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Message Publié : 09 Mars 2005 22:23 
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Inscription : 08 Jan 2005 21:39
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Il faut définir la notion de "race" avant toute chose.

A partir du milieu du 19 ème siècle, les premiers théoriciens de la "race" (Gobineau entre autres) rédigent des livres sur "l'inégalité entre les races". Leurs théories apparaissent en même temps que la science se détache de la religion. Darwin découvrent que les espèces animales ont subi une longue évolution avant de devenir ce qu'elles sont (contrairement à ce que disait la Religion). Aussi se crée le "Darwinisme Social", une pseudo-science qui essaie d'expliquer les faits sociaux par le biologique (et donc le biologique va déterminer le social, ce qui est bien sûr faux). Les théories racistes n'avaient pas au départ beaucoup d'échos, mais furent reprises par les colonialistes afin de justifier les pratiques du colonialisme. Le colonialisme a peu à peu dès lors contribué à faire passer comme message dans la population que "le colonialisme a une mission civilisatrice, et les races sont inférieures" (souvenons-nous des expositions qui présentaient les Noirs comme des sauvages, des publicités tel que Banania, enfin, tous les préjugés que la presse empruntait au colonialisme, et a contribué à formé le racisme dans l'inconscient collectif).

Le colonialisme a forgé énormément la pensée raciste actuelle.

Le racisme existait déjà avant, mais, il révêtissait une forme différente. Par exemple, les Juifs ont été victimes de l'antisémitisme depuis des siècles, puisque le Christianisme considérait autrefois que les Juifs avaient tué le Christ. Ainsi, pour les Chrétiens, le seul salut pour les Juifs c'était la reconversion. Il y avait donc possibilité de changement pour les Juifs (même si cela se faisait par la contrainte), car au Moyen Age et à la Renaissance, l'antisémitisme était avant tout un anti-judaïsme, il visait la religion, et non un groupe. Les Juifs sont reconnus en tant qu'humains que dès lors qu'ils se convertissent au christianisme.

Pour Guy de Maupassant, Balzac, et les autres auteurs du 19ème siècle, de même que les journaux de l'époque: le 19ème siècle (ainsi que la première partie du 20ème siècle) est dominé par des productions littéraires influencées par la pensée raciste de l'époque, due en partie à des pseudo sciences, lesquelles permettaient ainsi de justifier le colonialisme.

Par contre, des auteurs comme Rousseau, Montesquieu, Voltaire, Descartes, Rabelais et même Marco Polo ne tenaient pas compte de la couleur de peau et autres caractéristiques physiques qui détermineraient le caractère des gens.

Exemple, Marco Polo (période de la Renaissance) a rédigé son carnet de voyage, il a visité des peuples d'Asie, et la première chose qui l'a frappé, ce sont les coutumes des gens, leur manière de s'habiller, etc. Mais, il a accordé une importance très secondaire aux caractéristiques physiques de ces gens. Alors, que de nos jours, la première chose qui frappe chez les gens, ce sont les caractéristiques physiques de l'Autre.

L'éditeur contemporain de Marco Polo a cru bon de rajouter une ligne supplémentaire, au sujet de la première rencontre entre Marco Polo et un peuple indigène d'Asie. L'éditeur a ainsi spécifié que le peuple que rencontre Marco Polo est de "type Mongoloïde", ce que Marco Polo n'a jamais écrit dans son récit de voyage.

La pensée raciste a évolué au cours des siècles. La manière dont est exprimé le racisme aujourd'hui est très différente de la manière dont il s'exprimait avant la fin du 18ème et 19ème siècle.

Pendant le Moyen Age et la Renaissance, par exemple, les gens pensaient que tous les êtres humains étaient égaux devant Dieu, à partir du moment où ils avaient la même religion (d'où l'obligation de se convertir, sinon on été persécuté).

Avec l'apparition de théories racistes évolutionnistes au 19ème, le racisme est depuis lors pensé différemment, et on se base sur les caractéristiques physiques des gens.
Et de nos jours, au lieu de dire "couleur de peau différente", on dit "culture différente". Le racisme est devenu aujourd'hui plus implicite, et inconscient.

