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Message Publié : 20 Fév 2014 21:28 
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Salluste
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calame a écrit :
Je ne connais pas grand chose au christianisme des origines, mais c'est la première fois que j'entend parler du message chrétien de cette manière. Vous avez des sources (extraits des évangiles, je suppose ?) qui corroborent cette interprétation ? A-t-on les trace d'un millénarisme dans la société romaine du début de notre ère en dehors ?


Marc 13, 1_32. http://mangerlaparole.canalblog.com/arc ... 67611.html
Matthieu 24, 1-44 http://mangerlaparole.canalblog.com/arc ... 23906.html
Luc 21, 7-36 http://mangerlaparole.canalblog.com/arc ... 79094.html
Matand Bulembat : L'eschatologie paulinienne.
http://books.google.fr/books?id=VVogenb ... ie&f=false


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Message Publié : 20 Fév 2014 21:33 
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Salluste
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bourbilly21 a écrit :
Attention à ne pas confondre, parce qu'il faisait allusion au siège et à la destruction de Jérusalem par Titus


Les épitres de Paul et l'évangile de Marc ont été écrits avant la prise de Jérusalem par Titus. Matthieu, on ne sait pas trop. Luc est postérieur. Le texte le moins susceptible d'être pollué par l'événement historique est donc celui de Marc. Mais il a pu être amendé postérieurement...


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Message Publié : 20 Fév 2014 21:59 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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crazystory a écrit :
Ne pas oublier que cette peur a été l'un des éléments fondateurs du christianisme. Jésus aurait utilisé cette croyance, probablement diffuse dans la société de son époque, la commentant, l'expliquant, et surtout annonçant un délai pour un événement de ce type : "ceci arrivera avant que cette génération ne soit passée", c'est à dire un délai de l'ordre du demi-siècle.

Paul de Tarse, le fédérateur du christianisme dans l'empire romain, recommandait dans une de ses épitres de ne pas se marier et de ne pas avoir de descendance : c'était d'après lui inutile puisque la fin des temps prophétisée par Jésus était sur le point de survenir !

On commente aujourd'hui ces textes (lorsqu'on y est obligé, car on préfère évidemment les laisser dans l'oubli) en expliquant que dans la bouche de Jésus "génération" est une question de millénaires...

Le moins que je puisse dire ... c'est que vous extrapolez un peu, voire franchement, trop vos "conclusion" ... tant au niveau de "Jésus" que de "Paul".

Pour vous mettre sur la voie, la bonne B) , ne pas oublier que d'une part la notion même d'apocalypse est Juive avant d'être Chrétienne ... et d'autre part la fin du monde, du moins au niveau du christianisme, sera précédée d'un retour du Christ ... d'où les histoires liés au Millénarisme.


Cordialement, Epsilon


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Message Publié : 20 Fév 2014 22:09 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Bonsoir à tous

Concernant le nombre : 666

Apo (18,18) donne comme chiffre de la Bête 666 … ttfois qcq témoins/manuscrits ont le chiffre 616 … la gématrie (très utilisée pour l’Apo) nous renseigne que 666 selon l’équivalence des lettres hébraïque nous donne « César-Néron via le Kaisar Néron » [NRWN QSR soit 50/200/6/50/100/60/200=666] … et que 616 selon l’équivalence des lettres grecques nous donne « César-Dieu via Kaisar Theos » [20/1/10/200/1/100/9/5/70/200=616].

Mais l’intention de Jean est-elle bien une « devinette » pour adeptes de la gématrie ???

Le chiffre « 6 » est utilisé par Jean dans un sens péjoratif au niveau du verset (11,2) nous avons le chiffre 42 … sans m’étendre sur ce chiffre lui-même nous observons que 42=6*7 … donc a contrario du 7 (qui d’un point de vue biblique représente « l’accomplissement » et est à rapprocher avec Dieu) le 6 (qui n’est qu’un 7 « raté ») désigne la manifestation du mal … qcq’un/chose qui voulant atteindre la perfection de Dieu (7) n’y arrive pas mais lui est très proche.

Ainsi 666 peu être considéré comme une « trinité » de 6 c-à-d une « trinité » d’imperfections … qui n’est autre que la « religion » de l’homme en lieu est place de la religion de Dieu.

