Il faut définir la notion de "race" avant toute chose.
A partir du milieu du 19 ème siècle, les premiers théoriciens de la "race" (Gobineau entre autres) rédigent des livres sur "l'inégalité entre les races". Leurs théories apparaissent en même temps que la science se détache de la religion. Darwin découvrent que les espèces animales ont subi une longue évolution avant de devenir ce qu'elles sont (contrairement à ce que disait la Religion). Aussi se crée le "Darwinisme Social", une pseudo-science qui essaie d'expliquer les faits sociaux par le biologique (et donc le biologique va déterminer le social, ce qui est bien sûr faux). Les théories racistes n'avaient pas au départ beaucoup d'échos, mais furent reprises par les colonialistes afin de justifier les pratiques du colonialisme. Le colonialisme a peu à peu dès lors contribué à faire passer comme message dans la population que "le colonialisme a une mission civilisatrice, et les races sont inférieures" (souvenons-nous des expositions qui présentaient les Noirs comme des sauvages, des publicités tel que Banania, enfin, tous les préjugés que la presse empruntait au colonialisme, et a contribué à formé le racisme dans l'inconscient collectif).
Le colonialisme a forgé énormément la pensée raciste actuelle.
Le racisme existait déjà avant, mais, il révêtissait une forme différente. Par exemple, les Juifs ont été victimes de l'antisémitisme depuis des siècles, puisque le Christianisme considérait autrefois que les Juifs avaient tué le Christ. Ainsi, pour les Chrétiens, le seul salut pour les Juifs c'était la reconversion. Il y avait donc possibilité de changement pour les Juifs (même si cela se faisait par la contrainte), car au Moyen Age et à la Renaissance, l'antisémitisme était avant tout un anti-judaïsme, il visait la religion, et non un groupe. Les Juifs sont reconnus en tant qu'humains que dès lors qu'ils se convertissent au christianisme.
Pour Guy de Maupassant, Balzac, et les autres auteurs du 19ème siècle, de même que les journaux de l'époque: le 19ème siècle (ainsi que la première partie du 20ème siècle) est dominé par des productions littéraires influencées par la pensée raciste de l'époque, due en partie à des pseudo sciences, lesquelles permettaient ainsi de justifier le colonialisme.
Par contre, des auteurs comme Rousseau, Montesquieu, Voltaire, Descartes, Rabelais et même Marco Polo ne tenaient pas compte de la couleur de peau et autres caractéristiques physiques qui détermineraient le caractère des gens.
Exemple, Marco Polo (période de la Renaissance) a rédigé son carnet de voyage, il a visité des peuples d'Asie, et la première chose qui l'a frappé, ce sont les coutumes des gens, leur manière de s'habiller, etc. Mais, il a accordé une importance très secondaire aux caractéristiques physiques de ces gens. Alors, que de nos jours, la première chose qui frappe chez les gens, ce sont les caractéristiques physiques de l'Autre.
L'éditeur contemporain de Marco Polo a cru bon de rajouter une ligne supplémentaire, au sujet de la première rencontre entre Marco Polo et un peuple indigène d'Asie. L'éditeur a ainsi spécifié que le peuple que rencontre Marco Polo est de "type Mongoloïde", ce que Marco Polo n'a jamais écrit dans son récit de voyage.
La pensée raciste a évolué au cours des siècles. La manière dont est exprimé le racisme aujourd'hui est très différente de la manière dont il s'exprimait avant la fin du 18ème et 19ème siècle.
Pendant le Moyen Age et la Renaissance, par exemple, les gens pensaient que tous les êtres humains étaient égaux devant Dieu, à partir du moment où ils avaient la même religion (d'où l'obligation de se convertir, sinon on été persécuté).
Avec l'apparition de théories racistes évolutionnistes au 19ème, le racisme est depuis lors pensé différemment, et on se base sur les caractéristiques physiques des gens.
Et de nos jours, au lieu de dire "couleur de peau différente", on dit "culture différente". Le racisme est devenu aujourd'hui plus implicite, et inconscient.
