Jean R a écrit :
"Ils ont a leur service une vision du monde"... qu'est-ce qui permet d'affirmer qu'ils ne sont pas plutôt, ou au moins tout autant, à son service ?
Eux. Prenons Lénine :
"Les communistes ... proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l'ordre social passé" (Marx)
Très vite Lénine se fait remarquer par son intransigeance doctrinale, la violence de ses polémiques, son côté scolastique et rhétorique du bon élève qui, s'il connait bien les livres connait mal le monde "réel". Derrière le marxiste se cache un homme visiblement fasciné par les grands révolutionnaires populistes (l'utopiste Tchernychevski ou l'activise Netchaïev...).
Lénine la création d'une armée politique organisée sur le modèle militaire et totalement dévouée à son leader (cf. :
"Que faire ?"). Lors du IIème congrès du Parti, son comportement est tel que Trotski évoque
"... la volonté de puissance qui guide le camarade Lénine..." et sa
"... dialectique de la lutte pour le pouvoir..." ;
"... l'état de siège sur lequel Lénine a insisté avec une telle énergie exige un pouvoir fort, la pratique de la méfiance organisée exige une main de fer ... le camarade Lénine a mentalement passé en revue les membres du parti et en est arrivé à la conclusion que cette main de fer était lui".
Citer :
... donc qu'ils ne tiraient pas tout le profit personnel possible de leur autorité. Il y a un autre moteur que l'avidité personnelle.
Quelle plus grande richesse que celle de détenir un pouvoir, si petit soit-il car il possède toutes les graines du totalitarisme. Ensuite libre au détenteur de faire germer... ou non. C'est déjà un double plaisir : un plaisir réflexe et un plaisir analysé.
Citer :
Par contre elle (Arendt) considère le totalitarisme non pas comme un système figé mais comme une dynamique.
Une dynamique redondante alors. Arrivé à un point, on crée plus, les cases sont cochées mais on peut reprendre et aller plus fort. C'est justement ce qui crée la paranoïa tant dans le système lui-même et son leader qu'en face et à ce moment, le tout chancelle car on ne peut plus s'identifier à la terreur si l'on en devient la victime, on ne peut plus remercier le bourreau s'il exige notre tête et le même mouvement qui habitait alors la majorité fait ressac. Il faut alors nourrir ce ressac souvent instinctif et d'autres penseurs sont soudain remis au goût du jour, de gré -on se pose et on réfléchit- ou de force -on lave le cerveau pour une nouvelle vision annoncée meilleure- quoiqu'à ce moment, celui qui reçoit n'est plus en état de faire la différence entre les notions bien et mal, alors "meilleur"....
Cependant "meilleur" fait appel à l'enfance et au rêve, tous les cerveaux peuvent donc s'accrocher au "meilleur" et ceci remplit la vacuité de la désillusion : il n'y a donc pas de frustration qui entraînerait une souffrance ou une réaction.
Y-aurait-il donc un "totalitarisme" positif ?