Nous ne pouvons aussi écarter Daniel (ce qui serait ici en « écho » avec Babylone la prostituée) avec ses « 6 » … car en Dn (3,1) la statue de Nabuchodonosor est de « 66 coudées de hauteur et de 6 coudées de largeur » … ni escamoter le sens de « 666 » à propos de la richesse de Salomon en II R (10,14) et II Ch (9,13) !!!

Mais il faut revenir au verser Apo (13,18) ou il est fait mention « … un nombre/chiffre d’homme … » que veut dire cet avertissement ??? comment peut-on l’interpréter ???

a) doit-on restreindre ce « c’est un nombre d’homme » à un « c’est le nombre d’UN homme » ???

Mais il s’agit ici du « nom de la bête » et que celle-ci n’est autre (du temps de Jean) que l’empire Romain … et bien que Jean ait montré une tendance à identifier/personnaliser la bête avec un empereur voir V(14) … ou nous avons l’emploi du pronom relatif masculin relié au mot « bête » qui lui reste neutre.

Cette vue des choses conduit notamment aux adeptes de la gématrie à un « Néron-César » via l’utilisation de l’alphabet hébraïque.

Mais on voit mal l’utilisation de l’hébreu sur un texte Grec destiné aux Grecs … d’où la possibilité du chiffre 616 qui donnerait en grec le « César-Dieu » … mais ici il n’y aurait pas identification d’un empereur particulier mais bien (dans le droit fil de l’Apo) à pointer la bête dans le culte divin rendu à César et à ses successeurs.

Une autre objection concernant d’une part la personnalisation du non et d’autre part le choix de Néron … si « personnalisation » il y a elle ne peut que concerner l’empereur Romain au moment ou Jean écrit l’Apo … Jean « cachant » ce nom par prudence car il y aurait danger de l’écrire en toute lettre … et non pour notre plaisir de « découvrir » une qcqconque énigme … or lors de l’écriture de l’Apo Néron était déjà mort Jean ne courait guère de risque d’écrire son nom en toute lettre.

Il est vain de rechercher un nom particulier … certains ont vue l’adjectif « lateinos/latin », d’autres le mot hébreu « Romiith/Romain », voire « Adonikam » et autre « Nemrod » etc etc … on ne voit pas pourquoi la bête de l’Apo recevrait un nom plutôt qu’un autre !!!

b) autre hypothèse … le chiffre 6 est par excellence le « nombre/chiffre d’homme » puisque l’homme a été créé le 6ième jour.

Dans cette hypothèse nous rejoignons la « trinité » de 6 que j’ai mentionné plus haut.

Ceci indique l’homme en général (et non UN en particulier) qui accepte/revendique le droit à l’adoration … droit qui n’est réservé qu’à Dieu (on rejoint d’une façon générale le « César-Dieu » et notamment Domitien) voir aussi II Thess 2,3-4.

Pour conclure :

L’interprétation du 666 doit être rechercher dans cette « trinité » de 6 (et non dans un empereur particulier) … qui représente la « religion » de l’homme (à travers les siècles et plus particulièrement lors de l’avènement de l’Antéchrist) en lieu est place de la religion de Dieu.


Cordialement, Epsilon


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Message Publié : 20 Fév 2014 22:27 
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Salluste
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Epsilon a écrit :
ne pas oublier que d'une part la notion même d'apocalypse est Juive avant d'être Chrétienne ... et d'autre part la fin du monde, du moins au niveau du christianisme, sera précédée d'un retour du Christ ... d'où les histoires liés au Millénarisme.


La conception cyclique du temps est universelle chez le peuples de l'antiquité ou primitifs. Amérique du sud, Amérique du nord, Iran, Inde, Iles du Pacifique, etc. Cf Mircea Eliade, Velikovsky... Que Jésus ait eu accès à ces traditions, en dehors du Judaïsme est possible et même probable à mes yeux. Le caractère universaliste de son message prouve à mes yeux qu'il n'avait pas l'esprit borné par le judaïsme de son époque : bien au contraire, il en a dénoncé les dérives et c'est ce qui lui a valu la haine de l'establishment de Jérusalem.

Mais l'aspect intéressant, pour les débuts du christianisme, est la croyance en la proximité de l'événement. A partir du moment où on mettait en avant le caractère suprahumain de Jésus, on ne pouvait pas mettre en doute ses paroles l'annonçant pour un délai proche. Mais en quelques décennies, il a fallu réviser la doctrine et admettre qu'on n'avait pas bien compris les dites paroles. Je crois bien (de mémoire) que c'est Pierre qui, le premier, a fait cet aggiornamento de la doctrine.


