Jerôme a écrit :
L'idée d'un lien entre noblesse romaine et médiévale est séduisante mais repose sur des indices et non sur des preuves. De Gaulle je crois avait déjà souligné qu nous ignorions tout du devenir des grandes familles romaines après le Vè siècel.
Dans de nombreux cas, nous disposons de preuves irréfutables de ces liens, mais pour ces époques lointaines des indices convergeant, pour peu que l'on utilise une méthode critique, valent preuves. Le Ve siècle n'est par une barrière historique. Un certain nombre de groupes aristocratiques gallo-romains est encore repérable dans le courant du VIIe siècle. Ainsi le dernier des sénateurs lettrés que nous connaissons est l'évêque Didier de Cahors, dont une partie de la correspondance nous est parvenue.
Jerôme a écrit :
La conservation de titres latins correspond il à la conservation de structures sociales romaines ? ou simplement au fait que les rédacteurs des chartes et capitulaires utilisaient le latin ?
Même si dans la noblesse on trouve des héritages antiques (sénateurs,
curiales,
duces, patrice), les structures sociales sont principalement de type tardo-antiques, souvent avec des innovations institutionnelles de type germano-romaines comme les comtes de cité, les charges auliques et administratives, donc un grand nombre de titres sont des inventions des Ve-VIIe siècles (comte,
grafio, référendaire, maire du Palais, domestique, comte du palais, sénéchal, chambrier, etc...).
Jerôme a écrit :
pourquoi exclure par principe que la sociologie et la psychologie germanique n'ont pas survécu dans les royaumes barbares ?
Tout simplement parce que l'apport germanique est sans doute dérisoire, tant démographiquement qu'institutionnellement. Les chefs militaires germaniques sont déjà profondément romanisés depuis le courant du IVe siècle. Cela vaut pour les Francs, les Alamans, les Burgondes, les Goths, mais bien sur pas pour les Saxons, encore que, lorsque l'on regarde l'analyse que fait Bruno Dumézil du bateau-tombe de Sutton Hoo, le désir d'imitation est flagrant. Seul se dégage l'apport onomastique, prégnant dès la fin du Ve siècle, qui se généralise à partir du VIe siècle pour venir faire disparaître presque totalement les noms gréco-latins dès le règne de Charlemagne.