Legrand a écrit :
Puisqu'il y a un sujet sur l'Islam et le développement économique, pourquoi ne pas se poser des questions sur les relations entre christianisme et développement économique ?
Bonne idée de reprendre un autre versant de la polémique entre religion et développement économique, commencé ici :
http://passion-histoire.net/phpBB3_Fr/v ... php?t=9595J'ai plaidé contre, je vais maintenant plaider pour. Pour commencer, quelques rappels de bon aloi :
Bien que l'Eglise romaine n'ait pas pour fonction de créer le développement économique mais de l'encadrer en le moralisant, on trouve dans l'histoire de nombreux phénomènes où des institutions pieuses ont directement influencé l'économie.
Avant de parler de développement, il faut voir l'oeuvre de conservation, de protection, de maintien de l'ordre qu'a permis l'Eglise lors de la grande débâcle de la chute de l'empire romain et des invasions barbares.
La seule structure sociale viable restera l'Eglise et l'évêque local regroupera autour de lui la communauté des fidèles devant l'adversité. Je vois un facteur économique dans le fait d'empêcher la dislocation de ces communautés, et aussi dans le fait de défendre les monastères où seule survit la vie intellectuelle et la transmission des textes anciens en occident.
Le christianisme va apporter une nouveauté sociale considérable : des communautés d'hommes célibataires dont la force de travail, lorsqu'ils ne seront pas exclusivement tournés vers la prière, sera gratuite si ce n'est la dîme, au service de la communauté.
On verra ainsi certaines de ces communautés (je pense surtout au haut moyen âge) s'occuper de l'entretien des routes avoisinantes, facilitant ainsi la circulation des personnes et biens.
D'autres se feront une spécialité dans la construction de ponts. On doit ainsi le premier pont de pierre français de grande ampleur, le pont Saint-Benézet d'Avignon, à l'une d'elle, la "Confrérie des Hospitaliers-Pontifes" au XIIe siècle.
Certaines communautés monastiques auront aussi, comme chacun sait, un rôle essentiel dans le défrichage et surtout l'assèchement de marais pour en faire des zones habitables et cultivables. Plus de terres c'est assurer l'avenir, l'essor de la population. Dans certains cas, les terres mises en valeur sont attribuées à des colons selon le système de la
quevaise. Le développement économique est évident, équitable qui plus est.
Dans la construction d'églises, de cathédrales, de monastères ensuite, il y a bien une mobilisation économique, technique et artistique impressionnante qui permet à nombre de corporations de trouver des marchés et d'y montrer leurs talents. Les pèlerinages et processions qui en résultent créent des mouvements de foules favorables aux échanges et à la prospérité.
Les communautés monastiques accueillent également les personnes âgées pour leur fin de vie, libérant ainsi leurs familles d'une bouche à nourrir. Les hospices prennent également à leur charge les malades, la médicalisation de ces établissement étant une autre affaire. L'important ici étant de constater que la bouche à nourrir inutile est soustraite de la charge de la famille. Elles distribuent gratuitement des milliers de pains aux pauvres pour permettre leur survie, fabriquent et distribuent vin, bière, huile, laine et moutons mérinos en Angleterre, etc…