CEN_EdG a écrit :
Barbetorte, pour quelle raison le futur comte de Chambord est-il exfiltré du royaume ? On craint pour sa sécurité ?
C'est quand même l'exact opposé de ce que le réalisme politique aurait exigé !
Je ne suis pas du tout spécialiste de la période. Je m'étais contenté d'étudier la question de détail sur le règne de vingt minutes de Louis-Antoine et sur celui de cinq jours d'Henri. La réponse est donnée par la lecture de l'acte d'abdication de Charles X et de la déclaration des chambres du 7 août.
Sur les circonstances de la chute de Charles X et de son départ en exil avec son petit-fils qu'il avait désigné pour lui succéder, l'article de wikipedia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lieutenance_g%C3%A9n%C3%A9rale_de_Louis-Philippe_d%27Orl%C3%A9ans#Le_d%C3%A9part_de_Charles_X_vers_l'exil qui est excellent et riche en références donne des détails. Il s'agit plus d'une expulsion que d'une exfiltration. Charles X a été très maladroit tandis que Louis-Philippe a été très adroit.
Les derniers actes de gouvernement de Charles X avaient exaspéré le peuple de Paris, les députés, le monde des affaires, les journalistes et autres qui exigeaient un véritable régime parlementaire et la liberté de la presse. Les plus radicaux voulaient la république mais ils étaient loin de faire l'unanimité. Dans les rues on criait : « A bas les Bourbons ! » mais aussi : « Vive la charte !». Au fond, la monarchie pouvait convenir si elle prenait une forme républicaine de sorte que si Charles X était rejeté, son petit-fils, qui avait neuf ans, gardait ses chances. L'essentiel était que la charte fût modifiée. Charles X pouvait espérer qu'une abdication en faveur de son petit-fils sauverait sa dynastie et attendait avec quelqu'espoir l'ouverture de la séance parlementaire du 3 août. Mais, devant les députés, Louis-Philippe, à qui Charles X avait remis l'acte d'abdication, n'annonça que l'abdication et la renonciation du dauphin en se gardant bien d'ajouter que l'abdication était en faveur du jeune Henri. Cette petite manœuvre était toutefois insuffisante. Les députés auraient très bien pu faire preuve de loyalisme d'autant plus que l'acte d'abdication avait été publié le 5 août. Il fallait obtenir le départ de toute la famille royale qui s'était réfugiée à Rambouillet. Mais Charles X ne manifestait aucune intention de partir. Louis-Philippe demanda alors à La Fayette de s'en occuper. Celui-ci fit rassembler une troupe hétéroclite de dix mille à vingt mille hommes précédés de trois commissaires, dont le maréchal Maison, chargés d'avertir le roi du danger qui s'avançait. Charles X, qui avait des velléités de résister, demanda au maréchal Maison combien d'hommes étaient en marche et le maréchal lui répondit « quatre-vingt mille » ce qui décida le roi à partir avec toute sa famille. Les conditions étaient alors réunies pour que les chambres pussent constater la vacance du trône.
Le même jour, 3 août, Louis-Philippe fit toutefois envoyer par un diplomate britannique un message à Charles X lui proposant de laisser le duc de Bordeaux seul en France. Ce messager ne rencontra le convoi royal que le 7 août au Merlerault dans l'Orne. La réponse fut négative. De toutes façons, c'était trop tard.