GustavedeBeaumont a écrit :
J'ai écrit que, aujourd'hui encore, "l'extermination totale" de la citation choisie de Sémelin n'est pas un critère suffisant retenu pour définir un génocide. Vouliez-vous dire par cette citation que "l'extermination totale" est un critère nécessaire et/ou suffisant?
Non, d'autant plus que Sémelin ne retient pas ce terme comme critère, mais celui-ci :
"processus global de destruction", dans le sens où il y a une intention et une planification, qu'on quitte en quelque sorte la notion de massacre traditionnel.
Il n'y a donc pas besoin d'une "extermination totale" pour qu'on emploie le terme.
GustavedeBeaumont a écrit :
Par contre, l'inscription de l'histoire dans la loi me semble regrettable comme l'écrit Pierre Nora.
Et pourtant foule de sociétés y recourent depuis une bonne trentaine d'années et invoquent ensuite cette loi pour expliquer qu'il y a bien eu génocide, que c'est ainsi et qu'il est désormais interdit de prétendre l'inverse.
GustavedeBeaumont a écrit :
Un numéro de Mémoires en jeu est disponible en ligne, sur les génocides, au pluriel, "génocides oubliés"
Il est simplement regrettable que les articles ne soient pas consultables, d'autant plus que pratiquement chaque titre questionne l'emploi du terme de génocide à ces massacres...
Quant aux Hereros et aux Namas, ces massacres ne semblent pas constituer un génocide. Aucun "processus global de destruction" n'est présent. C'est un militaire, qui se charge de massacrer ces populations, après que des colons allemands aient été également massacrés. Certes, les chiffres sont totalement disproportionnés entre les morts autochtones et européens et von Trotha emploie des méthodes de boucher (reprenant les camps de concentration "trouvés" par les Anglais quelques années plus tôt), mais il ne semble pas vouloir détruire ces peuples comme ethnies, mais bien obtenir leur soumission et/ou leur départ des terres à coloniser.
De toute manière dès que ses procédés sont connus en Europe il est rappelé par Berlin et les massacres cessent.
Que l'Allemagne soit par souci de repentance, soit par volonté de se développer économiquement dans le secteur, soit les deux, décide de reconnaitre ces massacres comme un génocide en 2021 est une chose, qu'il en soit un véritablement en est une autre.
Et face à l'inflation galopante de ces "génocides", il est normal que des auteurs tentent de faire la part des choses.
Car encore une fois, j'attends avec impatience que les descendants de la cité de Sparte - si on en trouve - demandent pardon d'avoir rasé la cité de Platées pendant la guerre du Péloponnèse, car cela constitue finalement aux yeux des humains de la fin du XXème siècle que nous sommes un "génocide" (terme qui n'existait bien entendu pas à l'époque).
Ainsi, l'historien est donc amené à devoir classer, ordonner, mettre en balance tout cela, même s'il doit entrer dans des décomptes macabres et autres études de procédés inhumains et affirmer au final que ce massacre ne "vaut" pas celui-là.