Alors qu'à partir du 19ème siècle, les théoriciens ont commencé à considéré qu'un Juif restera toujours tel quel, et ne pourra jamais changé de position (en raison du social biologisme apparu au 19ème siècle, et évoqué plus haut). C'est à partir du 19ème siècle que va se créer toute l'idéologie raciste encore en cours aujourd'hui.

Au Moyen-âge et à la Renaissance, pour l'Eglise, faire partie de l'Humanité, c'est être reconnu par Dieu, donc se convertir. Les Indiens d'Amérique n'ont eu leur statut d'Homme qu'à partir du moment où ils ont été convertis. Avant leur conversion, ils n'étaient pas des hommes.

Aujourd'hui, les scientifiques dénigrent catégoriquement la réalité des "races", expliquant que les races n'existent pas, et que nous appartenant tous à l'espèce humaine. Le problème est que à côté de ce rejet par les scientifiques les media et les politiques de toute catégorisation des humains, on assiste aujourd'hui à une stigmatisation implicite dans les media, l'opinion public ou les politiques des "Autres": Ils diront que "les immigrés ont une culture différente, qu'ils sont différents", à côté, il y aura des discours plus ouverts tels que "les autres cultures forment la richesse du pays, je ne connais pas les autres cultures, mais j'accepte leurs différences." Ce discours est gentil et montre beaucoup de respect envers "les Autres". Le problème, c'est que même ce genre de discours gentil participe à la stigmatisation implicite des "Autres", puisqu'il parle quand même de "la différence de culture".

A ce propos, la "culture", voilà le nouveau terme qui peut parfois remplacer le mot "race" . Puisque de nos jours, il est politiquement incorrecte d'évoquer la "race", alors, on parlera de cultures. Donc, maintenant le racisme ne se basera plus sur les différences physiques comme au 19ème siècle (quoique, quand on pense au discours sur les raisons de la plus grande présence des Noirs en athlétisme...), mais sur les différences de "culture".

Premièrement, il y a eu une mutation du racisme. Le racisme moderne (depuis le 19ème siècle) est très différent de ce qu'il était avant le 19ème siècle.
Dans l'antiquité, on était raciste envers ceux qui ne partageait pas le "logos"(même langage), donc, c'était du racisme envers les esclaves (blancs ou noirs), et les étrangers à la cité.
Avec la chrétienneté, on est raciste envers ceux qui ne partage pas la même religion (chrétiens envers les juifs, catholiques envers les protestants ou vice versa selon le groupe dominant). Mais, il y avait une possibilité de changement de statut (cette possiblité de changement n'existe plus aujourd'hui). Puisque la religion déterminait le racisme, en se convertissant, on n'était plus être victime de racisme (même si la conversion se faisait sous la contrainte).

C'est le 19ème siècle qui va être le moment où la perception de l'Autre va définitivement changé. Les caractère physiques et culturels seront les critères du racisme moderne. Les scientifiques vont catégoriser les groupes humains, et les colonialistes vont justifier leurs activité par le racisme. Le racisme d'aujourd'hui est influencé par des théories.

Le racisme gobinien et le racisme hitlérien ont la même vision du monde, même si le premier apparaît plus acceptable que le second. Ils utilisent une vision apocalyptique, un narcissisme du peuple, entre autres. Au 20ème siècle, le racisme a montré sa cohérence entre l’idéologie et la pratique. Le racisme peut être comparer au mécanisme du meurtre : la névrose et ses symptômes proviennent de la rencontre entre une situation actuelle et une histoire. Ce mécanisme psychique est comparable au racisme. L’histoire pour un individu= L’idéologie pour un peuple. La violence raciste de même que la névrose se situe à l’intersection entre le sens et le concret. Le système raciste passe de la théorie à la pratique, du regard au sadisme. La théorie raciste n’assume pas son origine et sa genèse, et l’attention ne se porte que sur la partie émergée de l’iceberg. Cette partie émergée est l’intentionnalité.

Des ouvrages tels que « Mein Kampf » et « la France juive » font référence à la « menace » et à la « pourriture » . Cette menace prend les traits des minoritaires. Le monde est à sauver. On prône le retour au passé mythique, car tout changement est synonyme de mort.

D'après ce que j'ai retenu du livre de Colette Guillaumin, L'idéologie raciste.


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Message Publié : 09 Mars 2005 22:55 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 23 Déc 2004 6:42
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Donc pour résumer, le réel racisme, le racisme "irréversible, n'est apparu qu'avec l'évolution de la "science" et le XIX siècle ?