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Message Publié : 21 Fév 2014 16:54 
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Georges Duby
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La comparaison entre les trois citations précitées des évangiles de Marc, Mathieu et Luc est très intéressante; à lire. Les trois sont proches mais plus encore de manière étonnante les textes de Marc et et Mathieu sur la chûte du temple et la désolation, qui sont presque identiques, comme reprises d'un texte unique, c'est troublant, ce qui accrédite l'hypothèse de la fameuse source Q (Quelle) dont serait issus Marc et Mathieu.
A moins que ce ne soit un texte juif qui ait été repris, car Jésus était Rabbi, parlait au temple et indiquait lui-même être venu pour enseigner la loi juive (la Torah) et non pour la combattre; ce qui ne l'empêchait pas de critiquait certains aspects de ce qui était sa religion, spécialement l'enseignement venu du temple. Les spécialistes disent que l' enseignement de Jésus est rempli de références à l'ancien testament à la fois dans la forme, la lettre et le fond, l'esprit.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 21 Fév 2014 19:44 
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Salluste
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Alain.g : Autre hypothèse : que le texte de Marc ait subi, ultérieurement à sa rédaction, des ajouts. On dit que Marc était un jeune homme au moment de l'arrestation de Jésus, dont il aurait été témoin. C'est le seul évangile qui donne des détails factuels précis sur cet événement.

On lit dans une lettre de Paul "fais venir auprès de moi Marc, le fils de ...". Serait ce un indice de l'intention de Paul de faire rédiger ce premier évangile, une vingtaine d'années après les faits, par un témoin direct ? Si oui, peut-on imaginer que Luc, le "secrétaire" de Paul, aurait ultérieurement rectifié le texte de Marc pour y rajouter cet épisode du discours eschatologique ?

Il est possible qu'une analyse philologique précise puisse aider à trouver la réponse. En effet, Marc était un juif de Palestine, écrivant (tout seul ou aidé) dans un grec assez rustique, alors que Luc maitrise parfaitement le grec avec de belles tournures grammaticales. Donc si ce passage dans Marc est trop bien écrit, cela serait suspect. Personnellement, je ne maitrise pas assez le grec ancien pour répondre.


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Message Publié : 21 Fév 2014 22:35 
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Grégoire de Tours
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crazystory a écrit :
Mais l'aspect intéressant, pour les débuts du christianisme, est la croyance en la proximité de l'événement. A partir du moment où on mettait en avant le caractère suprahumain de Jésus, on ne pouvait pas mettre en doute ses paroles l'annonçant pour un délai proche. Mais en quelques décennies, il a fallu réviser la doctrine et admettre qu'on n'avait pas bien compris les dites paroles. Je crois bien (de mémoire) que c'est Pierre qui, le premier, a fait cet aggiornamento de la doctrine.

Il faut que vous soyez plus précis … avec exemples à l’appui … avant de tirer vos conclusions … bon, à votre décharge, ce n’est pas simple.

Par exemple à l’appui de votre thèse vous mentionnez : « ceci arrivera avant que cette génération ne soit passée » … je suppose que vous faites référence à Mt (24,34) qui dit : « … cette génération ne passera point que toutes ces choses ne soient arrivées ».

De quoi parle Jésus à ce propos …

a) « toutes ces choses » … désignent celles dont Jésus fait référence en Mt (24,29-33) qui se poursuit au (V 36) … c-à-d sa dernière venue pour le Jugement final.

La question est donc … comment Jésus peut-il faire une telle annonce, comme devant s’accomplir, dans « cette génération » durant donc le vivant de « cette génération » ???

b) diverses interprétations ont été émises donnant un sens à « génération » notamment avec le sens … de la « race humaine », de la «[i] nation juive [/i]», de « l’Eglise », de la « création » etc etc … ceci ne saurait être valable voir notamment le sens qu’en donne Lc (11,50,51).

c) un autre sens à été donné à ce verset qui tout en conservant la bonne définition de « génération » … place « l’accomplissement » à son début … en ce sens que « cette génération » n’en verra que les premiers signes qui devraient donc se poursuivre au-delà d’elle.

