pierma a écrit :
Dans l'analyse que l'on fait du fait colonial, il ne faut pas oublier que les Européens de la fin du XIXème siècle portaient une grande confiance dans la civilisation et ses bienfaits. Ce sont des républicains convaincus qui ont, en France, soutenu la colonisation.
Malgré tout, la colonisation telle qu'elle a été menée ne correspondait pas à leur idéal.
C'est en effet tout le camp républicain à l'exception des radicaux et de l'extrême gauche, qui approuve et même initie la colonisation, une large majorité dans les années 1880 menée par la fine fleur du républicanisme: Gambetta, Grévy, Ferry, Paul Bert, presque tous les franc-maçons ...
Les pères de la République considèrent la colonisation comme un devoir républicain, une action noble menée de pair avec l'instruction publique en France.
Ce sont en effet les mêmes qui créèrent la République, fondent l'école publique obligatoire et laïque que nous admirons et décident de venir en aide aux pays moins avancés en leur apportant la civilisation et le progrès . Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il n'y a donc pas eu contradiction mais au contraire unité d'objectif, un objectif humanitaire dont le parti du mouvement est fier. la colonisation fut un idéal pour certains, un peu comme les révolutionnaires de 1792 en Europe.
Mais, cet objectif d'étendre à d'autres pays le bénéfice de l'action républicaine fut loin d'être partagé. L'opposition de la droite conservatrice et des radicaux comme de l'extrême gauche sera constant au début, avec comme arguments un effort militaire excessif et couteux, générateur de déficits, désorganisant l'armée, faisant le jeu à la fois de Bismarck et des affairistes considérés comme les premiers bénéficiaires. L'opinion ne suivait pas, spécialement en milieu rural car on y craignait la conscription et elle entendait les accusations d'affairisme.
Aussi, se répétait souvent le scénario: présentation d'une opération avec peu de moyens, puis complication, demande de crédits pour envoyer des effectifs supplémentaires et débat houleux à la Chambre; parfois chûte du gouvernement comme pour "le Tonkinois" (Ferry), balayé à l'Assemblée en 1885. Les critiques du colonialisme firent alors gagner la droite au 1er tour ( pas au second ).
Le départ de Ferry et la formation de majorités comprenant des radicaux, amenèrent ensuite une acceptation de la colonisation plus large d'esprit patriotique et de ses objectifs pour la grandeur du pays.