J'aimerais tout de même donner mon point vue, les scientifiques n'auraient'ils pas dit plutôt que les "races" ne reposaient sur rien de biologique et non pas qu'elles n'existaient pas? Je m'explique; Elles ne se basent que sur l'apparence physique de l'individu ( et certaines adaptation physiologiques dues au milieux) , il en est ainsi de même avec les animaux. C'est du moins comme cela que l'on les "classifiaient avant l'apparition de la science ( et sans pour autant prétendre à une sois disant supériorité, davantage liée, selon vous, à la religion, la langue ou la culture).
Pourquoi cette rectification ? Car vouloir nier ce qui n'est avant tout qu'une méthode de classification entraine des dérives bien plus dangereuses prennant à parties la culture etc...
Le sujet est délicat, mais lorsque l'on parle de l'aptitudes de certaines peuplades africaines à courir vite et longtemps ( les masai par exmple) ne peut'on pas y voir une adaptation physique au milieux et au mode de vie ? De même qu'un inuit a la capacité de ne se nourri presque que de viande ou qu'un toureg ne peut se contenter que de très peu d'eau ?
Bien entendu je ne parle ici que du corps, non des capacités intellectuelles propre à chacuns et des pratiques culturelles qui -à mon sens - se valent.
Et j'en reviens à la comparaison avec les races, de chevaux par exemple , un percheron aura bien des différences physiques d'avec un Hanovre, aisement reconaissable, mais ils ont le même ADN je crois? Donc s'il l'on applique les directives des scientifiques ils sont de la même race ! Ce qui ne vaut pas dire que l'un soit supérieur à l'autre en général . Ou alors tout simplement de la même espèce ... Et la question qui va suivre vous semblera bien naïve; pourquoi supprimer chez l'humain toute référence à la race et continuer chez les animaux ?

C'est un peu tout cela qui me turlupine avec cette épineuse question de la race.


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Message Publié : 10 Mars 2005 11:54 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 04 Jan 2005 16:28
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Ce sujet m'inspire les réflexions suivantes :
-Sur la démarche classificatoire : l'être humain cherche à comprendre son environnement , et donc les autres humains qui l'entourent . Pour cela il observe, et constate des différences . Il cherche alors à organiser ses perceptions par des classements , démarche scientifique élémentaire . De là cette notion des " races " . Or il s'agit bien de FAITS
observables ...Indépendemment de tout ce qu'on peut en faire ensuite ! La pensée dominante à notre époque considère que ces différences sont superficielles , et n'impliquent rien d'autre qu'elles-mêmes ( pas d'association avec d'autes facteurs ) , en particulier quant aux aptitudes et
dispositions des individus . Je me garderai bien de conclure sur un sujet
aussi controversé pour lequel je n'ai pas de compétence particulière....
-On ne peut parler de racisme si la race n'est PAS mise en cause ! Une certaine rigueur de language s'impose pour cerner les phénomènes . Bien sûr on peut estimer qu'ily a des mécanismes communs entre le racisme et d'autres formes de discrimination . Il importe alors de les DECRIRE .
-Le colonialisme a aussi joué un certain rôle civilisateur , et des personnes ont réellement oeuvré en ce sens . Attention aux vues manichéennes...D'autre part je pense que l'inconscient collectif comporte depuis toujours des mécanismes qui poussent au rejet de ce qui est perçu comme différent , et donc comme potentiellement dangereux . De tels
mécanismes devaient avoir un rôle adaptatif au cours de l'évolution animale . Si le cerveau classe rapidement en amis ou ennemis , cela doit s'avérer fort utile dans la lutte pour la survie .
-La culture est assurément quelque chose de plus fondamental que des différences physiques ( quoique la superposition de ces aspects porte à l'amalgame ) . Et la culture n'est pas une illusion de l'esprit : il s'agit be et bien de FAITS ! Idem des différences culurelles . Les spécialistes distinguent même des sous-cultures , et les analysent... Donc back to the basics : Larousse : " Ensemble des usages , coutumes , manifestations artstiques , religieuses , intellectuelles qui définissent et distinguent un groupe , une société "...Ils auraient pu ajouter économiques , sociales ,
politiques , diététiques, hygiéniques,etc...
-Et pourquoi ces différences culturelles posent-elles problème ? Tout simplement parce qu'elles impliquent des VALEURS et des CROYANCES ,
lesquelles motivent des COMPORTEMENTS ! Là est le noeud du problème .
Ces comportements entraînent des réactions chez les personnes d'autres cultures , qui peuvent être de crainte ou de déplaisir . Et donc vont faire l'objet de jugements de valeur . Tendance humaine fondamentale , et d'ailleurs généralement fort utile à la vie en société ( appréhension du réel puis jugement à son égard , en vue de s'y adapter ou de le modifier ) . In fine , comme les humains ne divergent pas seulement par les coutumes et les valeurs , mais aussi par les intérêts , ces différences intergroupes peuvent être la cause d'une belle conflictualité .
-En conclusion : se garder dans l'analyse des phénomènes de faire des
amalgames , et de perdre les liens que nous devons maintenir avec les réalités . Je pense aussi qu'il faut conserver un certain ethnocentrisme de bon aloi , qui me semble relever du registre des valeurs et des priorités .
Savoir ce rappeler que " nous " ce n'est pas " eux " est à la fois très légitime et profitable . Qui l'oublierait ne survivrait pas longtemps , ou pas libre en tout cas . Bien sûr sans perdre de vue cette distinction , il est
bon de rencontrer des gens qui souhaitent établir des changes qui ne soient pas à somme nulle ( c'est-à-dire oú les deux parties puissent
gagner quelque chose) .
Le rejet du racisme ne doit pas nous faire perdre de vue la nécessité de défendre notrepropre culture et nos valeurs si elles sont en danger .


