Le mythe de l'origine troyenne et son utilisation politique

En ces temps ou l'on critique aisément l Afrocentrisme et l'idéologie qu il sous tend... il me semble que le rappel d'un passé récent peut eclairer le débat.

l'on y voit :
- qu il ne faut pas prendre les "mémoires et traditions" au pied de la lettre
- un bel exemple de l'appropriation d'une parenté mythique a but idéologique (de l Eurocentrsime dirions nous aujourd'huiou dirait Zunkir.. idéaliser son passé))

http://bcs.fltr.ucl.ac.be/FE/05/anthenor2.html

Ce mythe de l'origine troyenne, personne ne l'a pris véritablement au sérieux. Ce n'est jamais que la transposition de l'Eneide dans les milieux lettrés du Moyen-Age et surtout de la Renaissance. Je ne vois pas d'idéologie là-dedans ( et ce mot est bien impropre à ces époques).

Si je devais prendre un élément de comparaison, ce serait les chansons de geste qui racontent en les déformant, en les enjolivant et en les idéalisant des faits bien antérieurs.

Nous pouvons voir ce que déforme au fur et à mesure du temps une culture essentiellement orale avant d'être figée par l'écrit.

D'ailleurs, les sagas en donnent un autre exemple.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

N'est-il pas curieux, justement, que Virgile ait choisi un héros troyen ? Dans le camp des perdants, qui plus est, pour en faire le fondateur de la souche romaine ?

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rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer

Dans l'épopée, les héros ne sont pas toujours gagnants, il suffit de lire la Chanson de Roland. Et puis les Grecs vainqueurs n'avaient pas à courir la Méditerranée pour reconstruire une patrie.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Oui... mais cette origine troyenne m'étonne quand même... Pourquoi ne pas avoir exploité le vieux fond romain ? Et qu'en est-il de l'historicité du fait ? La venue d'Enée dans le Latium est bien antérieure à la fondation de Rome. Si l'on ne peut douter de l'existence de Romulus, que penser d'Enée, que Virgile nous montre amant d'une femme qu'il n'aurait pu connaître, plusieurs siècles le séparant en effet d'Elissa ? Pure fantaisie de poète ? Cautionnée par Auguste ?

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rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer

je pense en fait qu ils n'avaient que ce Mythe la sous la main et donc, se devaient de s'y rattacher...

c'etait ca ou descendre du Dieu "X" ...

Je suppose également que le fait qu'Enée soit fils d'Anchise et de Vénus est une des raisons de son choix, puisque cela permettait de faire fonder Rome par les descendants de deux dieux ( à différentes étapes) Vénus et Mars.

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"Labor omnis improbus vincit"

On peut faire de multiples suppositions. Et d'ailleurs elles ont déjà été faites.

D'une part considérer que parfois, une légende peut avoir un fond de vérité historique. Par exemple, nul ne doute que la ville historique de troie identifiée par Schliemann a bien subi 1 ou 2 destructions violentes.
De même, nul ne doute que des colons phocéens aient quitté les rives de l'Asie mineure pour aller fonder Massalia. Dès lors, il n'est pas du tout impossible que des colons ou des exilés venus de la côte égéenne de l'Asie mineure soient parvenus jusqu'au Latium (moins lointain pour eux que les côtes de Provence).

D'autre part, on peut voir les raisons idéologiques qui auraient conduit les romains à s'inventer une ascendance troyenne factice.
La culture grecque était la culture dominante de leur temps en Italie. Elle influençait fortement (par le sud) l'Italie du centre.
Il y avait un phénomène d'attraction-répulsion parce que la brillante culture séduisante était séduisante et parce que, malgré cette séduction, les romains devaient certainement vouloir garder leur caractère propre, ne pas se faire complètement acculturer par les grecs.
Dans cette logique, il est assez habile de se choisir comme ascendants les troyens puisque les troyens appartiennent à la mythologie grecque (l'Iliade au coeur de la culture et de l'identité grecque antique) et en même temps s'en distinguent sans être grecs.
Homère ayant lui-même largement héllénisé les troyens dans l'Iliade (en faisant soutenir les troyens par des dieux du panthéon grec par exemple), le terrain était déjà balisé pour cette-confusion/distinction.

Entièrement d'accord avec Caesar Scipio pour le phénomène d'attraction-répulsion des Romains pour les Grecs. On le retrouve aussi envers les Etrusques.

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"Lisez, éclairez-vous, ce n'est que par la lecture qu'on fortifie son âme." - Voltaire
"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron