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Message Publié : 10 Jan 2006 10:47 
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Plutarque
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Cher(e)s ami(e)s
Je vous propose ce sujet de réflexion qui m'occupe depuis plusieurs années. De la stasis grecque -notion totale, recoupant des horizons tant religieux que politiques - à la crise dans sa dimension contemporaine, économique principalement, en passant par la "crise de la consceince européenne" de Paul Hazard, le chemin parcouru par cette notion pose problème. Quelle est selon vous le sens et les détours de cette évolution ? Au-delà, dans quel mesure l'application du terme a-t-il une dimension "anachronique" ? Livrez moi vos relfexions. Quellles questions soulèvent cette notion selon vous ?
Cordialement et avec une sainte horreur de la polémique égotiste

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"... à cent lieues de la Bastille, à l'enseigne de la liberté."


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Message Publié : 24 Mars 2006 8:02 
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Jean Froissart
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p.gaia lunna. a écrit :
Cher(e)s ami(e)s
Je vous propose ce sujet de réflexion qui m'occupe depuis plusieurs années. De la stasis grecque -notion totale, recoupant des horizons tant religieux que politiques - à la crise dans sa dimension contemporaine, économique principalement, en passant par la "crise de la consceince européenne" de Paul Hazard, le chemin parcouru par cette notion pose problème. Quelle est selon vous le sens et les détours de cette évolution ? Au-delà, dans quel mesure l'application du terme a-t-il une dimension "anachronique" ? Livrez moi vos relfexions. Quellles questions soulèvent cette notion selon vous ?
Cordialement et avec une sainte horreur de la polémique égotiste


Cher gaia luna

Crise mais quelle crise ?
Tout dépend si l'on juge le verre à moitié vide ou à moitié plein.
A l'origine de la notion de crise, il y a parfois l'idée de dramatiser un "problème" que l'on 'autoproclame' pour apporter ensuite des 'réformes' , qui consistent souvent à échanger un cheval borgne du coté droit contre un cheval borgne du coté gauche, sachant que la perfection ne nous est pas réservée à nous simples mortels
, mais seulement à tous ces Dieux qui nous gouvernent.

En économie il y a constamment des crises plus ou moins orchestrées par les pouvoirs publics (banques centrales, sado-monétarisme) ou liés à l'instabilité congénitale d'un système ou les entreprises surinvestissent plus qu'elles ne surinvestissent jamais pour ensuite exploser en vol plus qu'elles n'explosent jamais en plein vol.
Pour les japonais, le mot crise est synonyme d'opportunités.
Peut-être le terme crise, crorrespond à ces 'mutations' nécessaires pour batir une société de plus en plus performante jusqu'à ce qu'elle explose en plein vol elle aussi, à force d'aller d'aller toujours plus loin, toujours plus haut.
'No pain, no gain ' comme disent les anglo-saxons.
C'est peut-être ce à quoi pourraient servir les crises.
Remarquer que les crises sont souvent l'apanage des grands pays comme l'Allemagne, la France, les USA, l'URSS.
Dans les tout petits pays comme Monaco, le Luxembourg, l'Islande, il y a moins les moyens de se payer ce genre de luxe.

Voila, en espérant avoir apporter une (bien modeste) contribution permettant de faire le débat.

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"L'histoire me sera favorable car j'ai l'intention de l'écrire". Winston Churchill.


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Message Publié : 24 Mars 2006 8:25 
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Plutarque
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Cher Romeo
Merci pour votre contribution, derrière laquelle on reconnaît un peu la pensée, par sa pointe "bouddhiste", de votre avatar.
Au-delà, il y a beaucoup de choses justes et qui m'intéressent dans votre propos.
En effet, vous avez raison de le souligner, si la notion de crise n'a pas la même acceptation dans le temps, et l'a encore moins dans l'espace et comme vous le notiez, l'idéogramme japonais qui se rapproche le plus de notre "crise" comporte les notions de danger / d'opportunité.
Je vois aussi que vous le soulevez la question du caractère cyclique des crises, indispensables dans de nombreuses pensées, à l'économie du progrès humain.
Votre note sur les "grandes" sociétés et tout aussi pertinentes.
J'avais posé cette question car il me semble qu'il y a derrière une notion un peu floue et souvent employé à tort et à travers. Ainsi, pour la crise du IIIe siècle qui survint dans l'Empire et qui se caractérise par une conjonctions d'épidémies et d'invasions : de nombreux historiens en viennent à utiliser le pluriel ("les crises") et même parfois à revenir sur la notion de crise elle-même (on parle alors des "difficultés" du IIIe siècle).
Ce que je voulais soulever, et vous avez aussi soulevé d'autres problèmes plus contemporains peut-être, ce que derrière ce terme admis et utilisé pour tous lieux et toutes périodes, se cache un problème d'interprétation. Une crise n'est-elle pas toujours fruit du ressenti ? Et donc, quel usage l'historien peut-il en faire ?
Quelles sont les périodes et les sociétés humaines qualifiées selon à vous à tort de "période" ou de "société en crise", quelles sont les périodes pour lesquelles au contraire le terme semble convenir ? N'hésitez pas à apporter des exemples concrets.