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Message Publié : 10 Mars 2005 14:32 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 20 Mai 2003 15:53
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je crois que ce sont surtout les pratiques des "sauvages" en question que les faisaient considérer pas nos ancètres comme des sauvages : le cannibalisme, l'incèste, la polygamie, et autres pratiques contraires a nos consciences chrétiennes car chassées de nos régions par l'Eglise.
Si on découvrait aujourd'hui un pays vivant comme vivaient les Incas par exemple, on les trouverait (a juste titre) pire que les pratiques de Saddam Hussein : on parlerai alors de "droit d'ingérence", de non respect des droits de l'Homme, de manque de démocratie, et autre sujets qui nous semblent universels mais qui ne le sont visiblement pas : alors effectivement le racisme n'a pas évolué d'un cheveu depuis que l'Homme est Homme, il se résume ainsi : la peur de l'autre s'il est différent.
Je ne crois pas que ni l'Eglise ni nos ancètres aient été plus mauvais que nous.

_________________
"Le droit du Prince nait du besoin du peuple." (Pierre BOUTANG)


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Message Publié : 10 Mars 2005 14:34 
Citer :
Bien entendu je ne parle ici que du corps, non des capacités intellectuelles propre à chacuns et des pratiques culturelles qui -à mon sens - se valent.

Cela me semble discutable. Toutes les pratiques culturelles se valent-elles vraiment ? La pratique culturelle de l'excision, par exemple, vous la placez sur le même plan que n'importe quelle autre ?


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Message Publié : 10 Mars 2005 15:10 
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Thucydide
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Inscription : 05 Mars 2005 16:46
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Dire que les races n'existent pas participe à mon sens de ce que j'appellerais un "racisme universaliste". En gros, l'homme blanc occidental ne peut pas accepter quelqu'un qui est "autre" donc, pour rester fidèle aux grands idéaux qu'il a édicté, il doit affirmer que tout le monde est "pareil". Cette idée repose sur un présupposé ethnocentrique complétement étranger aux autres communautés humaines.

Bien entendu, la réalité biologique des races humaines est d'une extrême complexité. Les grandes migrations, les métissages, les contacts ont rendu les frontières qui séparent les groupes humains très floues et fluctuantes. Cependant, affirmer que les races n'existent pas relève de l'idéologie (idéologie qui peut être louable d'un certain point de vue).

Un détail amusant. Le post de départ parlait de colette Guillaumin. Il faut savoir qu'aujourd'hui, les sociologues français, épris de bons sentiments, rejettent en bloc l'idée de la race tout en financant des études de grande ampleur sur les "relations inter-ethnique". Cette pirouette sémantique est révèlatrice du flou artistique en la matière.

