Bonjour,
Maharbbal a écrit :
Ben, il y a des millions de gens qui n'ont pas l'air d'être d'accord et qui préfèrent acheter du roman national plutôt que le dernier bouquin des PUR... Ça force à se poser des questions.
Tout dépend de ce que nous attendons de l'Histoire. Il est certain que pour un enfant, le "roman national" est attractif. Il Le style narratif rend les évènements plus "marquants", la forme est telle qu'elle tente à aller vers le fond.
Pour qui n'est pas "intéressé", mieux du roman national que... rien, le "roman national" peut suffire parce-que les intérêts ou les passions ne sont pas tournées vers l'Histoire, tout simplement.
"Lire les purs" ? Qu'est-ce qu'un "pur" ? "Pur et dur" ? Ceci a déjà une connotation jacobine et donc marquée (je songe tout de suite à deux figures : St Just et Robespierre) la pureté serait-elle plus "à gauche" ? Une utopie ? A avaler le couteau sous la gorge ? "Purs" comment établir une telle échelle ? Je veux bien voir les choses ainsi mais alors il faut que l'on m'indique les "purs" de "gauche" et les "purs" de "droite" car l'histoire se doit d'être objective.
Citer :
les historiens français de profession avaient une certaine tendance à éviter les grandes questions et à se contenter d'aborder les problèmes par le petit bout de la lorgnette. Ça aide aussi à comprendre le désintérêt général pour leurs travaux.
Ce doit être plus complexe.
Tout dépend du vocabulaire, du style : une phrase peut faire basculer un sujet, peut interpeler, peut ouvrir des pistes tout comme du contraire.
La suffisance qui tenait du "Moi je sais et toi tu as tout à apprendre..." est passée de mode.
On peut même déceler un âge à ce style d'intervention. On ne se donne plus la peine d'argumenter car l'entourage est censé comprendre que cet âge justement est caution de sagesse et de vision, c'est le syndrome du prophète Elie : "... moi je sais et si vous ne suivez pas ma parole vous êtes voués à l'erreur..." ; comme l'exprimait un comique : "ça eut marché, ça ne marche plus".
Je songe aux biographies. Il arrive un moment où tout doit être dit et les biographies continuent de tomber commercialement. A-t-on lu le dernier de ? Ben oui et on n'a rien appris de neuf, on ne peut que commenter le style alors il ne faut pas mélanger : on est historien ou littéraire option romancier car il faut bien "combler" avec du "je pense que..." , "j'estime que....", "Peutêtre aurait-il dû....", "il faut y voir les traces de son mentor...." (concernant Thiers, c'est récurrent, comme l'éducation des Oratoriens et Fouché ou la malformation de Talleyrand qui lui rend l'esprit délié). C'est dommage. On se retrouve devant des livres où le rédactionnel l'emporte sur les faits.
Il y a aussi une fâcheuse tendance dans les biographies à soudain "creuser à la française" c'est à dire ne pas pouvoir s'empêcher de narrer du "croustillant" qui n'apporte rien.
Que nommez-vous "désintérêt général" ?
Il est vrai que la France -telle Athéna- semble sortie droit du cerveau de Zeus et armée de pied en cap. Etre le centre de l'Histoire, voici la notre.
"L'Histoire de France" existe-t-elle ? Oui, dans la mesure où elle se construit avec ou face à d'autres Histoires ; où elle se nourrit de personnages complexes et nous devons l'admettre tout autant intelligents, tacticiens et stratèges en face. Que la France dans son histoire n'a pas que des droits mais aussi des devoirs, voire des comptes à rendre. Il semble que nous ayons un peu de mal avec ceci tout en prêchant un "devoir de mémoire", c'est encore une de nos complexités.
Notre culture donne plus de romanciers que d'historiens et notre siècle plus de VRP de la littérature que de romanciers. Avoir les deux casquettes ne peut que tenter alors nous entendons des historiens s'exprimer comme des bateleurs et des bateleurs se proclamer historiens. C'est dommage.