j'aspire à un juste milieu entre le n'importe quoi (dont j'ai aussi voulu donner un exemple concret) et une vision trop restrictive, une quasi-singularité, celle qu'Hannah a lancée puis abandonnée, qui ne permet à mon sens pas grand-chose.
Une notion aussi "tranchante" ne peut tolérer les demi-mesures dans ses critères de définition et un éventuel "juste-milieu". Que serait-il d'ailleurs selon vous alors, dépolitisé en réalité, si je vous suis bien ?
Je suis allé observer votre lien, qui n'est rien d'autre qu'une relecture très partielle (partiale ?) de Bakounine, comparée aux écrits marxistes. C'est un point de vue se fondant sur trois citations, qui me paraissent bien insuffisantes pour tenter d'appréhender à leur juste mesure les théories de Bakounine.
Franchement, même si elle est loin d'être parfaite - oui, bien entendu aucune société humaine n'est parvenue au stade d'un
totalitarisme "maximal" (à la
1984...), je pense que personne ici ne prétendra le contraire -, la définition éclairée par Phocas ou Jefferson, voire Aponie me semble tout de même convenable. Perfectible, mais intéressante.
Je me demande tout de même si en période de guerre, où les structures étatiques, noyautées et déclinées par celles du parti unique - ce qui est paradoxal je vous l'accorde au risque d'apporter la fameuse "polycratie" - ne sont pas parvenues à flirter avec cette perfection.
L'effort de guerre nous le savons bien - voire en URSS le "communisme de guerre" pendant la guerre civile... - et la déclinaison de la "guerre totale" tend à radicaliser les interventions publiques et toucher ainsi toute la société, tous ses membres, même dans les coins les plus reculés de son territoire. Toute opposition - même modérée, voire muette - se trouve balayée et ses membres réquisitionnés afin de lutter pour la survie du groupe. Tous les moyens financiers, militaires, industriels, humains sont mis au service de la lutte des masses armées
via une propagande omniprésente, orchestrée par un parti unique, surveillant tous les individus jusqu'à leur travail ou dans leur foyer et les terrorisant par une police politique et des camps de concentration, les déshumanisant encore davantage.
L'humanité des masses est niée et se retrouve cristallisée sur la personne du chef charismatique, à qui un culte sans bornes est voué. G. Le Bon théorise bien cette mutation politique majeure qui affecte les sociétés européennes au tournant du XXème siècle. Cette dernière, justement renforcée par la brutalisation des esprits du premier confilt mondial.
Si cet auteur - comme d'autres - perçoit justement cette mutation radicale, il est notable que cela choque certains contemporains, témoins de celle-ci.
Vraiment, j'éprouve de réelles difficultés à voir des "totalitarismes" avant la matrice du XXème siècle. Ce n'est pas par orthodoxie envers qui que ce soit ou à quoi que ce soit en passant, mais bien au fait que les structures étatiques antérieures n'étaient pas à même de réaliser l'once de ce qui sera fait dans l'Allemagne nazie ou l'URSS de Staline - je le répète, à un point optimal pendant les périodes de guerres internationales/civiles.