Enfin dernier problème. Dire que les races n'existent pas arrange pas mal de monde. Car en effet si il n'y a plus de races, il n'y a plus non plus de racisme (CQFD). C'est avec ce genre de syllogisme qu'on en arrive à parler de racisme anti vieux, anti flics, anti gros... le terme racisme est ainsi vidé de son sens et il n'est plus possible de le combattre.


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Message Publié : 10 Mars 2005 16:20 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
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Dire que les races n'existent pas participe à mon sens de ce que j'appellerais un "racisme universaliste".


Je ne pense pas. C'est plutôt la fin du rejet par la science de la dérive évoquée dans le premier post. Sur le plan de la biologie, le concept de race ne signifie rien : il y a des ordres familles genres espèces (etc), des sous-espèces, mais pas de races. Ce terme n'existe que pour les animaux domestiques, sans qu'on se préoccupe de la signification exacte en matière de génome.
L'homme n'étant pas une espèce soumise... par l'homme... à une sélection visant à conserver certains caractères et en éliminer d'autres, il ne saurait naturellement y avoir de races humaines comme il y a des races de chevaux ou de chiens : on n'en a pas créé.
Y a-t-il alors des races au sens plus ancien de sous-espèce ? (On l'utilise encore parfois par abus de langage : on parlera de la Bernache cravant "race" nigricans ou hrota, d'un Pouillot véloce de "race" tristis en sachant que le terme exact est sous-espèce. L'existence d'une sous-espèce est en général pressentie à partir des caractères observés/mesurés, puis confirmée par la génétique.
Parfois, au contraire, on conclut finalement à une autre espèce à part entière.
Parfois, à des différences génétiques non significatives et à de simples sous-populations, voire à une vulgaire variabilité individuelle.
En ce qui concerne l'humanité, dont le génome est désormais bien connu, les scientifiques nous disent qu'il n'y a pas, malgré les apparences, de variabilité génétique justifiant le découpage en sous-espèces des bipèdes sans plumes de notre temps (il y a débat pour certains fossiles mais ce n'est pas le sujet).
Donc, pas de sous-espèces (actuelles) à l'espèce "Homme moderne", espèce monotypique. Donc, pas de race, puisque ce mot ne s'applique, qu'aux variétés domestiques sélectionnées et aux sous-espèces. C'est une réponse de la science, même si elle surprend l'oeil et même si elle paraît, en effet, bien politiquement correcte.

Pour la remettre en cause, il faudrait des arguments scientifiques. Donc des crédits, qu'on n'aura probablement jamais, car en effet, personne n'a trop envie de découvrir que l'homme se décompose en sous-espèces. Ce serait un coup de fouet au racisme. Au pire, autant s'en passer.

Par contre, cette observation scientifique (jusqu'à plus ample informé, supposons-la exacte), n'est pas en elle-même un signe d'un nouveau "racisme universaliste". Elle peut être employée par ce dernier, comme la conclusion adverse servirait la cause du racisme traditionnel. Si j'ose dire, "elle n'y peut rien". Je rejoins Augustin sur l'utilisation qui est faite, de cette extrapolation du "tous égaux" au "tous pareils". Mais rien n'oblige à utiliser le constat qu'il n'y a pas de races humaines dans cette interprétation, au mieux cucul, au pire "raciste" d'une autre façon.

De toute façon, ne nous leurrons pas, la peur et le rejet de l'autre, de quelque façon qu'on l'identifie comme différent, ont encore de beaux jours devant eux. Si on veut s'y attaquer, on n'y arrivera pas en éliminant naïvement les avalanches de prétextes que l'homme trouve pour étiqueter comme méchant son semblable-prochain-autre-différent-d'une autre race-de culture différente-métis-immigré-colon-de l'autre cité-du mauvais village-qui fait rien qu'à critiquer mon chien- etc.


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Message Publié : 10 Mars 2005 17:37 
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Thucydide
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Inscription : 05 Mars 2005 16:46
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Je comprend bien ce que tu dis et je partage ton opinion sur la réalité scientifique de la race. Il n'est d'ailleurs pas question pour moi de réhabiliter ce concept qui n'est qu'une vue de l'esprit.


