p.gaia lunna. a écrit :
J'avais posé cette question car il me semble qu'il y a derrière une notion un peu floue et souvent employé à tort et à travers. Ainsi, pour la crise du IIIe siècle qui survint dans l'Empire et qui se caractérise par une conjonctions d'épidémies et d'invasions : de nombreux historiens en viennent à utiliser le pluriel ("les crises") et même parfois à revenir sur la notion de crise elle-même (on parle alors des "difficultés" du IIIe siècle).
Ce que je voulais soulever, et vous avez aussi soulevé d'autres problèmes plus contemporains peut-être, ce que derrière ce terme admis et utilisé pour tous lieux et toutes périodes, se cache un problème d'interprétation. Une crise n'est-elle pas toujours fruit du ressenti ? Et donc, quel usage l'historien peut-il en faire ?
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A l'origine la remarque que j'avait faite était basée sur l'idée que parfois il y a de 'fausses' crises, alors qu'en fait tout va bien
L'hypochondrie peut parfois aussi toucher les sociétés.
Ainsi l'on a souvent parler de 'crise du système éducatif' en France, alors que le niveau des élèves a t-il vraiment baissé ?
Cependant la méthode Coué peut très bien marcher à l'envers et à force de parler du loup il sort du bois.
Le ressenti peut aggraver ou adoucir le problème dans la mesure ou le jugement que l'on porte sur des faits humains actuels influent sur les faits eux mêmes.
C'est pour cela que ceux qui se lancent dans des discours sur le 'déclin' nous font prendre de gros risques
Peut-être que la seule solution pour départager le débat serait de voir les faits et de MESURER.
Certains scientifiques vont jusqu'à considérer que ce qui n'est pas mesurable n'est pas vraiment scientifique car sujet à de multiples interprétations.
Certains grands chefs d'entreprise (comme par exemple Jeffrey Bezos d'Amazon.com) ont prit le parti de systématiquement chiffrer ce qui peut l'être afin d'avoir une vision objective et claire.
Mais là l'historien est dans une situation peut-être délicate.
Plus modestement il y a un secteur que je connait bien, l'économie, ou les crises sont consubstantielles quand il y a (ce qui arrive un jour ou l'autre) surinvestissement.
Quelles sont les périodes et les sociétés humaines qualifiées selon à vous à tort de "période" ou de "société en crise", quelles sont les périodes pour lesquelles au contraire le terme semble convenir ? N'hésitez pas à apporter des exemples concrets.[/quote]
Pour l'empire romain au 3° siècle, bien que n'étant pas historien, il serait difficile de ne nier l'existence d'une crise, vue les invasions et les guerres civiles. Mais vous deveze être plus compétent que moi sur ce sujet.
A ma (modeste) connaissance, il y a un exemple de période ou certains parlaient de 'déclin' alors qu'au contraire la société était en plein essor.
Ce fut probablement le cas de la société de la belle époque en France ou semblait régner une atmosphère de 'fin de siècle', ou des auteurs comme Gustave Le Bon brodaient sur le thème du déclin des civilisations 'auxquelles aucune n'a échappé'.
En fait ce fut comme chacun sait une période de brillant essor économique, scientifique, technologique, culturel.
Quelle ne fut pas la surprise des 'déclinologues' de l'époque de voir la France sortir finalement triomphatrice de la grande guerre.
Hélas ce discours sur le déclin national avait été entendus par les allemands qui comptaient dessus pour étendre leur Empire.
D'ou leur délaration de guerre et leur incroyable surprise de la bataille de la Marne.
Et en 1918 la France était effectivement en déclin par rapport à 1914 !
Donc les déclinologues, avaient eut tort mais leur méthode Coué a finit par marcher à l'envers !