Pédro a écrit :
Par contre l'histoire coloniale connait elle depuis au moins le XIXe siècle la hiérarchisation des humains en fonction de critère que l'on veut scientifique. N'y a-t-il pas sur ce point précis un élément de réflexion qui rejoint notre sujet?
Si j'ai bien compris votre question (Césaire est plus aisé à comprendre
pour moi...) :
"Pour l'anthropologie physique et son outillage anthropométrique, le monde est composé d'«entités raciales» régies par la concurrence et la domination. Dans le contexte esclavagiste du XIXe siècle la tentation est alors grande de justifier par les corps la prétendue inégalité entre les "races". Des extrémistes anglo-saxons comme Knox, Nott, Gliddon, Morton ou Carus, s'attachent, dans un dessein politique et social (légitimer l'idéologie ségrégationniste et la pratique de l'esclavage), à démontrer l'inégalité originelle et naturelle entre tous les groupes humains. L'universalité de l'espèce humaine est ainsi niée au profit de la hiérarchisation et d'une éternelle séparation entre les hommes sur les plans biologique, intellectuel et moral. Ce postulat laisse libre cours aux préjugés comme chez Haeckel dont l'argumentation relève ici bien plus de l'a priori que de la science : "Si l'on voulait à tout prix établir une limite bien tranchée, c'est entre les hommes les plus distingués et les sauvages les plus grossiers qu 'il faudrait la tracer, en réunissant aux animaux les divers types humains inférieurs. Cette opinion est en effet celle de beaucoup de voyageurs... Un Anglais, qui a beaucoup voyagé et séjourné longtemps sur la côte occidentale de l'Afrique, écrit ceci : A mes yeux, le Nègre est une espèce humaine inférieure ; je ne puis me décider à le regarder comme homme et comme frère; car alors il faudrait aussi admettre le gorille dans la famille humaine". Dans une perspective différente, l'argumentation colonialiste française va également utiliser des modèles idéologiques qui procèdent d'un mécanisme d'intériorisation de l'autre alimenté par la certitude d'une mission civilisatrice. L'anthropologie se veut science appliquée au service de l'idée coloniale, car pour dominer le colonisé il faut le représenter, le recenser, le mesurer, le classer. L'anthropométrie doit donc permettre une meilleure connaissance des « races » colonisées, justifier le principe de domination et optimiser l'exploitation. Dans un ouvrage de référence, l'anthropologue français Paul Topinard en évoque non sans cynisme le "côté pratique" : "Les peuples civilisés vont partout se substituant aux races sauvages ou s'imposant à des peuples moins belliqueux ; pour cela, les gouvernements n'ont de choix qu'entre deux systèmes; les anéantir ou les rallier. Le premier, malgré quelques exemples récents n'est pas admissible. Le second est réalisable à la condition de comprendre le génie propre du peuple vaincu, ses aptitudes et jusqu'à la nature de sa race [...] or c'est l'anthropologie qui apprend à les reconnaître".
Si les enjeux apparaissent idéologiques, les pratiques et les méthodes se veulent néanmoins scientifiques car il n'y a de science que dans le mesurable. L'anthropométrie est donc chargée d'apporter les données numériques permettant de dépasser les lieux communs populaires et les simples spéculations des vulgarisateurs à l'exemple du médecin Louis Figuier reprenant une théorie (déjà obsolète à l'époque) de la coloration de la peau : "L'influence de la chaleur et du climat pour modifier la coloration de la peau est un fait certain [...] l'homme blanc européen transporté au cœur de l'Afrique, ou sur les côtes de la Guinée, revêt dans sa descendance, la coloration brune de la peau du nègre [...] les Nègres transportés dans les pays septentrionaux donnent une descendance de plus en plus pâle, qui finit par être blanche". En opposition totale avec une telle approche, l'anthropométrie, par ses méthodes et ses mesures objectives et rationnelles des hommes, prétend dépasser le subjectif et apporter un cautionnement scientifique à l'étude des "races humaines".
Face aux tableaux pompiers et s'inscrivant dans une propagande politique impériale, vous avez, plus tardivement un envers de médaille parfaitement assumé :
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https://www.youtube.com/v/iFuurVZzBXMCiter :
Et l'éloignement géographique du colonisé n'est-il pas un élément diminuant sa dangerosité? Parce qu'au fond dans le nazisme le problème fondamental de l'existence du Juif c'est avant tout qu'il se trouve dans l'aire d'expansion "légitime" du reich, non?
Je pense que l'éloignement est aussi un paramètre.
Tant que le colonisé ne "
souille" pas la terre du colonisateur, ça va ; ensuite on voit ce que ceci a donné sur la longueur.
Le Juif ailleurs qu'en Allemagne, ce ne peut être que des pays "décadents" et "pollués" qui acceptent cet état. Le moment viendra où les habitants de ces pays n'auront d'autre vocation qu'à devenir vassaux voire esclaves.