Mais ceci n’est pas valable au regard de la clarté des annonces de Jésus contenue dans le « toutes ces choses ».

d) il reste donc, ce que vous faites, d’attribuer à Jésus … comme un Témoin de Jéhovah avant l’heure … de confondre l’époque de son retour avec la ruine imminente de Jérusalem.

Mais cette interprétation n’est pas recevable en effet Jésus ne pouvant faire une telle erreur … dont une des causes aurait été de tromper ses propres disciples … l’autre hypothèse serait donc que ses propos auraient été mal interprétés par ses mêmes disciples.

Comment Jésus aurait’il peut se tromper ainsi le mettant directement en contradiction avec lui-même … car comment, dans ce cas, concilier ces paroles avec les catastrophes qu’il pointe dans l’avenir … le V6 faisant mention de : « ce n’est pas la fin » … comment aussi admettre, avant le destruction même de Jérusalem, que : « l’Evangile du royaume sera prêché à toutes la terre » (V14) … qu’elle contradiction aussi avec la déclaration que seul le Père connaît le temps de son retour (V36) … et que ce même retour aura lieu « aussitôt après » la ruine de Jérusalem !!!

Mais si ce n’est le Christ qui se serait trompé pouvons nous pour autant attribuer cette erreur aux Evangélistes … car le V34 ne peut se rapporter qu’à la destruction de Jérusalem et à la ruine de la théocratie … et non au retour du Christ … la conclusion coule de source que ce verset est ici hors de sa place … nous ne pouvons, ttfois, escamoter, pour diverses raisons, que les apôtres eux-mêmes attendaient/souhaitaient le retour du Christ de leur vivant (voir : I Thess 4,15-17 ; I Cor 15,51) … mais ceci ne peut être invoqué ici car même les espérances de l’Eglise primitive ne peuvent être attribuées à Jésus lui-même en tant qu’il avait laissé ses disciples dans l’ignorance du jour et de l’heure de son retour … afin justement de les maintenir dans la vigilance.

Et quand bien même que l’on soulève que ceci n’est pas valable … par le fait que l’on retrouve la même « erreur » chez Lc et Mc … nous pouvons en déduire que les différents Evangélistes ont puisé à la même source entraînant la même confusion … en rejetant une telle hypothèse on se trouve en présence d’une difficulté que nous ne saurions résoudre ... et qu'il serait mal venue d'en faire des interprétations personnelles.


Cordialement, Epsilon


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Message Publié : 22 Fév 2014 12:29 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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crazystory a écrit :
Alain.g : Autre hypothèse : que le texte de Marc ait subi, ultérieurement à sa rédaction, des ajouts.
Vous mettez en pratique, en cette occasion, ce qu'on appelle la théorie de l'interpolation qui depuis Celse - philosophe romain épicurien du 2è siècle, critique du christianisme - relève comme des rajouts postérieurs aux évangiles canoniques, toutes les allusions par Jésus à des évènements ultérieurs qu'il annonce.
Or, rien n'étaye cette théorie, Jésus parle parfois comme un prophète juif en tant que Messie fils de Dieu. Il aime en poursuivant l'abondante tradition juive de la prophétie, annoncer des évènements futurs comme la destruction du temple, la désolation du monde, pour frapper les esprits selon les usages du temps.
Et, c'est un point important pour comprendre les évangélisateurs, ceux ci en reprenant la tradition orale du souvenir de Jésus, mettent à dessein l'accent sur les prophéties du ressuscité et qu'y a t-il de plus porteur dans leur message de foi - plus que de mémoire - que d'évoquer le temple, très contesté à l'époque de Jésus, et la fin du monde avant la réapparition du Messie, ainsi que toutes sortes de maux imagés, qu'ils puisent dans la tradition juive, comme Jésus le faisait lui-même.
Marc visiblement s'attache à "montrer que les signes de ce règne (le règne de Dieu) sont déjà présents aussi bien dans le discours que dans les actes de Jésus doté d'une autorité qu'il tient de sa relation avec Dieu qu'il appelle son père." (Pierre Géoltrain, Aux origines du christianisme)