Cuchlainn a écrit :
Par contre, cette observation scientifique (jusqu'à plus ample informé, supposons-la exacte), n'est pas en elle-même un signe d'un nouveau "racisme universaliste". Elle peut être employée par ce dernier, comme la conclusion adverse servirait la cause du racisme traditionnel. Si j'ose dire, "elle n'y peut rien". Je rejoins Augustin sur l'utilisation qui est faite, de cette extrapolation du "tous égaux" au "tous pareils". Mais rien n'oblige à utiliser le constat qu'il n'y a pas de races humaines dans cette interprétation, au mieux cucul, au pire "raciste" d'une autre façon.



Mais les scientifiques vivent dans la société ! Pourquoi les placer en amont ? Tu dis grosso modo que les scientifiques ne sont pas responsables des usages sociaux qui sont faits de leurs recherches. Certes, mais ne sont-ils pas eux-mêmes (et cette fameuse observation scientifique avec eux) le produit d'usages sociaux prééxistant à leur découverte ? Cette négation scientifique du concept de race humaine n'arrive pas n'importe quand : fin 1980' / début 1990'. On sort à peine du mouvement beur et de la campagne "touche pas à mon pote".

Maintenant, comme tu l'as dis il est évident qu'il n'y a pas de races d'homme comme il y a des races de chiens. Mais le problème est à un autre niveau : aujourd'hui, le mot race est toujours affublé de ses éternels guillemets et aucun scientifique (dans les sciences humaines) ne veut affronter la question de front. Ils préfèrent parler d'ethnie ce qui est parfaitement ridicule, puisque ce n'est qu'un euphémisme de la race. On ne résoud pas un problème en le contournant. Les races n'existent pas bilogiquement mais elle existent dans les mentalités. Et puis allez dire au quidam que les races d'homme n'éxistent pas... Je pense qu'il va se gratter la tête.


Dernière édition par Augustin le 10 Mars 2005 18:40, édité 1 fois.

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Message Publié : 10 Mars 2005 17:54 
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Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 17 Oct 2003 18:37
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Citer :
dis grosso modo que les scientifiques ne sont pas responsables des usages sociaux qui sont faits de leurs recherches.


Non : je dis qu'il est permis d'en faire usage de différentes façons. Si on démontrait que l'espèce humaine se répartit en X sous-espèces comme la Bernache cravant, ce serait rapidement exploité par ceux qui ajoutent à la notion de différence la notion de hiérarchie, mais cela n'interdirait pas à leurs adversaires de repousser et de combattre cette interprétation d'un résultat.

Après, il est aussi possible que ce ne soit pas un vrai résultat de laboratoire mais un résultat "truqué" publié parce qu'il arrange bien. Cela arrive. Toujours en ornitho, il existe un chercheur qui a publié les "preuves" que les sous-espèces de l'Oie des moissons étaient en fait deux espèces. Apparemment, sa démonstration n'est pas valable. Mais il l'a fait surtout parce qu'une de ces sous-espèces est très menacée, l'autre pas, et qu'il est quasi impossible d'obtenir des fonds pour la conservation d'une sous-espèce, alors que pour une espèce, c'est plus envisageable. Une intention louable mais des résultats apparemment biaisés pour les besoins de la cause.

Pour le reste, nous sommes d'accord. Même si c'est scientifiquement valide, nier l'existence de races (ou de sous-espèces) chez l'homme, pour l'instant, ne sert guère qu'à combattre le racisme d'une façon ridiculement naïve. Il y a probablement mieux à faire de ce constat de la génétique.


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Message Publié : 10 Mars 2005 18:29 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 04 Jan 2005 16:28
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lamy a écrit :
je crois que ce sont surtout les pratiques des "sauvages" en question que les faisaient considérer pas nos ancètres comme des sauvages : le cannibalisme, l'incèste, la polygamie, et autres pratiques contraires a nos consciences chrétiennes car chassées de nos régions par l'Eglise.


C'étaient des différences bien visibles , bien plus culturelles que " raciales " , et qui heurtaient nos valeurs occidentales .

Citer :
Si on découvrait aujourd'hui un pays vivant comme vivaient les Incas par exemple, on les trouverait (a juste titre) pire que les pratiques de Saddam Hussein : on parlerai alors de "droit d'ingérence", de non respect des droits de l'Homme, de manque de démocratie, et autre sujets qui nous semblent universels mais qui ne le sont visiblement pas : alors effectivement le racisme n'a pas évolué d'un cheveu depuis que l'Homme est Homme, il se résume ainsi : la peur de l'autre s'il est différent.
Je ne crois pas que ni l'Eglise ni nos ancètres aient été plus mauvais que nous.