Dans un premier temps il s'agit donc de "
nettoyer" : d'isoler le "
nuisible". Les cages ne suffisent pas, on construit des ghettos et on évolue vers une situation plus "
pragmatique".
Ensuite, vidé de "
ses parasites", le pays peut-être colonisé par la race supérieure. Les Polonais n'ont donc vocation qu'à être des esclaves au service de...
Je vous ajoute ce lien :
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Controver ... LoubavitchC'est toute une philosophie mais cette dimension est déniée car sur les images, c'est tout à fait l'image du juif utilisée pour la propagande antisémite où qu'elle soit. Nous ne sommes plus devant un "Dreyfus" mais devant tout ce que le juif véhicule de fantasmagories.
Créatif dans la pensée, le juif ne peut décidement pas "
s'assimiler", c'est plus fort que lui, il crée, il pense. Cependant il est vu comme "
passif", on connait les théories de H. face aux "philosophes" ou autres élites issues des écoles.
Il faut bien que ces hommes trouvent de quoi se nourrir et qui alors s'y colle ?
- le juif qui "
fait de l'argent" sur le dos de... donc à éliminer
- la population volontairement vidée pour nourrir les "
parasites".
De plus cet "
être nuisible", dans "
sa volonté de nuire et sa capacité" ne tient pas à "
se mêler" et ceci depuis la nuit des temps. On va donc changer les choses et -pour ceux dont la judéïté (religion) est secondaire- remédier au fait qu'il puisse y avoir une mixité.
D'où les lois
ad hoc.
Le Juif voit son bonheur dans un ailleurs, qu'à ceci ne tienne : il part vers cet ailleurs ou bien il accepte les lois en vigueur qui lui dénient toute vie sociale, sans vie sociale, comment "vivre" ? Mais le juif "
s'accroche", on passe donc au stade supérieur.
Ceux qui seront conscients partiront mais pour ceci il faut aller dans des pays "neutres", ce sera bien difficile et comme toute demande, ceci a un prix. C'est pour cette raison que certains pays ne pourront "prendre" des Juifs sans leur donner la nationalité : ce seront donc les premiers -lors de l'annexion de ces pays- à être livrés, le reste suivra et certains pays dont l'antisémitisme est une récurrence iront même jusqu'à livrer au-delà de la demande (enfants par exemple) ainsi on montre une collaboration très active et très positive puisque le "
sale boulot" est fait au-delà des frontières ; il y a donc un cynisme de bon ton, on est vaincu mais au moins le vainqueur se tape un travail qui se révèle positif pour l'annexé qui avait déjà balisé : il ne reste plus qu'à sortir les "petites fiches".
Certains pays s'associeront même dans la violence, sans comprendre que cette "idéologie" va les toucher à plus ou moins long terme.
L'éloignement est donc quelque part la "
survie" et sur le temps, avec l'étude, le colonisé prend conscience de son état et réclame haut et fort, son indépendance. Lorsque ceci est impossible (Noirs aux USA) des droits identiques. La législation se fait avec lenteur mais ensuite, à chacun de gérer l'application de cette législation nouvelle qui crée évidemment des réactions violentes ou bien la résurgence de mouvements de préservation de la race "blanche".
Il faut donc se préserver de deux infiltrations :
- la physique mais c'est la plus reconnaissable (H. ne saluera pas les athlètes américains de couleur lors des J.O.),
- celle que l'on ne voit pas car elle prend naissance par la pensée et s'infiltre, il faut donc reconnaitre le "juif" d'où les affiches de propagande et les caricatures : là le "
germain de base" peut "voir" le juif et la délation grandissant le citoyen, tout ceci aide à l'éradication dans une sorte d'engouement et de reconnaissance entre personnes visant à être "
active" dans l'éradication.
N'est-ce pas déjà la caution d'appartenir à une race supérieure que de détecter le mal qui se cache ? Pour le citoyen de base ceci est compréhensible et suffit. Il devient de plus en plus conscient de sa supériorité en voyant comment se comportent tous ces "juifs", une fois entre eux et circonscrits : si c'est ceci le peuple élu, on préfère nettement être de la "race élue".
Dieu n'a pu que se tromper. Là aussi, on va y remédier...
Alors bien sûr, a posteriori ceci semble "inhumain" mais à ce moment ce n'était qu'une "vision" parmi tant d'autres de la hiérarchisation. Pas le fruit d'un esprit dérangé puisque l'anti-judaïsme prend naissance avec le christianisme, les mots, les raisons, les "idéologies bancales" changent mais le but est de toucher celui qui s'annonçait comme "
intouchable" puisque directement en connection avec le "très haut". Il a suffit de voir le "Très Haut" ailleurs, de lui donner un autre nom et de faire le choix de se tourner vers lui pour un autre destin.
La encore, y croit qui veut : le tout est d'être du côté des vainqueurs et ça ne s'annonçait pas mal avec AH au début.
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