Rebecca West a écrit :
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Vous avez le blason. Il faut en lire l'explication héraldique.
Ensuite vous recherchez ce que mollette signifie en héraldique puis croissant etc.
Vous devriez alors avoir un peu avancé.
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L'héraldique n'est pas un langage, il n'y a pas de "signification" à une mollette ou un croissant. Un blason, c'est un élément d'identification d'une personne ou d'une institution, un peu comme la photo d'une carte d'identité. Quelqu'un parlait des logos quelques postes plus haut, la comparaison est assez juste. Pour choisir les emblèmes qui les représentaient, les familles ont parfois joué sur leur nom (Latour d'Auvergne qui utilise une tour, par exemple), ce qu'on appelle des armes parlantes ; parfois, elles ont aussi fait appel à un symbolisme particulier (les fleurs de lys sur fond d'or de France, par exemple, ont probablement à voir avec la dévotion mariale de Louis VII, premier roi de France à utiliser un blason) ; mais très souvent, il n'y a aucune raison claire au choix de telle ou telle armoirie, les plus anciennes étant souvent les plus simples (rayures, formes géométriques, un seul animal ou objet, etc). On peut comprendre que les gens aient préféré utiliser un lion plutôt qu'une souris pour les représenter, ce qui explique la forte proportion de l'un par rapport à l'autre dans les blasons.
Au fil des mariages et des naissances ont été créés des blasons composés (coupés en 2 ou en 4 avec les armes des différentes familles, les champions dans le domaine étant les Espagnols) et des blasons brisés (blason de la famille auquel on ajoute un petit élément pour distinguer une branche cadette). L'engouement pour l'héraldique a aussi entraîné la création d'armes de plus en plus complexes par ceux qui n'en avaient pas encore.
Progressivement, ont commencé à être ajoutés des ornements extérieurs : cimiers (casques, chapeaux ou crosse ecclésiastiques, couronnes...) ; devises (une petite phrase) ; supports (ce qui tient le blason, personnages, animaux), qui n'ont jamais été fermement codifiés avant le XIXe siècle. Certaines formes de blason ont aussi pris du sens, comme le carré sur la pointe, utilisé presque exclusivement pour les demoiselles ; mais la plupart du temps, la forme est essentiellement lié au goût de l'époque et de la région, e qui permet de dater et localiser les blasons. Les ordres de chevalerie, comme la toison d'or ou la jarretière, sont aussi souvent représentés sous la forme de colliers. Une cordelière (corde nouée) est la marque des veuves. Ces éléments ne prennent jamais place sur le blason, mais autour, comme des éléments conjoncturels.
On date l'apparition de l'héraldique vers le XIIe siècle ; les spécialistes prennent généralement comme point de départ la broderie de Bayeux, où les personnages n'ont pas encore de blason, et où on voit Guillaume, dont la rumeur de la mort s'est répandue sur le champ de bataille, lever son casque et montrer son visage pour montrer qu'il est vivant. Ce besoin d'être reconnu sur le champ de bataille, lié aux évolutions de l'armement, entraîne rapidement le développement de l'héraldique, qui permet d'identifier tel ou tel dans des batailles médiévales où tuer est souvent moins important que faire des prisonniers prestigieux pour en tirer rançon. Les termes pour désigner les groupes de couleurs : émail, métal, fourrure, rappellent d'ailleurs le fait qu'on les employait sur les boucliers ; l'origine des termes plus précis d'émaux (gueules pour le rouge, sinople pour le vert, azur pour le bleu, sable pour le noir) n'est pas très claire ; pour les métaux (or pour le jaune, argent pour le blanc) et les fourrures (hermine, vair), c'est au contraire assez évident. La seule règle vraiment fixe et immuable de l'héraldique est celle des couleurs : pas de métal sur métal ou d'émail sur émail.
Contrairement aux idées reçues, l'héraldique n'a jamais été une marque de noblesse, même si, née dans une société féodale, elle a surtout été utilisée par l'aristocratie et a, en effet, été encouragée par les pratiques de monstration sociale comme les tournois. Les grands bourgeois et marchands ont souvent, dès le XIIIe siècle, leurs blasons, de même que les ecclésiastiques (personnes et communautés), les artisans (personnes et corporations), les villes... Dans certaines régions, notamment en Angleterre, on trouve même une héraldique paysanne. L'usage du blason n'est pas sexué, les femmes en portent également. Des blasons sont aussi attribués aux personnages littéraires, de la mythologie greco-latine, de l'histoire ou des romans de chevalerie : c'est l'héraldique imaginaire.
Enfin, ce n'est jamais que l'analyse de M. Pastoureau, qui n'est pas grand chose face au grand Jérôme.