Il faut accepter de voir l'homme tel qu'il est . La peur des autres est parfois bien justifiée . Dire le contraire est faire preuve d'angélisme . Et
certaines cultures portent plus aux excès que d'autres .


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Message Publié : 10 Mars 2005 18:46 
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Thucydide
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Goya a écrit :
Et certaines cultures portent plus aux excès que d'autres .


Sans doute mais cela est très subjectif non ? As-tu un exemple concrêt pour étayer...


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Message Publié : 10 Mars 2005 20:18 
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Thucydide
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lamy a écrit :
je crois que ce sont surtout les pratiques des "sauvages" en question que les faisaient considérer pas nos ancètres comme des sauvages : le cannibalisme, l'incèste, la polygamie, et autres pratiques contraires a nos consciences chrétiennes car chassées de nos régions par l'Eglise.


Où étaient ces sauvages ayant pratiqués le canibalisme ou l'inceste?
Je sais qu'on en a parlé à propos de l'Afrique pendant l'esclavage, mais cela faisait partie de la propagande pour justement pouvoir ensuite les considérér comme des sauvages et légitimer l'esclavage.
Quant à l'esclavage et les massacres de populations civiles, ça ne choquait pas "nos" consciences chrétiennes?

Citer :
Si on découvrait aujourd'hui un pays vivant comme vivaient les Incas par exemple, on les trouverait (a juste titre) pire que les pratiques de Saddam Hussein : on parlerai alors de "droit d'ingérence", de non respect des droits de l'Homme, de manque de démocratie, et autre sujets qui nous semblent universels mais qui ne le sont visiblement pas : alors effectivement le racisme n'a pas évolué d'un cheveu depuis que l'Homme est Homme, il se résume ainsi : la peur de l'autre s'il est différent.
Je ne crois pas que ni l'Eglise ni nos ancètres aient été plus mauvais que nous.

En effet, on a parlé d'évangélisation ou de "mission civilisatrice", aujourd'hui ce sont les droits de l'homme qui servent bien souvent de prétexte.


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Message Publié : 10 Mars 2005 21:46 
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Grégoire de Tours
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Le racisme est apparu sous les lumieres avec Voltaire et Kant et par la pensée socialiste du XIXeme siecle, pensez qu'en 1925, Blum justifia la colonisation par le devoir de la race superieure de coloniser les races inferieures!

_________________
"La France n'est plus qu'un simple simulacre. On ne peut plus parler de déclin, ni de décadence. Nous sommes devant la mort et la disparition." Jean de Viguerie


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Message Publié : 10 Mars 2005 22:09 
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Thucydide
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Inscription : 25 Fév 2005 15:51
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La Rochejaquelein a écrit :
Le racisme est apparu sous les lumieres avec Voltaire et Kant et par la pensée socialiste du XIXeme siecle, pensez qu'en 1925, Blum justifia la colonisation par le devoir de la race superieure de coloniser les races inferieures!


Je crois que vous confondez avec Jules Ferry, pas vraiment un socialiste.
« Les races supérieures ont un droit sur les races inférieures »
http://perso.wanadoo.fr/felina/doc/colo ... enceau.htm

Mais je serais d'accord avec vous pour dater les débuts du racisme moderne au "siècle des lumières".


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Message Publié : 10 Mars 2005 23:33 
Et le discours de sepulveda lors de la contreverse de Valladolid qui l'opposent à La Casas sur le droit à supprematie des peuples forts et conquerants sur les faibles destinés par nature à être dominés. Idées qu'il etayait par celles de Platon?

Voudrait-on faire croire que nous sommes les seuls à avoir été atteint de ce fléau de notion de "race" et de "racisme". Ce sentiment d'être superieur aux autres n'est pas une conception occidentale et moderne ou recente.

Cela ne veut pas dire qu'elle fut vraie et j'ai comme l'impression d'entendre un début de débat entre ceux qui veulent à tout prix défendre le droit d'existence de cette notion de race contre d'autres qui la refutent ou luttent contre son existence. Nous sommes déjà en plein débat idéologique.


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