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Message Publié : 24 Mars 2006 9:08 
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Plutarque
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De nouvelles questions me viennent à l'esprit dans cette réflexion sur la notion de crise qui semble omniprésente dans les travaux des historiens :
- le rôle de l'Etat et la question des réformes (une question soulevée par Romeo) : le terme de crise ne vient-il souvent remplacé abusivement celui de mutations ? Quelle conclusion en tirer ?
- la dimension économique a-t-elle pris le pas sur la dimension sociale de crise ? Un processus d'emboîtement n'est-il pas à l'oeuvre
- comment comprendre le terme de crise appliqué à la discipline historique (on pensera par exemple au "tournant critique" à la "crise" mise à jour par Gérard Noiriel) ? Au-delà, quelle vision de l'histoire le terme de crise nous propose-t-il ?

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 Sujet du message : En effet
Message Publié : 24 Mars 2006 10:49 
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Jean Froissart
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p.gaia lunna. a écrit :
J'avais posé cette question car il me semble qu'il y a derrière une notion un peu floue et souvent employé à tort et à travers. Ainsi, pour la crise du IIIe siècle qui survint dans l'Empire et qui se caractérise par une conjonctions d'épidémies et d'invasions : de nombreux historiens en viennent à utiliser le pluriel ("les crises") et même parfois à revenir sur la notion de crise elle-même (on parle alors des "difficultés" du IIIe siècle).
Ce que je voulais soulever, et vous avez aussi soulevé d'autres problèmes plus contemporains peut-être, ce que derrière ce terme admis et utilisé pour tous lieux et toutes périodes, se cache un problème d'interprétation. Une crise n'est-elle pas toujours fruit du ressenti ? Et donc, quel usage l'historien peut-il en faire ?
.


A l'origine la remarque que j'avait faite était basée sur l'idée que parfois il y a de 'fausses' crises, alors qu'en fait tout va bien
L'hypochondrie peut parfois aussi toucher les sociétés.
Ainsi l'on a souvent parler de 'crise du système éducatif' en France, alors que le niveau des élèves a t-il vraiment baissé ?
Cependant la méthode Coué peut très bien marcher à l'envers et à force de parler du loup il sort du bois.
Le ressenti peut aggraver ou adoucir le problème dans la mesure ou le jugement que l'on porte sur des faits humains actuels influent sur les faits eux mêmes.
C'est pour cela que ceux qui se lancent dans des discours sur le 'déclin' nous font prendre de gros risques

Peut-être que la seule solution pour départager le débat serait de voir les faits et de MESURER.
Certains scientifiques vont jusqu'à considérer que ce qui n'est pas mesurable n'est pas vraiment scientifique car sujet à de multiples interprétations.
Certains grands chefs d'entreprise (comme par exemple Jeffrey Bezos d'Amazon.com) ont prit le parti de systématiquement chiffrer ce qui peut l'être afin d'avoir une vision objective et claire.
Mais là l'historien est dans une situation peut-être délicate.

Plus modestement il y a un secteur que je connait bien, l'économie, ou les crises sont consubstantielles quand il y a (ce qui arrive un jour ou l'autre) surinvestissement.

Quelles sont les périodes et les sociétés humaines qualifiées selon à vous à tort de "période" ou de "société en crise", quelles sont les périodes pour lesquelles au contraire le terme semble convenir ? N'hésitez pas à apporter des exemples concrets.[/quote]

Pour l'empire romain au 3° siècle, bien que n'étant pas historien, il serait difficile de ne nier l'existence d'une crise, vue les invasions et les guerres civiles. Mais vous deveze être plus compétent que moi sur ce sujet.

