"L'histoire des populations de l'Europe", 1997, de Bardet et Dupâquier, affirme que, avant l'hygiène-médecine contemporaine (je veux dire, avant le XIXème siècle), dans les villes, la différence de mortalité infantile entre pauvres et riches était considérable, alors que ce n'était pas le cas à la campagne. Les sources qu'ils donnent sont quelques statistiques du XVIIIème et une du XVIIème (Genève). Ils entrent très peu dans le détail des causes. Ils généralisent allègrement.
1° Pensez-vous que c'était effectivement le cas ?
2° Les juifs ont été en Europe, dans l'ensemble, bien plus souvent des citadins que les chrétiens ne l'ont été. Peut-on penser que, en général, en ville la mortalité infantile était sensiblement plus forte chez les juifs pauvres que chez les juifs riches ? En particulier, peut-on penser que c'était le cas dans le shtetl ?

1/ La différence de mortalité serait forte entre riches et pauvres, à cause des conditions d'hygiène et les conditions de vie notamment, mais les démographes relèvent plutot la forte différence entre ville et campagne du taux de mortalité. Il faut donc rectifier.
2/ Pour les juifs, dont une partie importante vivait en milieu rural en Pologne, et pauvrement le plus souvent, comme en Russie (Soljénitsine), contrairement à ce que vous croyez, le raisonnement général s'applique, basé sur la différence de taux de mortalité infantile entre ville et campagne. Les juifs suivent donc le sort général avec un plus culturel et une meilleure entr'aide peut-être, ainsi qu'une forte proportion de médecins depuis l'antiquité.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Concernant Genève, il y a eu un article sur le sujet (j'imagine repris dans la référence au début de ce sujet. PERRENOUD, Alfred, "L'inégalité sociale devant la mort à Genève au XVIIIe siècle", in Population, 30e année, n°1, 1975 pp. 221-243.

L'article en ligne, pour que vous puissiez voir la méthode et l'argumentation: http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 30_1_15702

Il est effectivement question d'une grande disparité dans l'espérance de vie entre classes aisées et populaires.

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Comme disaient les Kennedy, "faut pas se laisser abattre"

Deux observations:
1/ Voici la base des distinctions opérées par l'étude précitée. Elle ne correspond pas exactement à la distinction riches et pauvres:
"Pour Genève, nous pouvons admettre, pour la population, une triple hiérarchie : politique, socio-professionnelle et économique. Ne possédant pour le xvir siècle, aucune indication sur le niveau économique , nous n'avons pu tenir compte que de deux critères :
— le statut socio-juridique, qui distingue des natifs, habitants et sujets, les citoyens et bourgeois, jouissant de droits politiques et de privilèges économiques ;
— le statut socio-professionnel.
Nous nous sommes, par conséquent, limité à trois catégories qui ont paru présenter une certaine homogénéité sociale :
1 - la classe dirigeante, la grande et moyenne bourgoisie. Ce sont les négociants, une partie des professions libérales, les fonctions supérieures de la justice et de l'Etat. Des bourgeois et des citoyens, presque exclusivement ;
2 - la petite bourgeoisie. Maîtres de métiers, petits marchands, artisans, employés et ouvriers qualifiés dans les secteurs du textile, des métaux, du cuir, des industries d'art et de précision, des services. Ils sont le plus souvent citoyens, mais parfois natifs ou habitants ;
3 - les employés et ouvriers de faible spécialisation, dans les secteurs du textile, de l'agriculture, des vêtements, du bois et du bâtiment, ainsi que les manœuvres et tous les travailleurs sans spécialisation. Presque tous sont natifs, habitants ou sujets.
Données. Les effectifs de ces trois groupes ne sont pas équilibrés. Selon le tableau 8, qui donne la répartition des naissances par groupe social, selon les informations existant sur le destin des enfants, la catégorie supérieure représente 18,1 % de la population, la catégorie moyenne 40,6 % et la catégorie inférieure 41,3 %. "

2/ Les études récentes sur la démographie sont basées sur des distinctions socio-professionnelles qui font ressortir notamment une espérance de vie plus élevée non pas dans des catégories de personnes à haut revenu ou richesse mais selon leur formation et niveau culturel.
Je me souviens encore d'une étude INED des années 60 qui plaçait en tête de palmarès, ceux qui vivent plus âgés, les ... instituteurs. Un résultat qui mérite réflexion. On ne parle pas de riches et de pauvres en démographie.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.