Alors qu'à partir du 19ème siècle, les théoriciens ont commencé à considéré qu'un Juif restera toujours tel quel, et ne pourra jamais changé de position (en raison du social biologisme apparu au 19ème siècle, et évoqué plus haut). C'est à partir du 19ème siècle que va se créer toute l'idéologie raciste encore en cours aujourd'hui.
Au Moyen-âge et à la Renaissance, pour l'Eglise, faire partie de l'Humanité, c'est être reconnu par Dieu, donc se convertir. Les Indiens d'Amérique n'ont eu leur statut d'Homme qu'à partir du moment où ils ont été convertis. Avant leur conversion, ils n'étaient pas des hommes.
Aujourd'hui, les scientifiques dénigrent catégoriquement la réalité des "races", expliquant que les races n'existent pas, et que nous appartenant tous à l'espèce humaine. Le problème est que à côté de ce rejet par les scientifiques les media et les politiques de toute catégorisation des humains, on assiste aujourd'hui à une stigmatisation implicite dans les media, l'opinion public ou les politiques des "Autres": Ils diront que "les immigrés ont une culture différente, qu'ils sont différents", à côté, il y aura des discours plus ouverts tels que "les autres cultures forment la richesse du pays, je ne connais pas les autres cultures, mais j'accepte leurs différences." Ce discours est gentil et montre beaucoup de respect envers "les Autres". Le problème, c'est que même ce genre de discours gentil participe à la stigmatisation implicite des "Autres", puisqu'il parle quand même de "la différence de culture".
A ce propos, la "culture", voilà le nouveau terme qui peut parfois remplacer le mot "race" . Puisque de nos jours, il est politiquement incorrecte d'évoquer la "race", alors, on parlera de cultures. Donc, maintenant le racisme ne se basera plus sur les différences physiques comme au 19ème siècle (quoique, quand on pense au discours sur les raisons de la plus grande présence des Noirs en athlétisme...), mais sur les différences de "culture".
Premièrement, il y a eu une mutation du racisme. Le racisme moderne (depuis le 19ème siècle) est très différent de ce qu'il était avant le 19ème siècle.
Dans l'antiquité, on était raciste envers ceux qui ne partageait pas le "logos"(même langage), donc, c'était du racisme envers les esclaves (blancs ou noirs), et les étrangers à la cité.
Avec la chrétienneté, on est raciste envers ceux qui ne partage pas la même religion (chrétiens envers les juifs, catholiques envers les protestants ou vice versa selon le groupe dominant). Mais, il y avait une possibilité de changement de statut (cette possiblité de changement n'existe plus aujourd'hui). Puisque la religion déterminait le racisme, en se convertissant, on n'était plus être victime de racisme (même si la conversion se faisait sous la contrainte).
C'est le 19ème siècle qui va être le moment où la perception de l'Autre va définitivement changé. Les caractère physiques et culturels seront les critères du racisme moderne. Les scientifiques vont catégoriser les groupes humains, et les colonialistes vont justifier leurs activité par le racisme. Le racisme d'aujourd'hui est influencé par des théories.
Le racisme gobinien et le racisme hitlérien ont la même vision du monde, même si le premier apparaît plus acceptable que le second. Ils utilisent une vision apocalyptique, un narcissisme du peuple, entre autres. Au 20ème siècle, le racisme a montré sa cohérence entre l’idéologie et la pratique. Le racisme peut être comparer au mécanisme du meurtre : la névrose et ses symptômes proviennent de la rencontre entre une situation actuelle et une histoire. Ce mécanisme psychique est comparable au racisme. L’histoire pour un individu= L’idéologie pour un peuple. La violence raciste de même que la névrose se situe à l’intersection entre le sens et le concret. Le système raciste passe de la théorie à la pratique, du regard au sadisme. La théorie raciste n’assume pas son origine et sa genèse, et l’attention ne se porte que sur la partie émergée de l’iceberg. Cette partie émergée est l’intentionnalité.
Des ouvrages tels que « Mein Kampf » et « la France juive » font référence à la « menace » et à la « pourriture » . Cette menace prend les traits des minoritaires. Le monde est à sauver. On prône le retour au passé mythique, car tout changement est synonyme de mort.
D'après ce que j'ai retenu du livre de Colette Guillaumin, L'idéologie raciste.
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