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Message Publié : 03 Nov 2018 12:59 
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Plutarque
Plutarque

Inscription : 28 Fév 2008 19:40
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Bonjour,

A la vieille de la guerre de sept ans, les colons français sont 90 000 en Nouvelle France, tandis que les 13 colonies comptent 1,5 millions de britanniques.
Ma question est : pourquoi un si grand écart ?
Pourquoi les français étaient ils moins enclins à coloniser ces nouveaux territoires, que les anglais ?


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Message Publié : 03 Nov 2018 13:52 
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Inscription : 27 Mai 2018 10:04
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La démographie des 2 pays n'est pas identique. Mais, la géostratégie est aussi différente. Le royaume de France de cette époque a encore des possibilités d'expansion aux alentours, car il y a autour de lui des principautés plus ou moins faibles dont il peut espérer recouvrer la souveraineté. Coté anglais ... Envahir les Provinces-Unies ? Envahir la France ? En fait ils ont tenté ces options, et ils sont retournés chez eux. Les rois d'Angleterre, en tant que princes du Hanovre pouvaient espérer gagner de l'influence dans le SERG, mais le parlement anglais était plutôt opposé à ces aventures continentales.

Puis, il y a le problème religieux. L'Angleterre est plus libérale, du point de vue religieux que les autres États européens. Mais, il y a quand même des épisodes de persécutions. Donc, des groupes religieux qui avaient fuit l'Europe continentale vont se transférer aux Amériques et entrainer avec eux d'autres groupes qui ne se sentent pas libres de pratiquer leur foi, même en Angleterre ...


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Message Publié : 04 Nov 2018 11:18 
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Salluste
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Inscription : 11 Juin 2012 17:37
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Léonard59 a écrit :
Donc, des groupes religieux qui avaient fuit l'Europe continentale vont se transférer aux Amériques et entrainer avec eux d'autres groupes qui ne se sentent pas libres de pratiquer leur foi, même en Angleterre ...


Ces groupes religieux ajoutent en outre une dimension mystique à leur présence en Amérique, qu'ils voient comme leur terre promise. On a un phénomène plus ou moins similaire avec les Afrikaners. Cette dimension est à ma connaissance totalement absente de l'esprit français.
De manière anecdotique, on trouve pas mal de descendant d'huguenots parmi les colons anglais: soient venus directement après un passage en Angleterre soit par le biais de la colonisation néerlandaise dans la région de New York (la Nouvelle Néerlande établie en partie par le français Jesse de Forest).

A noter que la colonisation française au Canada et en Louisianne n'ont pas été les seules. La France assure une présence importante aux Antilles. Mais elle a également effectuée des tentatives de colonisation en Floride et au Brésil.

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Message Publié : 04 Nov 2018 20:56 
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Inscription : 10 Mai 2015 14:12
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Localisation : Isère
D'autres facteurs entrent en jeu. Premièrement, les finances royales du royaume de France, surtout à la fin du règne de Louis XIV, alors que justement c'est une période très dynamique d'expansion en Amérique du nord (remontée du Mississippi par Cavelier de Lasalle). Théoriquement, la France est présente des Appalaches aux Rocheuses autour des années 1670. Mais c'est justement à partir de cette époque, soit après le temps de l’essor des Compagnie à Charte royales de Colbert et le renouveau colonial, que débutent les grandes guerres du royaume (Guerre de Hollande, guerre de la ligue d'Augsbourg et guerre de succession d'Espagne). Le dernier épisode de 1701 à 1713 fut le pire. Evidemment les guerres coûtaient des sommes astronomiques; principalement à cause de la pratique systématique des sièges (logistique), et, de surcroît, de la politique de rénovation des places-fortes françaises aux frontières... Ajouter à cela la marine de guerre royale mise à contribution dans la Manche, il reste bien peu pour doter les colonies, et encore moins pour oser réellement s'étendre.
Et puis il y a l'image désastreuse auprès du peuple des colonies d'Amérique du Nord, Louisiane et Nouvelle-France. Les conditions de vie au Canada ont très mauvaise réputation, à cause des hivers et de la fréquentation pas franchement recommandable. La Louisiane est un véritable déversoir où sont envoyés les nécessiteux du royaume et autres criminel de droit commun. Par exemple, Colbert incite à la colonisation en envoyant les célèbres "filles du roi", jeunes femmes entre 12 et 30 ans qui doivent être mariées sous quinze jours, une fois débarquées (expédient utile mais ce sont des filles pauvres de la capitale). Elles contribuent à dynamiser l’essor démographique. Par contre, les gouvernements de Montréal, Québec et Trois-Rivière sont bien organisés, l'essentiel de la population se concentre dans ces villes et les colons cultivent les terres le long du saint-Laurent, où le parcellaire lamellée assure une répartition égales des lopins octroyés.
Le rapport démographique, c'est le comble, n'était pas abyssal entre les treize colonies britanniques et la Nouvelle-France, il tendait même à se maintenir à égalité. Par contre c'est au niveau de l'immigration -là oui- le rapport est extrêmement défavorable. En plus des chiffres concernant la veille de la guerre de sept ans cités par l'auteur du premier message, la situation était déjà catastrophique un siècle auparavant.
Autour de 1680, on compte 10 000 colons en Nouvelle-France, tandis qu'en face, chez les britanniques on est déjà à 250 000. Seulement 0,015 % de la pop. du royaume a migré au cours du siècle (et pas forcément les plus vaillants). En plus, ce ne sont pas tous des colons actifs économiquement. La part de soldat par rapport à la population globale est bien plus élevée chez les français qu'en face et ne permet pas, dès lors, un développement soutenu des établissements coloniaux.