A ma (modeste) connaissance, il y a un exemple de période ou certains parlaient de 'déclin' alors qu'au contraire la société était en plein essor.
Ce fut probablement le cas de la société de la belle époque en France ou semblait régner une atmosphère de 'fin de siècle', ou des auteurs comme Gustave Le Bon brodaient sur le thème du déclin des civilisations 'auxquelles aucune n'a échappé'.
En fait ce fut comme chacun sait une période de brillant essor économique, scientifique, technologique, culturel.

Quelle ne fut pas la surprise des 'déclinologues' de l'époque de voir la France sortir finalement triomphatrice de la grande guerre.
Hélas ce discours sur le déclin national avait été entendus par les allemands qui comptaient dessus pour étendre leur Empire.
D'ou leur délaration de guerre et leur incroyable surprise de la bataille de la Marne.
Et en 1918 la France était effectivement en déclin par rapport à 1914 !
Donc les déclinologues, avaient eut tort mais leur méthode Coué a finit par marcher à l'envers !

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Message Publié : 24 Mars 2006 12:51 
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Jean Froissart
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p.gaia lunna. a écrit :
De nouvelles questions me viennent à l'esprit dans cette réflexion sur la notion de crise qui semble omniprésente dans les travaux des historiens :
- le rôle de l'Etat et la question des réformes (une question soulevée par Romeo) : le terme de crise ne vient-il souvent remplacé abusivement celui de mutations ? Quelle conclusion en tirer ?
- la dimension économique a-t-elle pris le pas sur la dimension sociale de crise ? Un processus d'emboîtement n'est-il pas à l'oeuvre
- comment comprendre le terme de crise appliqué à la discipline historique (on pensera par exemple au "tournant critique" à la "crise" mise à jour par Gérard Noiriel) ? Au-delà, quelle vision de l'histoire le terme de crise nous propose-t-il ?


Modestement ces réflexions en appelant d'autres, il semble que en effet il y a un rapport entre mutations et crise.
Peut-être les bouleversements technologiques, transforment les repères traditionnels, d'ou un sentiment d'anxiété chez certains, redistribuent les cartes notamment au plan économique, changent le rapport à l'information et donc au pouvoir (ex Internet).
Il y a un exemple très célèbre, l'invention de l'imprimerie.
Elle a entrainé une baisse très forte du prix des livres, et chacun à put à l'époque se procurer son livre préféré, la Bible.
Beaucoup se sont mis à l'interpréter à leur façon, d'ou en partie la naissance du protestantisme et les convulsions monstrueuses qui ont suivit.
Ah si Gutenberg avait sut !
Le développement généralisé de l'écriture et de la lecture en accroissant le degré de conscience et de connaissances a aussi entrainé beaucoup de convulsions.
A ce sujet il faut lire les ouvrages d'Emmanuel Todd, notamment 'Le Fou et le prolétaire'.

Le développement d'Internet et l'accès de tous à l'information va lui aussi entrainer de 'drôles' de mutations, notamment une remise en cause des détenteurs de pouvoir, qui ont le privilège de 'savoir'.
Les amateurs de 'mutations-crises' vont être comblés dans les années à venir.

Sinon la crise semble parfois faire partie même de la texture de l'histoire et même de la vie, faite de rebondissements et de surprises.
Les sociétés qui ne connaissent plus de crise sont celles qui sont mortes.
Ce qui est passionnant c'est de voir comment les sociétés arrivent (presque) toujours à rebondir, celles qui y arrivent mieux que les autres.

Ce terme de crise a simplement un coté un peu négatif, il est logique qu'il soit remplacé par un thème plus plaisant comme 'mutation' ou 'transformation' ou 'renaissance', etc....;

Au plan économique, il y a toujours eut des crises, du fait des bouleversements technologiques et parce que que beaucoup d'activités sont cycliques; celles liées à l'investissement, batiment, construction navale, aéronautique.
Dans ces activités il y a beaucoup de temps entre prise de décision et mise sur le marché d'ou des problèmes de surcapacités, de pénuries, et en bas de cycle, licenciements et chômage.

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