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Message Publié : 22 Fév 2014 13:03 
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Philippe de Commines
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Localisation : Lorraine
Pédro a écrit :
Sur la question de la peur de la fin des temps je pense qu'il y a quelques éléments intéressant où n’apparaît pas que le cas des élites dans l'ouvrage de Jean Delumeau, La peur en Occident.
Tout à fait. Delumeau démontre que les peurs eschatologiques, qui étaient jusque là des appréhensions des élites, atteignirent des couches populaires beaucoup plus larges aux XIVème et XVème siècles, avec deux temps forts :
- fin XIVème-début XVème, où la peur coïncide avec un certain nombre de "malheurs du temps" (grand schisme, peste, avance turque...), où des vecteurs des peurs eschatologiques s'activent particulièrement (prédicateurs genre Savonarole, moines mendiants...etc) ; l'Apocalypse est alors le grand sujet à la mode dans l'iconographie ;
- l'époque de la Réforme, où se répand la conviction que la hiérarchie ecclésiastique s'enlise dans la corruption et où les moyens de diffusion des peurs eschatologiques, tels que l'imprimerie, jouent un rôle croissant.

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Message Publié : 23 Fév 2014 10:13 
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Salluste
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L'histoire des débuts du christianisme, notamment de ce que le courant qui est sorti vainqueur de l'histoire a appelé "les hérésies", montre bien qu'on discutait ferme certains points de doctrine, parmi lesquels certains sont aujourd'hui gravés dans le marbre par exemple dans le "credo".

Pour moi, le débat sur l'imminence de la fin des temps (parousie pour les chrétiens) a surtout eu lieu entre la chute de Jérusalem (70) et la fin du premier siècle. A cette dernière date, il est devenu évident que l'événement prophétisé par Jésus ne s'était pas produit, sauf à considérer justement que c'est de la conquête par Titus et de la destruction du temple dont il parlait. Se référer uniquement aux évangiles pour trancher me semble insuffisant : Marc a sans doute rédigé avant 70, Matthieu et Luc après. Donc les deux dernières rédactions ont pu intégrer l'événement, détournant le discours de Jésus dans ce sens. Et l'hypothèse selon laquelle le texte de Marc aurait été amendé postérieurement à cette date pour le rendre conforme aux deux autres est à mes yeux tout à fait recevable : comme souligné plus haut, les trois textes sont étonnamment semblables. Tout prof qui verrait ça aujourd'hui dans des copies d'étudiants aurait des doutes !

Il me semble qu'il vaut mieux rechercher dans les épitres de Paul et Pierre, antérieurs à la chute de Jérusalem, les fondamentaux de ce débat. Paul est évidemment très influencé dans sa doctrine par ces éléments eschatologiques. Pour lui cela ne fait aucun doute qu'il faut prendre les paroles de Jésus à la lettre et que la fin des temps est imminente. Pierre semble beaucoup plus nuancé sur ce point, voire en opposition à Paul. On pourrait rapprocher cette opposition de celle qui a été soulevée, entre les groupes chrétiens primitifs formés chez les "gentils", les pauliniens, de ceux qui était restés en Palestine, qu'on pourrait qualifier de "réformateurs juifs", essentiellement les apôtres et les communautés qu'ils avaient fondées.

De toute évidence, l'église actuelle dérive du courant paulinien, et les interprétations "officielles" du discours eschatologique de Jésus sont devenues des explications jésuitiques (génération = civilisation, etc...), oubliant un peu les écrits de Paul sur le sujet qui doivent bien être considérés comme plus gênants que propres à étayer la doctrine aux yeux des fidèles.


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Message Publié : 23 Fév 2014 11:18 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 27 Jan 2013 18:47
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crazystory a écrit :
Tout prof qui verrait ça aujourd'hui dans des copies d'étudiants aurait des doutes !

OK ok … mais ces « doutes » comme je vous l’ai dit c’est qu’ils font certainement référence à une source commune dont la confusion … comme vous le faites … est de confondre, dans le verset Mt (24,34), la chute de Jérusalem avec la fin des temps.

Bien que vous admettez que Mc écrit avant 70 … par un tour de pirouette vous nous dites qu’il a « été amendé », donc après 70, pour être conforme aux deux autres … moralité : autant dire que Mc écrit après 70 !!!

Concernant Paul … il faut faire une différence quand Paul s’exprime aux fidèles afin justement de les tenir confiants/prêts à toutes heures … et le fait qu’il s’exprime sur la parousie d’une façon générale, perçue comme une attente, sans ttfois en fixer le jour exact … à moins que vous ayez qcqchose sur ce dernier point ???

