Etude menée par Linnda Caporael, psychologue du comportement, à l'Institut Polytechnique Rensselaer de New York.
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Cette psychologue s'est intéressée aux similitudes entre les symptômes des filles de Salem (à l’origine de la tragique histoire des sorcières de Salem) et ceux de malades qui ont absorbé les spores d'un parasite qui infecte les grains de seigles : l'ergot. Ce champignon est en fait bien connu en Europe, sous les noms de « Mal des ardents » ou encore « Feu de Saint-Antoine ». Il provoque de violents spasmes musculaires, des hallucinations et l'impression que des bêtes vous courent sous la peau ! (Ces douleurs cutanées, sont dues à des nécroses pouvant aller jusqu'à la perte d’extrémités gangrenées.)
C'est l'Abbé Teissier qui en a découvert ce mal en 1777. Nous savons maintenant qu'il s'introduit dans notre organisme par le système digestif lorsque nous mangeons du pain de seigle infecté, par exemple. L'ergot de seigle est un champignon microscopique de la classe des ascomycètes et de la sous-classe des pyrénomycètes. Il se développe dans les grains lorsque ceux-ci mûrissent et leur donne une écorce violacée (le scérote) qui rappelle l'ergot du coq, d'où le nom donné à la maladie : l'ergotisme.
Pendant l'été de l'année 1692, dans le village de Salem (Massachusetts), huit jeunes filles, dont la nièce et la fille du pasteur, entrent en transe : elles tiennent des propos incohérents et présentent des « postures indécentes ». Différents médecins sont consultés, mais aucun ne décèle de symptômes connus et l'un d'eux finira par suggérer au pasteur qu'elles ont été ensorcelées ! Il y avait déjà là de quoi choquer la communauté puritaine de la ville, mais c'était sans compter sur la série d'accusations que les filles allaient porter : Tituba, l'esclave du pasteur, ainsi que deux vieilles veuves seront accusées sorcellerie et emprisonnées. S'en suivront deux femmes respectées de Salem et après quelques semaines, plus de 60 personnes auront subi le même sort. En septembre 1692, 20 hommes et femmes jugés par le tribunal local seront exécutés. Les autres devront attendre : les comparutions sont reconduites. Devant l'ampleur des événements, c'est la cour suprême qui, en janvier 1693, poursuivra le dossier et finira par acquitter tous les accusés. Au mois de mai, le gouverneur ordonne la remise en liberté de plus de 150 accusés et met ainsi un terme à la tragédie des sorcières de Salem.
Cet épisode a tellement frappé les esprits du nouveau monde que de nombreux historiens ont proposé différentes explications. Chaque validation ou réfutation en est revenue à répondre à la même question : comment huit filles de famille puritaine auraient-elles pu avoir simultanément des comportements aussi insensés ?
Linnda Caporael a pu mettre en évidence que, l’ergot ne se développant que lorsqu'il fait chaud, humide et pluvieux pendant le printemps ou l'été, ces conditions étaient précisément réunies pendant l'été qui a précédé l'affaire, le journal intime d'un habitant de Salem, où ont été décrites les conditions climatiques en 1692, en atteste.
La psychologue avait cependant besoin d'une confirmation avec des témoignages plus récents, et c'est en France, dans le village de Pont-St-Esprit, dans le Gard, que ses regards se sont portés. En effet, le village languedocien a été victime de la dernière attaque de l'ergot, en 1951. C'est notamment grâce aux descriptions similaires des comportements anormaux des chiens affectés à Pont-St-Esprit et à Salem qu'elle a pu renforcer sa théorie et conclure son enquête : les jeunes filles étaient malades et non ensorcelées.
Des études scientifiques ont été menées sur le champignon, depuis, et ont montré que l'ergot est un alcaloïde polycyclique, dérivé naturel de l'acide lysergique, qui atteint le système nerveux central et provoque les contractions musculaires et autres symptômes que certains ont appelés, autrefois, de l'ensorcellement. Remarque intéressante, la plupart d'entre nous ont déjà entendu parler de cet acide lysergique, qui parait être si démoniaque, mais sous un autre nom : le LSD !
La preuve scientifique définitive a été apportée par des analyses chimiques réalisées sur le corps d’un homme retrouvé dans un marais de tourbe danois, à Grauballe, où il avait été enterré depuis environ 2.000 ans.
Le malheureux, qui a été exécuté de façon très violente, avait été empoisonné par l’ergot de seigle, ce qui lui avait sans doute valu d’être considéré comme étant envoûté et exécuté en conséquence.
C’est sans doute l’ergot du seigle ou, si vous préférez, le LSD qui est responsable de la vague d’exécutions de sorcières (plus de 40.000) qui a eu lieu en Europe au XVI° siècle. La carte géographique des exécutions se superpose parfaitement avec celle des régions de culture du seigle et les conditions climatiques, de l'époque, étaient idéales pour le développement de l'ergot. Toutes ces malheureuses, que l’on a cru possédées par le démon, avaient été rendues malades par le champignon hallucinogène diabolique.
Il reste à expliquer pourquoi la quasi totalité des malades furent des femmes et pourquoi, parmi elles, une forte majorité était composée de Rousses !
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http://petitjournal.caloucaera.net/journal327.html