Sous la restauration, dans les années 1720 (c'est là que la France perd pied), le volontarisme politique fait défaut (à cause des fonds) et la Louisiane, déjà en retard, est quasiment abandonnée. Plus tard, même sous Law qui relança la politique commerciale, initiant un anti-colbertisme, elle demeure une vaste zone d'influence. Sa création de la Compagnie Perpétuelle des Indes fut un succès, avant l'explosion de la bulle financière engendrée par une spéculation peu maîtrisée et le peu de familiarité qu'entretenaient les négociants avec le libéralisme économique à l'anglo-saxonne.
La politique d'alliance avec les peuples locaux permet de revendiquer une présence française sur ce territoire immense. Mais les établissements, mis à part les grandes villes du sud survivent grâce à l'entraide entre colons et indigènes. Cette présence, là aussi, est surtout symbolique et militaire, autour de fortins.

Par la suite, passé le traité de Paris et la Guerre de Sept Ans, l'accent est mis sur la "Perle noire", Saint-Domingue, et les autres îles sucrières qui rapportent très gros -demeurées dans le giron français, après des négociations diplomatiques habiles sur ce point.
Considérant le XVII et le XVIIIème, les colonies d'Amérique du nord eurent à souffrir, non pas forcément de conditions extrêmement dures ou d'une gestion calamiteuses sur place, mais, en plus de ce qui a été dit en matière de tolérance, de l'abandon progressif par le pouvoir royal. Toutefois, on remarque souvent que le climat des côtes de Nouvelle-Anglettere, très voisin de celui des îles britanniques, fut plus propices aux colons, planteurs et fermiers qui s'y installèrent selon un maillage plus serré, reproduisant à leur rythme les évolutions agraires du continent. Rien de tel plus au nord.

Les monarques français ne se lancèrent absolument pas dans une politique de peuplement. C'est là la différence fondamentale avec le système des Treize Colonies. Et, paradoxalement, ils maintinrent leurs établissements sous la tutelle très ferme de la métropole, sans les laisser s'organiser eux-mêmes (là aussi, contrairement au système des Treize Colonies). Leur visée fut avant tout commerciale (compagnies à Charte de Colbert qui se multiplient dans les années 1660; Law en 1719), espérant augmenter et diversifier les sources de recettes d'un royaume très actif sur le continent et constamment en guerre aux frontières.
A côté de cela, l'idée d'une présence symbolique leur allait bien; en apparence, on pouvait faire jeu égal avec les Anglais ou les Provinces-Unies. Ce système fragile s'effondra lors de la guerre de Sept An. A ce moment, priorité fut donnée au théâtre d’opération européen, au détriment des grands espaces de la Nouvelle-France et de la Louisiane. La sauvegarde des Antilles françaises parut beaucoup plus fructueuse à long terme.
On pourrait donc dire; faiblesses structurelles persistance, manque de volontarisme politique (surtout d'une attention constante); enfin manque de fond, ou, en tout cas "d'extras", pour investir après les lourdes dépenses dues aux conflits.

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Þat skal at minnum manna
meðan menn lifa


Cela restera dans la mémoire des hommes
tant qu'ils vivront (pierre de Runby, Upland)


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