Quoiqu’il en soit les Evangélistes voire Paul ne vous permet pas de dire : « A partir du moment où on mettait en avant le caractère suprahumain de Jésus, on ne pouvait pas mettre en doute ses paroles l'annonçant pour un délai proche » … au sens ou ce serait Jésus lui-même qui aurait annoncé son retour imminent pour la fin des Temps.


Cordialement, Epsilon


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Message Publié : 23 Fév 2014 19:03 
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Salluste
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Inscription : 06 Fév 2014 19:23
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On n'a jamais retrouvé le moindre verset de la "source Q". Mais par contre, dans des apocryphes comme l'évangile de Thomas on trouve des logia (paroles de Jésus) qui semblent indiquer qu'il était beaucoup plus vague et sybillin dans ses paroles qu'on ne peut le lire dans les évangiles canoniques. Par deux fois il s'exprime, interrogé par des disciples sur le futur "royaume" en leur répondant que le royaume est déjà autour d'eux, mais qu'ils ne le voient pas !


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Message Publié : 23 Fév 2014 20:22 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 27 Jan 2013 18:47
Message(s) : 507
crazystory a écrit :
On n'a jamais retrouvé le moindre verset de la "source Q". Mais par contre, dans des apocryphes comme l'évangile de Thomas on trouve des logia (paroles de Jésus) qui semblent indiquer qu'il était beaucoup plus vague et sybillin dans ses paroles qu'on ne peut le lire dans les évangiles canoniques. Par deux fois il s'exprime, interrogé par des disciples sur le futur "royaume" en leur répondant que le royaume est déjà autour d'eux, mais qu'ils ne le voient pas !

Bon ...

La "source Q", comme d’ailleurs la théorie documentaire, a fait long feu.

"L'évangile de Thomas" est gnostique ... c'est pas un mal :wink: ... mais enfin.

Le thème du "Royaume de Dieu", qui existe aussi au niveau de l’AT, est difficile à cerner d’une façon certaine … mais ce royaume est/commence déjà sur terre dans la mesure ou un chrétien ne doit se désintéresser des injustices … dans la mesure donc ou il faut obéir au Christ même s’il est utopique de rêver d'un "monde meilleur" … nous devons donc nous efforcer à le rendre le plus supportable qu’il soit … le monde actuel est donc déjà le Royaume de Dieu … et ceci n'a absolument aucune contradiction par le fait que ce Royaume trouvera son terme final dans la parousie.

On frôle le HS là !!!


Cordialement, Epsilon


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Message Publié : 23 Fév 2014 20:32 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 14 Avr 2006 21:21
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Localisation : Blois
Associer Apocalypse et "fin du monde" relève d'un glissement de sens. Apocalypse, mot d'origine grecque, signifie en fait "révélation" ou "levée du voile". C'est donc la fin d'un monde mais pas la fin du monde en lui-même.

Les prophéties de fin du monde sont innombrables (je crois qu'on a atteint hier la 183e depuis la chute de l'Empire Romain) et universelles : le 17 août 1987 selon le calendrier aztèque (j'étais en vacances au bord de la mer, il faisait un temps magnifique), le 21 décembre 2012 selon une mauvaise interprétation du calendrier maya (pauvres Mayas !), le 22 février 2014 selon la mythologie Viking... C'est en effet hier Ragnarok, le Crépuscule des Dieux...

Les peurs millénaristes sont, je dirais, ancrées dans l'inconscient collectif des peuples quels qu'ils soient et ont probablement une origine très ancienne, liée aux difficultés de l'existence, à la peur de lendemains incertains et à l'incompréhension face à des phénomènes monstrueux (catastrophes naturelles, phénomènes célestes, etc.). Fouinant un peu (beaucoup) dans les archives de mon département, j'ai eu tout le loisir de constater que les curés de l'Ancien Régime voyaient, par exemple, dans le passage de comètes ou l'apparition incongrue d'aurores boréales l'imminence de catastrophes épouvantables. Et nous savons au moins que depuis l'aube des temps, les hommes observent le ciel avec beaucoup d'attention, quelle que soient leurs origines : l'orientation des temples un peu partout dans le monde, des pyramides de Gizeh, des alignements de pierres levées en Europe de l'Ouest, etc. en témoignent amplement.

Donc... non, les Chrétiens n'ont pas le monopole du catastrophisme. Par contre, c'est peut-être une angoisse "civilisationnelle". Les cultures tribales (mais je me trompe peut-être) semble moins inquiètes par la fin des temps.


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